Wes Anderson n’est pas le premier venu puisque sa carrière à débuté depuis presque 20 ans ("Bottle Rocket", "Rushmore", "La Famille Tenenbaum", "La Vie Aquatique", "A Bord du Darjeeling Limited", "Fantastic Mr. Fox", "Moonrise Kingdom") et pourtant, je n’ai jamais vu l’un de ses films (oui, je sais : pour un cinéphile, c’est honteux…). Alors j’ai profité de la sortie de son dernier bébé, "The Grand Budapest Hotel", pour enfin me lancer dans l’aventure. Et bien, quelle première expérience, quelle putain de claque dans la gueule je viens de prendre !! En partant d’une histoire toute con (l’auteur d’un best seller nous explique comment il a rencontré le personnage principal de son livre et comment ce dernier lui a raconté sa jeunesse dans un hôtel), Anderson nous livre une incroyable pellicule : 01) Tout d’abord, Anderson est un véritable virtuose de la mise en scène, il sait se servir de sa caméra et utilise une multitude de techniques : il use et abuse de travelling verticaux ou horizontaux, il a recours à des zooms optiques dynamiques, il enchaîne des panoramiques très rapides de droite à gauche et de gauche à droite, il arrive à nous proposer des ellipses surprenantes entre deux plans représentées par des changements d'angle vraiment peu communs, pour souligner le changement de ligne temporelle il passe d’un format à un autre (cinémascope pour le présent et 4:3 pour le passé). Rien à redire : un vrai travail d’orfèvre ! 02) Il n’y a pas que la réalisation qui est extraordinaire, la direction artistique l’est tout autant : le film beigne entre de superbes tonalités naturelles et des teintes acidulées hallucinantes qui nous donnent l’impression de voir un tableau d’Andy Warhol vivant ! Les décors bénéficient eux aussi d’un tour de force car on passe de somptueux décors naturels à des fabrications artificielles (maquettes, murs peints, couloirs et chambres reconstruits…) certes kitchs, mais toutes aussi somptueuses : j’en ai vu des films dans ma vie, mais jamais je n’ai vu quelque chose de si « faux » qui paraisse si réel !! Cela nous donne véritablement l’impression d’assister à un conte vivant ! 03) Tout le film est un véritable hommage au comique burlesque que se soit dans les situations improbables ou les dialogues fous (le chat de l’avocat, le plan d'évasion farfelu qui fait passer « Prison Break » pour un dessin animé pour enfant, la scène totalement jouissive de la poursuite en ski / luge, la fusillade dans l’hôtel, Monsieur Gustave qui récite un poème lors de la pause déjeuner de ses employés, les évadés qui restent tranquillement sur place à bavarder alors que l'alarme de la prison retentit…). Tout est parfaitement orchestré pour faire travailler à mort nos zygomatiques ! 04) Autre point remarquable du film, le casting : qu’il s’agisse des rôles principaux ou des nombreux rôles secondaires, Anderson a choisi un panel d’acteurs fantastiques, même si parfois ce n’est pour que quelques courtes secondes d’apparition à l’écran. Soulignons tout de même la performance de Ralph Fiennes absolument délicieux dans le rôle de Monsieur Gustave ainsi que celle de Willem Dafoe parfait en homme de main terrifiant et sans pitié. Ajoutons que cela fait plaisir de revoir (même si c’est court) de bons acteurs tel que Adrien Brody, Jude Law, Jeff Goldblum, Tilda Swinton Harvey Keitel, Edward Norton et même notre Mathieu Almaric national.
Véritable cartoon live au visuel époustouflant, "The Grand Budapest Hotel" est le genre du film qui fait du bien car il vous amuse autant qu’il vous fait réfléchir (ne passez pas à côté de la réflexion sur la seconde guerre mondiale, sur la famille et les conséquences d’un héritage), une vraie bouffée d’air pur comme nous n’en avons malheureusement plus trop l’habitude au milieu de toutes ses daubes sans saveur pré-formatése pour plaire au plus grand nombre et faire du pognon. Alors arrêtez d’aller voir ses pathétiques pellicules et faites-vous plaisir devant "The Grand Budapest Hotel", LA bonne surprise de ce début d’année 2014.