Pour être honnête, j’avais volontairement boudé cette nouvelle version de "Les sept mercenaires", déjà dérivé à la base de "Les sept samouraïs". Sans connaître le film originel battant fièrement pavillon japonais, j’avais été conquis déjà dès ma plus tendre enfance par le film américain de 1960, porté par des acteurs au charisme formidable dotés en plus de sacrées gueules et par un scénario qui a su tenir en haleine plusieurs générations de spectateurs. Alors je me suis posé des questions sur la raison de se risquer à un monument du cinéma américain, à ce monument du western. C’est vrai quoi ! A quoi bon faire un remake d’un film parfait ou quasi parfait ? A ce moment-là, autant faire un remake de la fameuse trilogie du dollar, ou encore de "Il était une fois dans l’Ouest" ! J’aime autant ne pas y penser. Parce que cette version-là n’arrive pas à la cheville de son aînée. Ce cher Antoine aurait dû ravaler sa dragée. Oh je ne remets pas en cause son talent car il nous a servi quelques bons films au succès bien mérité, comme "La rage au ventre". Mais là… Je ne sais pas, mais j’ai l’impression qu’il n’a pas réussi à s’approprier l’œuvre. Certes il a changé pas mal de choses, amené des moyens supplémentaires pour surenchérir sur le côté spectaculaire avec un nombre incroyable de macchabées. Mais ce qui prédomine pour moi, c’est qu’il ressort un goût d’inachevé parce que trop superficiel : les choses n’ont pas été suffisamment creusées. Un comble pour un film qui dure cinq minutes de plus que celui de 1960 ! En effet, j’ai trouvé l’enrôlement des mercenaires un peu trop facile ; et puis il y a aussi le fait que cet homme de loi accepte cette mission… Franchement, nous ne trouvez pas que ça va à l’encontre de son éthique ? Bon ok, le passé l’a quelque peu rattrapé au cours des hasardeuses coïncidences que seule la vie nous réserve. Si Denzel Washington est parfait une fois de plus dans son interprétation (il a même franchement fière allure dans cet accoutrement !), il y a quelque chose qui ne colle pas. Et ce quelque chose ne se limite pas qu’à lui : c’est à croire que dans ce petit village où les habitants ont du mal à joindre les deux bouts, ce sont des assidus du dentifrice et de la brosse à dents. Non pas parce que on les voit manier ces éléments de toilette, ce qui n’est d’ailleurs jamais mis à l’écran, mais parce que les dentitions sont non seulement parfaites mais en plus elles sont d’une blancheur absolue ! Donc déjà, là, on perd une très grosse part de crédibilité. En même temps, la crédibilité était-elle un des buts recherchés ? Ma foi j’ai envie de dire que non : certes je reviens sur l’enrôlement facile des mercenaires, mais en plus voir un noir mener sa troupe intégrée en prime par (entre autres) un indien… là j’ai très vite fini d’y croire. Bon attention, cela n’engage que moi bien entendu. Toujours est-il que voir un indien rejoindre la troupe alors que les hommes blancs ont massacré son peuple… hum ! Ok ok, c’est pour la bonne cause, mais qu’est-ce qu’il a à y gagner, lui qui vivait tranquillement de sa chasse sans rien demander à personne ? Après, ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres alors est-ce que ça vaut la peine de s'y attarder ? Car bizarrement, je n’ai pas vu le temps passer. Je dois reconnaître que j’ai été sacrément surpris que ce film est un chouia plus long que celui de 1960. Bon j’admets qu’il y a de bonnes choses quand même. A commencer par le fait qu’un peu d’humour a été habilement apporté, et cela par l’intermédiaire d’Ethan Hawke quand il essaie de former la population. J’avoue avoir irrésistiblement ri. Cependant le meilleur moment pour moi reste la confrontation entre nos valeureux sept cow-boys (pardon, mercenaires, vu qu’il y a un indien parmi eux) et le shérif et ses adjoints. Un joli moment de tension formidablement aménagé. Pour les bonnes choses, c’est à peu près tout. Ah non, il faut aussi rajouter les décors et les costumes, lesquels nous plongent assez aisément dans un autre temps si ce n’était pas ces dentitions trop blanches. J’ai beaucoup aimé aussi le duo Hawke/Byung-Hun. Je rajouterai aussi une petite mention à l’égard de Haley Bennett, plutôt convaincante malgré quelques moments de moins bien. Pour en revenir aux mauvaises choses… oui j’y reviens parce que je me sens quand même un peu obligé d’en parler. Désolé si cet avis vous parait décousu. Assurément il l’est, mais j’écris en fonction de ce qui me revient en tête. Oui donc il y a des moments un peu forts de café, comme le fait qu’un de nos courageux mercenaires soit criblé de balles avant qu’il ne porte l’estocade finale au moyen de… la cigarette du condamné. C’est vrai que c’est un bon moyen de, au même titre que l’ennemi, surprendre le spectateur. Ça encore, ça passe encore. Mais le méchant dans tout ça ? D’entrée les traits sont bien trop appuyés. Si appuyés que ça fait forcé, en tout cas pas naturel. Du coup, il en ressort avec tous les clichés possibles imaginables, parvenant même au ridicule dans le bouquet final constitué par les moues exprimées lors de l’assaut du village. Le monsieur est méchant, très méchant mais surtout il ne prend pas part à la bataille… ah le couard ! Pour finir, je me demande aussi ce que vient faire D’Onofrio là-dedans avec ce personnage tel qu’il a été peint (et je ne parle même pas de sa voix française). En conclusion, vous l’aurez compris, je n’ai pas été convaincu. Pour moi, c’est un immense raté et ce projet datant quand même de 2010 aurait dû selon moi rester à l’état de projet. Antoine Fuqua a beau claironner qu’il n’a pas fait de remake mais s’est plutôt inspiré de ses deux films cultes... mouais, bizarrement ça y ressemble, quand même… bien qu’il y ait effectivement pas mal de choses qui changent, mais bon ! Le résultat n’est pas à la hauteur escomptée, ce qui me fait dire que sur certains sites, il est clairement surnoté.