Jane Got a Gun est un projet qui traîne depuis plusieurs années. Désistement de réalisateur, changement successif de casting, personne ne semblait vraiment motivé pour mener le film à bien. C'est finalement Gavin O'Connor qui s'occupera de ce tournage chaotique, pour un résultat bancal et franchement déplaisant. Les problèmes du long-métrage sont multiples, mais c'est la faiblesse du script original qui se fait sentir en premier. Le personnage principal en souffre d'ailleurs beaucoup : les scénaristes ne savent manifestement pas quoi faire de Jane. Elle est présentée comme une femme d'action, possédant sa propre tenue de cowboy et son propre revolver, mais elle se révèle bien vite aussi habile avec son arme qu'une poule avec une fourchette. De plus, elle se fera plusieurs fois malmener sans résistance, comme la plus fragile des femmes au foyer. Difficile donc de la prendre au sérieux. Le récit n'est guère plus réussi. Il comporte quelques grosses incohérences (par exemple la crête d'où il est soi disant impossible de descendre alors qu'un personnage s'y trouve dans un flashback) mais elles sont noyées dans un flot de clichés et de lieux communs. Les scènes d'action, de développement de personnage, de tension, absolument tout a été vu ailleurs, en mieux. Il n'y a rien dans ce film qui n'ait pas été fait auparavant. Et puis cette révélation à la fin, on a plus le droit de faire cela au cinéma, c'est lamentable. En outre, l'ensemble est super lisse, la violence comme les références au sexe sont très atténuées. Certains passages en deviennent complètement ridicules, notamment un flashback dans la maison close la plus prude du monde. Et malheureusement, ce n'est pas la mise en scène qui tirera le long-métrage vers le haut. Le réalisateur ne semble connaître que deux échelles de plans, les gros plans en intérieur et les plans un peu plus larges en extérieur, qui laissent le spectateur respirer et profiter de paysages pas trop laids. Enfin profiter, c'est un grand mot, puisque le point n'est jamais correct. Le réalisateur a cru bon de mettre systématiquement quelque chose de flou et moche en amorce sur chaque image. Parfois même ces masses informes envahissent les trois quarts des photogrammes, empêchant l'action d'être lisible. Quant aux arrières plans, ils s’effacent dans un obscur brouillard de couleurs. À aucun moment les responsables donnent l'impression d'avoir essayé de faire quelque chose de correct. Les deux plus grands ratages méritent quand même d'être mentionnés. Les flashbacks, qui arrivent un peu n'importe quand à travers un fondu enchaîné peu inspiré, et la séquence de nuit, qui contient la nuit américaine la plus dégueulasse que j'ai vu au cinéma (voilà, il fallait que ça sorte). Jane Got a Gun est donc une œuvre d'une platitude extrême, sans climax ni tension. Le film échoue à créer de l'empathie envers ses personnages, qui sont de toute façon creux et mal interprétés (franchement, faire mal jouer Natalie Portman à ce point, faut le faire). Une véritable calamité.