Claude Lelouch, c'est un peu le réalisateur qu'on ne songerait jamais à regarder de nous-mêmes mais lorsqu'il en passe un à la télé, on se dit : pourquoi pas... « Salaud, on t'aime » n'échappe pas à la règle et, en effet, difficile d'écrire autre chose que « ouais, bon... Pas si mal, pas si bien ». Il y a une petite musique typiquement « lelouchienne » pas désagréable, mais aussi un côté légèrement prétentieux, le réalisateur semblant une nouvelle fois persuadé de son grand talent alors que celui-ci est tout juste convenable. La vraie bonne surprise vient clairement de Johnny Hallyday, ayant rarement fait preuve d'un très grand talent d'acteur et tenant son rôle avec beaucoup d'assurance et de présence, exploitant avec intelligence cette gueule et ce corps si particulier, éclipsant sans grandes difficultés un Eddy Mitchell faisant le boulot, sans plus, pour ce qui est, à ma connaissance, leur unique collaboration au cinéma. Le spectateur masculin sera également ravi d'occuper ses yeux, en plus du superbe cadre alpin, par la présence du très séduisant quatuor Irène Jacob - Pauline Lefèvre - Sarah Kazemy - Jenna Thiam, l'interprétation étant d'ailleurs plutôt de bonne tenue. Cela ne compense pas vraiment les manques du scénario, parfois poussif dans son développement et banal dans son propos, certains choix s'avérant bien discutables
(ce mensonge autour de la maladie du héros, beaucoup de place prise pour pas grand-chose)
, à l'image de dialogues manquant de naturel, certains en devenant assez comiques : mention aux
« Vous avez dû faire sourire beaucoup de femmes. J'en ai surtout fait pleurer beaucoup » et « Toutes les femmes sont belles quand elles sourient »
: Johnny, le Chuck Norris du romantisme. On retrouve un peu d'allant et d'intensité dans la dernière partie où, malgré quelques moments presque sortis de nulle part (quid de la présence d'Antoine Duléry?), un minimum de suspense s'installe et permet de tirer au clair
ce « suicide » pour le moins inattendu (j'avoue que ce rebondissement, je ne l'avais pas du tout vu venir, par contre!!), même s'il n'y a pas besoin d'aller chercher bien loin pour trouver le(s) coupable(s) (Lelouch n'aime pas les chasseurs : ça, j'aurais du mal à le lui reprocher)
. Bref, voilà un film qui se donne certains grands airs pour pas grand-chose, souvent maladroit et symbolisant bien les limites de son réalisateur, mais dégageant un léger capital sympathie, principalement par la présence d'un Johnny intense, de somptueux décors naturels et d'un récit un peu moins prévisible qu'on aurait pu le craindre : si vous êtes d'humeur indulgente...