Une passation réussie
Le dernier film de Antoine Fuqua (« Training Day », « Les Larmes du Soleil » et dernièrement « Equalizer ») n’est pas exclusivement une œuvre piquée à la testostérone, et c’est tant mieux ! Pour autant, nous ne voyons pas les 2h13 passer tellement l’enjeu se fait (res)sentir. Alors même si les initiés connaissent le film original (Mais si ! Avec Yul Brynner, Steve McQueen et Charles Bronson pour n’en citer qu’une poignée….lui même adapté du chef-d’œuvre « les Sept Samouraïs » de Kurosawa), la nouvelle mouture reprend les codes du genre pour nous livrer une fresque crépusculaire d’une très bonne cuvée ! Ca flingue, ça boit, ca crée des liens et ça défend le plus faible...Alors, nous, on apprécie forcément !
Les Sept « nouveaux » mercenaires
D’aucuns diront que la scène d’exposition des personnages est un peu longue et qu’on aimerait un peu d’action ! Rassurez-vous , cela viendra très vite, çà et là, pour terminer par un feu d’artifice particulièrement réussi. Mais qui sont justement ces mercenaires et comment sont-ils arrivés là ? Commandités par Emma Cullen (la très jolie, talentueuse et indépendante Haley Bennett incarne la seule femme rejoignant un casting exclusivement masculin), elle ira demander de l’aide à celui qui va fédérer tout le groupe : Sam Chisolm, implacable chasseur de primes, incarné à l’écran par le très convaincant Denzel Washington. Même si le choix était judicieux tant l’acteur se montre efficace, il est étonnant de voir à l’écran un cowboy noir tant ils étaient rares à l’époque ! Nous aurions aimé que le réalisateur développe davantage cette « particularité » car cela aurait pu donner quelques scènes extrêmement cocasses. Sur son chemin, il croisera assez vite un joueur de carte roublard et très compétent : Josh Farraday. On a immédiatement l’impression que Chris Pratt prend beaucoup de plaisir à incarner ce vaurien que n’aurait pas renié Harrison « Solo » Ford. Sourire éclatant, fausse nonchalance et vrai talent aux cartes et à la gâchette, Farraday sera le premier à rejoindre l’équipe. Même si sa motivation première reste discutable (il veut simplement récupérer son cheval perdu lors d’une partie..), il incarne le cowboy sur qui on peut compter. Il en va de même pour un duo asymétrique constitué d’un ancien soldat confédéré et traumatisé par la guerre : d’une part, Ethan Hawke qui tient très justement son rôle de Goodnight Robicheaux… (Un nom pareil ne s’invente pas ! Il n’est d’ailleurs pas du genre à faire un câlin avant de souhaiter la bonne nuit) et de l’autre, son ombre fidèle et discrète, Billy Rocks (Lee Byung-Hun).
Afin d’enrichir la galerie multiculturelle des personnages, saluons le desperado Manuel Vasquez (discret mais efficace Manuel Garcia-Rulfo) et Red Harvest (Martin Sensmeier), le guerrier comanche. L’équipe d’aventuriers ne serait pas complète sans l’aide d’un pisteur au grand cœur, Jack Horne, joué à l’écran par le très imposant Vincent D'Onofrio qui incarne la force tranquille. Saluons la capacité du comédien à insuffler beaucoup de sensibilité à son personnage afin de nous toucher durablement. Chapeau bas !
Une épopée efficace
Que serait un western de qualité sans un bon méchant ? Une gentille promenade au soleil tout au plus ! Ici, le rôle est tenu d’une main de maître par un impitoyable Peter Sarsgaard. Son rôle de Bartholomew Bogue sert véritablement le film tant son cœur est sombre. Son dessein étant de racheter la ville (à coup d’expropriations et de balles) afin d'exploiter la mine qui se trouve dans la zone.
Vous l’aurez compris, le dénouement se fera dans la violence et les effusions de sang pour culminer dans une très longue scène que n’aurait pas renié Tarantino. Jouissif !
Pour que l’équipe soit complète, signalons au passage l’œuvre musicale de James Horner composée avant son décès. (« Titanic » et « Apollo 13 », c’était lui !)
En définitive, « les Sept mercenaires » ne révolutionnera pas le genre mais laissera une empreinte respectueuse dans le paysage cinématographique et retranscrit une épopée efficace à défaut d’être originale de la conquête de l’Ouest.