Je suis à vrai dire très étonné de la critique médiocre qu’a reçu ce film, tant sur Allocine que sur l’IMDB, car c’est vraiment un excellent film de monstre, et je peux vous dire que j’en ai vu de toutes les couleurs dans le domaine.
D’abord les acteurs sont bien convaincants, et s’amusent visiblement à jouer dans ce film, parvenant à trouver un équilibre très solide entre l’humour et le sérieux. Contrairement à beaucoup de films japonais le surjeu est ici minime, avec quelques excès de cabotinage de Barbie Hsu (mais bon en même temps qui ne cabotinerait pas de trop en apprenant qu’il vient de perdre 100000 euros en dix secondes !). Tao Guo et son fils jouent très bien et forme un duo des plus appréciable, bien que le doublage du fils ne soit pas toujours parfait. Barbie Hsu est une actrice des plus charmantes, et elle s’avère souvent attachante composant avec les deux sus-nommés un trio improbable. Les seconds rôles sont eux aussi bien amusants, proposant des « types chinois » sur lequel le métrage joue beaucoup et avec intelligence.
Le scénario est original, prenant le biais de la comédie pour avancer, ce qui est d’une très grande rareté en matière de films de monstre, il faut le souligner. Le film ne manque pas d’idée, il ne fait pas forcément rire aux éclats mais il y a une bonne humeur générale, un second degré toujours perceptible, tandis que quelques moments sérieux et d’émotions jalonnent régulièrement le film qui gagne une belle profondeur. L’histoire d’amitié avec le crocodile n’est pas sirupeuse bien qu’un peu « happy » pour être vraie, et on s’amuse à suivre les tribulations des héros jusqu’à la conclusion. Malgré le peu de mort Croczilla n’est absolument pas ennuyeux, et sa durée courte le sert positivement.
Visuellement le résultat est parfait. Le réalisateur offre une mise en scène impressionnante qui utilise à merveille tant le crocodile (attaques spectaculaires) que les décors. C’est ultra rythmé, visuellement d’une fluidité à toute épreuve, et je ne suis pas loin de croire qu’avec Primeval voilà le film de croco le mieux tourné. En sus de cela le film ne se cache pas dans le noir. La photographie est superbe, très colorée voir parfois saturée, et le jeu des couleurs est audacieux et réfléchi (le pull rouge de l’héroïne). Les décors sont eux aussi magnifiques, avec une atmosphère asiatique du meilleur effet et des paysages souvent très beaux, qui avec les couleurs donnent de temps en temps une impression de dessin animé idyllique. Les effets spéciaux ne sont pas en reste, avec un crocodile qui certes n’est pas parfait, mais cela du fait d’un budget limité, mais qui en jette. Il ne change pas de dimension constamment, il en impose lors de ses apparitions, ne se contentant pas d’ailleurs de faire de furtive intervention mais se dévoilant largement, et il a une réelle personnalité. D’ailleurs ce n’est pas le croco mais Amao qu’il s’appelle ! Un petit bémol sur un chevreau qui apparait dans le film. Dévoré par la bête, le héros retire de l’eau une superbe tête en caoutchouc censé être ce qui reste de l’animal. Heureusement comme le film ne se prend pas au sérieux ca passe assez bien. Enfin la bande son est dynamique, bien utilisée et franchement sympathique.
En clair Croczilla est un excellent film de monstre. Alors certes il n’est pas poisseux ou sérieux comme ses concurrents, ce qui ne le conseille peut-être pas aux amateurs purs et durs du genre, mais il est vraiment très bien fait. Tout est là, et il n’y a que quelques aspérités de temps à autres qui viennent abaisser un peu sa note et honnêtement je n’arrive pas à comprendre qu’il ne soit pas plus reconnu, car il s’avance en plus sur un terrain très audacieux, apportant une réelle originalité à un genre assez moribond de ce point de vue. Si l’on ne félicite pas une équipe courageuse ayant fait un excellent travail avec des moyens limités sur un projet singulier, alors où va-t-on, je me le demande.