Un script où on entend : « Tu vois, il reste encore de vagues lueurs de civilisation dans cet abattoir barbare connu autrefois sous le nom d’humanité ».
Le souci pathologique du détail de Wes Anderson, la folie symétrique de l’arrière-plan, où même après 118 visionnages, on en redécouvre encore et toujours, ces couleurs folles et pétaradantes, le rose bonbon et le bleu bébé ciel, c’est un poème et un cartoon à la fois. La beauté formelle atypique du génie cinéaste.
Car oui, ça foisonne, ça ruisselle, ça explose, invente et crée toutes les 2 minutes 30 grand max. Le reste du temps, l’humour est bravache, l’intelligence au scalpel, la générosité débordante, le casting au talent interminable et quasi jamais vu depuis des siècles… Quand un personnage dit « Ca dépend », réponse de Monsieur Gustave : « Mais tu peux dire ça pour à peu près tout !! »
Le sens du décalage burlesque est omniprésent, jouant sur l’inexpressivité de certains personnages, se trouvant pourtant dans des situations complétement dingues. Le tout avec une mise en scène effrénée de folie, qui ne nous laisse aucun répit. Mais c’est aussi un chef d’œuvre de romantisme, de poésie, d’humanité, c’est une juxtaposition de tous les arts.
C’est un film sur la grâce merveilleuse, le poids des passés dans les histoires portées par les anonymes fabuleux, et finalement, comme d’habitude, l’essentiel, l’inaccessible étoile, tout en haut du Grand Budapest Hôtel, sur le toit du monde : l’amour…