Très novice en matière de western, je n’avais jamais entendu parler de « Colorado ». A la base, il ne figurait même pas sur la liste que je me suis faite de films à voir dans le cadre de mon cycle consacré aux westerns. Cependant, il s’avère que je suis tombé sur une excellente édition blu-ray de ce long métrage à un prix pas très cher et c’est donc ainsi que je me suis mis à le visionner.
Premier constat, je ne regrette vraiment pas mon achat. J’aurais eu tort de m’en passer tant j’ai adoré ce scénario écrit par Sergio Sollima et Sergio Donati. Dès les premières minutes, je suis rentré dans le film avec une scène d’ouverture qui annonce la couleur. On est dans le bon gros western efficace, gueules, punchlines et colts compris. Au bout de cinq minutes, j’étais déjà à fond dedans, au bout d’un quart d’heure, le personnage de Corbett m’a conquis.
Après, le jeu du chat et de la souris entre Corbett et Cuchillo à ses limites. Occupant bien les deux tiers du film, par moment j’ai trouvé la ficelle un peu trop grosse. On a parfois du mal à croire qu’un personnage comme Corbett puisse aussi facilement se faire berner mais ça fonctionne grâce à un subtil mélange d’action et d’humour bien dosé. Les codes du western sont respectés et l’on a des scènes très légères qui détendent bien au milieu d’autres passages beaucoup plus dur.
Le dernier tiers apparaît un peu plus gros mais il nous offre une issue finale loin d’être déplaisante surtout que finalement, même sans cautionner tous les actes de notre bandit, on se surprends à avoir de la sympathie à son égard, son côté cabotin aidant sans doute grandement. Je n’ai vu que la version director’s cut (la version cinéma semble beaucoup plus courte, je me demande quels sont les passages qui ont sautés) mais j’en ai eu clairement pour mon argent.
Face caméra, Lee Van Cleef (Jonathan « Colorado » Corbett) s’impose. Il nous offre un grand héros de western avec toutes les caricatures qui vont avec sans pour autant se voir décrédibiliser. Très charismatique, l’acteur a une classe immense et remplit l’écran de sa présence. Si j’ai trouvé ce film aussi jouissif, c’est en grande partie grâce à sa prestation. D’ailleurs, lorsqu’il n’est pas à l’écran, sa présence et son regard manque cruellement à mon sens.
Il trouve en tout cas une complémentarité assez sympathique avec Tomás Milián (Manuel “Cuchillo� Sanchez). L’acteur cabotine mais c’est aussi ce qui fait l’efficacité de son personnage puis sans forcément cautionner ses actes, j’ai trouvé intéressant l’état d’esprit qu’il possède. Il y a une forme de jeu dans sa façon de vivre qui apporte pas mal de fraîcheur au récit et change un peu du simple bandit sanguinaire assoiffés de sang, de pouvoir et d’argent. Après, la façon de montrer la lutte des classes et/ou l’éternel face à face américains – mexicains reste assez classique.
Pour le reste, il n’y a rien de bien original à l’image de Walter Barnes (Brokston) dont on comprends les intentions dès sa première apparition à l’écran. Il est bien secondé par le caricatural Gérard Herter (Baron von Schulenberg). Pour ce dernier, je dois avouer qu’il m’a bien fait sourire avec son monocle. D’un point de vue scénaristique (du moins dans la version director’s cut), je comprends qu’on ne le vois pas davantage mais j’aurais trouvé ça amusant de le voir plus surtout face au personnage de Corbett.
Premier long métrage que je vois de Sergio Sollima (et premier volet d’une trilogie apparemment avant « Le dernier face à face » et « Saludos Hombre », toujours avec Tomás Milián) et première réussite à mes yeux. Au-delà des codes du genre qui sont respectés, la mise en scène nous offre de superbes plans où l’on voit bien mis en avant les différents décors. On sent l’inspiration d’un Sergio Leone, c’est beau, c’est coloré et cela invite à l’aventure.
Visuellement, j’ai retrouvé tout ce que je recherche dans ce genre de spectacle. J’ai même droit à une très belle bande originale d’Ennio Morricone qui n’est pas sa meilleure partition mais qui sonne quand même très agréablement à nos oreilles. Très dynamique avec un montage réussi, je serais vraiment curieux maintenant de savoir ce qui a été amputé dans la version cinéma car, même si parfois elles possèdent quelques longueurs, toutes les scènes que j’ai pu voir ont leurs importances à mes yeux dans ce récit.
Pour résumer, ce « Colorado » s’avère être une excellente surprise pour moi. J’en attendais pas grand-chose et au final, j’ai été pris par ce spectacle très efficace que je reverrais avec grand plaisir. Il y a bien un ou deux trucs qui ne fonctionne pas sur moi mais dans l’ensemble, j’ai quand même pris mon pied. Avec une très belle réalisation et porté par un Lee Van Cleef très en forme, ce long métrage ne fait que me confirmer que j’ai bien fait de me lancer dans un cycle western car il me reste encore plein de jolies aventures à découvrir.
Mr Vladdy – 18 décembre 2018.