Aujourd’hui, 15 mai, jour de sorti du film, cela fait exactement un an que François Hollande est entré à l’Elysée, un an que son prédécesseur a (enfin) été sorti de ce haut lieu. J’ai aujourd’hui l’occasion de parler de ce sujet grâce au film de Patrick Rotman intitulé Le Pouvoir et qui suit les huit premiers mois de présidence de François Hollande.
Ce documentaire a pour ambition de faire découvrir les arcanes, les coulisses du pouvoir suprême du président de la république, et se déroule pour la plus part du temps au palais de l’Elysée. Mais pour qui connait bien le président, depuis la campagne ou depuis plus longtemps, trouvera dans ce film le même homme. Il n’y a de ce côté-là pas de surprise, c'est-à-dire quelqu’un de très sympathique, drôle, habile et calme. Bien trop calme pour certain. De plus, pour ceux qui connaissent un peu les institutions politiques de notre pays, ceux là ne seront pas surpris non plus.
Alors, quel est l’intérêt de ce film ? C’est que contrairement à moi, beaucoup de personnes ne connaissent ni François Hollande et encore moins les institutions politiques de ce pays. Tout n’est pas censé ce passer à l’Elysée selon notre constitution et ce film le montre. Une scène saisissante est celle d’un dialogue entre le président Hollande et son ministre de l’économie Moscovici pour savoir si le groupe socialiste à lui tout seul allait composer une majorité pour ratifier le fameux TSCG. Une autre scène ou on observe le président et son premier ministre Ayrault parler d’une des réunions de la majorité, on constate très bien que Hollande n’a que peu de relation avec les parlementaires. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose de recevoir des parlementaires de la majorité mais pour le président, cela ne doit pas être une habitude, il n’est pas là pour diriger la majorité mais la France, il doit être un arbitre impartial et ne pas se mêler de trop près de la tambouille. Il doit avoir de la hauteur, et ce film le montre bien. C’est un choix délibéré du président que j’approuve, car il correspond à ma vision de la constitution et visiblement à la sienne.
Ce film permet également une belle incursion au palais de l’Elysée, avec notamment le bureau du président, la salle des fêtes et surtout la salle de conseil des ministres. Une des scènes les plus poétiques est le bal des voitures des ministres lors de leur arrivé au conseil. Pour qui ne connait pas l’Elysée, ce film est inestimable. Pour qui a déjà eu l’occasion de se rendre au palais, ce film a également de l’intérêt car on ne peut pas forcément tout voir, tout connaitre en une seule visite. Mais on remarque quand même que les situations dépeintes sont authentiques. Comme par exemple les conseils des ministres dont on perçoit de nombreuses communications, notamment celui avec la loi bancaire à l’ordre du jour.
Sinon d’un point de vue cinématographique, ce film se construit autour du président en voix off et des nombreux personnages qui travaillent à l’Elysée. On remarque surtout le secrétaire général. Mais on peut également croiser la directrice de cabinet, directrice de la communication, et sur une note plus personnelle j’ai été content de reconnaitre Thomas Melonio que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer, il s’agit d’un des conseillers diplomatiques du président.
La morale du film, et elle est dite très clairement, c’est que pour réussir, cette présidence doit aller vers les français et ne pas être cloisonnée dans le palais de l’Elysée ou le temps semble s’arrêter (et je confirme que c’est véridique, on est carrément dans une bulle dans cet endroit, c’est comme si le tumulte du monde extérieur n’existait pas). C’est ainsi que l’une des scènes les plus marquantes se déroule lors de la signature d’un emploi d’avenir avec un jeune qui semble être une des rares personnes à avoir compris le dispositif. C’est alors qu’on peut observer le président se réjouir vraiment que ses mesures soient concrètes.
On assiste également à un conseil de défense qui est un des moments les plus graves du film, et c’est là qu’on peut observer le plus clairement le processus de décision. Le reste du temps, la porte a tendance à se refermer devant nous.
Ce film regorge d’anecdotes. Pour certains il est cruel envers le président, pour moi, il relate simplement la vérité sur cet homme. Mais le défaut majeur de ce film, c’est qu’il arrive bien trop tôt, qui peut affirmer que ce pouvoir sera toujours exercé de la même manière dans les prochains jours, mois et années ?