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    Carol
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    4,0
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    393 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 14 janvier 2016
    On se retrouve sans surprise face à un film académique : c'est propre, c'est soigné, mais ça ne raconte pas grand chose. Malgré une direction d'acteurs de qualité, misant sur deux actrices de talent jouant des personnages travaillés, l’œuvre passe à côté de l'essentiel. Parce que si cette histoire d'amour entre deux femmes s'appuie sur une simplicité et une beauté certaines, la narration ne décolle jamais. Et bien qu'elle n'ennuie jamais le spectateur, elle a tendance à donner un aspect vide au film. Il est construit selon une structure des plus classiques, malgré une introduction en plan-séquence musical, l'ensemble ne surprend pas et la fin est facile. Il n'y a aucun enjeu et tout repose sur deux personnages fascinants, ce qui n'est donc pas suffisant pour que l'on accroche totalement à l'histoire.
    L'ensemble est servi par une photographie plutôt propre et colorée, certains plans sont réellement beaux. La musique, très (trop ?) inspirée de Philip Glass, est logiquement bonne. Carter Burwell arrive tout de même à donner une identité à sa musique et l'ambiance sonore est réussie.
    La mise en scène est en revanche trop hétérogène, un coup on se retrouve face à de beaux plans bien composés et colorés, un coup on a l'impression de regarder un téléfilm, l'image est terne et aucune ambition ne s'en dégage. Mais on ne va pas se mentir, comme dit précédemment, l'ensemble est franchement beau à voir.
    Carol laisse donc un goût légèrement amer, l'impression d'avoir vu un bon film, beau, mais dont l'objectif semble être l'obtention de récompenses, ce qui se traduit par une retenue et une lisseur évidentes, là où l'on aurait pu avoir, avec cette équipe technique, ce casting, un excellent film, sans concession.
    poet75
    poet75

    270 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 janvier 2016
    Le genre mélodramatique sied à merveille à Todd Haynes ; il l'a prouvé, en 2002, avec la réalisation de « Loin du Paradis », grand film dans lequel le personnage joué par Julianne Moore découvrait, dans l'Amérique des années 50, l'homosexualité de son mari et tombait amoureuse de son jardinier noir. En 2011, sortait sur les petits écrans de la télévision une mini-série intitulée « Mildred Pierce », elle aussi superbement mise en scène et se déroulant dans le contexte de l'Amérique de la Grande Dépression. Aujourd'hui, avec « Carol », adaptation d'un roman de Patricia Highsmith, Todd Haynes déploie à nouveau son savoir-faire en situant son récit au début des années 50, fin 52 et début 53 exactement. Et, comme dans « Loin du Paradis », il s'intéresse à une histoire de transgression ou de ce qui paraissait tel dans l'Amérique puritaine de ces années-là.
    Tout commence par la rencontre de deux femmes dans un magasin où l'on se presse pour la course aux cadeaux de Noël. Des regards échangés, quelques mots, puis une paire de gants oubliée et rien ne sera plus comme avant ni pour Carol (Cate Blanchett), femme bourgeoise qui fait ses achats, ni surtout pour Therese (Rooney Mara), vendeuse gracile et très séduisante malgré le ridicule bonnet rouge qu'on l'oblige à porter. Entre les deux femmes se déploie petit à petit l'éventail d'un rapprochement, d'une amitié, d'un amour et d'une passion qui atteindra son acmé à l'occasion d'une échappée en voiture.
    Cependant, ni pour l'une ni pour l'autre des deux femmes, vivre une telle passion n'est quelque chose de simple. Therese est liée à un petit ami qui souhaite fort l'épouser, mais qui ne tarde pas à se poser des questions. Mais c'est Carol qui affronte le plus difficile : elle est mariée, en instance de divorce, et mère d'une très jeune enfant dont son son mari menace de lui retirer la garde. La tension est grande, palpable et ô combien dure à supporter.
    Sans jamais être démonstratif, par sa mise en scène soignée, Todd Haynes réussit parfaitement à faire percevoir au spectateur ce que la passion vécue par les deux femmes comporte à la fois de douceur et de complicité, mais aussi de douleur et de désespoir. Impossible de poursuivre cette aventure de manière apaisée et heureuse. Tout est dit, tout est suggéré plutôt par le jeu habile des deux actrices, toutes deux formidables. Ce qui se lit sur les visages des deux femmes, et particulièrement dans leurs regards, est primordial. Car tout est affaire de regard dans ce film : regards échangés qui dévoilent et dissimulent en même temps, regard de Therese qui prend une photographie de Carol (elle qui ne photographiait jusque là que des objets), regards de passagère apercevant la silhouette de l'être aimé dérrière la vitre d'une voiture...
    Méfions-nous de ceux qui, même parmi les critiques, ont cru bon de déplorer le manque d'émotion de « Carol ». L'émotion est là, bien présente d'un bout à l'autre du film, mais elle n'est jamais surlignée comme on le fait quand on veut que coulent les larmes des spectateurs. Todd Haynes s'est bien gardé de réaliser un film de ce genre, mais il a su intelligemment multiplier des signes qui, pour le spectateur attentif, sont autant de raisons d'être ému. L'émotion, ici, est discrète et légère, à la manière de la « chanson bien douce » de Verlaine « qui ne pleure que pour [nous] plaire ».
    Avec ce film, nul doute que Todd Haynes compte désormais comme un des meilleurs réalisateurs de mélodrames, digne successeur des maîtres du genre que furent, au cours des années 50 et 60, des cinéastes de génie ayant pour noms Douglas Sirk et Vincente Minnelli. 9,5/10
    Fritz L
    Fritz L

    182 abonnés 767 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 janvier 2016
    En regardant « Carol », cela m’a donné l’impression de feuilleter négligemment un numéro de Vogue des années 50 et son apparente illusion d’un bonheur en papier glacé, délivrant de pages en pages un univers raffiné, classieux, lisse et totalement figé. En matière de reconstitution de ces années molles, Todd Haynes excelle tant sur la forme que sur le fond.

    On ne peut qu’être formidablement surpris par le magnifique ouvrage de Sandy Powell (« Entretien avec un vampire », « Gangs of New York »…) sur les costumes, matières, formes, accessoires, bijoux, le travail de recherche y est soutenu et rejaillit à l’écran. Le même soin est apporté aux décors, à la photo (dont on peut s’agacer toutefois du léger piqué intentionnellement très old style mais tout de même), au choix musical. L’ambiance y est donc parfaitement recomposée et n’a rien à envier aux films de l’époque.

    Cette plastique soignée séduit immanquablement et se doit de servir le film, c’est pour le moins ce que je me disais au début. En fait, très vite elle apparaît presque comme le seul attrait du film. En adaptant le roman de Patricia Highsmith, dont la trame est assez vide de sens, Todd Haynes se devait d’être percutant, là il n’est que fuyant (comme il l’avait fait déjà pour « I’m not there »). Certes ses cadrages sont le plus souvent honorables, le fait de filmer indirectement ses scènes (derrière une vitre, dialogue dont l’un des interlocuteurs est hors champs…), ses contre plongées sur la ville, l’enchainement de plans pudiques (tellement lourde de sens la scène de la main sur l’épaule…) séduisent. On pense à Slim Aarons, Fred Herzog, entre autre, références toutes symboliques de ces années là. Mais par ce biais là aussi, il vitrifie son histoire.

    Car certes, l’homosexualité, féminine, était proscrite et tabou, on le comprend bien puisque le message n’a de cesse d’être martelé ici, mais était-ce vraiment le prisme qu’il fallait choisir pour faire un film qui se tienne ? Il aurait fallu y sentir plus de fièvre, de passion, et surtout de conviction. Car jamais, on ne ressent l’impérieuse nécessité de ces deux femmes à vivre leur idylle, ni véritablement la force de cet amour qui les pousse à braver l’interdit. Elles semblent poser histoire de, avant de reprendre leurs routes… Et s’il n’y avait pas ce regard de Carol à la toute fin, on n’y croirait pas du tout !

    Le casting pose souci également, entre Cate Blanchett au tempérament à la Katharine Hepburn qui se le joue (fort bien tout de même) femme bafouée à la Lana Turner, Rooney Mara qui n’en peut plus de rentrer dans le tailleur pour drame de Audrey Hepburn, le référentiel pèse lourdement. Kyle Chandler est peu inspiré, quant aux autres personnages ils sont minorisés, ce qui est dommage quant on imagine le rôle clé qu’aurait pu être Abby.

    Toutefois, le film, tout calibré et sage qu’il soit, se laisse plaisamment voir, ni plus ni moins.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 14 janvier 2016
    Ce film fut pour moi comme une révélation. Bouleversant de beauté et d'émotions. Cate Blanchett y est sublime, totalement envoutante en Carol Aird. Rooney Mara est parfaite dans le rôle de Therese. Le film est d'une grace infinie, visuellement magnifique, et le jeu d'acteur est tout en subtilité. Il m'en fallait deux heures de plus... A consommer sans modération !
    traversay1
    traversay1

    3 572 abonnés 4 861 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 janvier 2016
    Heureux finalement sont ceux qui n'ont pas vu Loin du paradis, l'avant-dernier film de Todd Haynes, dont Carol reprend en grande partie les thèmes, le rythme et la tonalité. Ils auront un regard neuf et, espérons-le, admiratif, devant la quasi perfection de ce mélodrame des années 50 sur fond d'amours interdites. Décrire les sentiments intimes, tout en évoquant avec justesse et précision les caractéristiques morales d'une époque, n'est pas donné à tous les cinéastes. Surtout avec cette délicatesse, cette façon que certains jugeront peut-être trop lisse d'exprimer les emballements du coeur par le seul jeu des regards, des gestes et de gros plans filmés à travers les vitres, des voitures ou des appartements, parfois mouillés de pluie. Digne héritier de Sirk, on l'a dit et écrit souvent, Todd Haynes ne profite pas des possibilités d'aujourd'hui dans ce qui est "montrable", pour céder à l'impudeur. Ce n'est pas son genre. Lui, il laisse au spectateur la liberté de combler les manques, de remplir les cases vierges de la passion avec ses propres critères et souvenirs, y compris très personnels. Cate Blanchett y est égale à elle-même, royale, peut-être un peu froide mais c'est le rôle qui le veut. La vraie révélation est Rooney Mara, avec un visage changeant dans lequel perdurent les expressions de l'enfance et de l'innocence, quelques scènes rappelant de façon frappante l'angélisme d'Audrey Hepburn. Quelle actrice ! Carol, simple histoire d'amour, pourrait-on résumer. Mais les termes ont tout de l'oxymore et le film tire sa quintessence gracieuse des obstacles qui surgissent sur sa route.
     Kurosawa
    Kurosawa

    583 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 janvier 2016
    Un mélodrame à la Douglas Sirk, dixit la plupart des critiques, "Carol" raconte l'histoire d'amour entre deux femmes dans l'Amérique des années 50. La beauté du film tient à sa froideur qui, si elle empêche une véritable émotion, hante chaque plan et chaque regard d'une force peu commune. Pauvre en péripéties, "Carol" serait plutôt une histoire d'amour immobile, caractérisée par l'évidence du coup de foudre dans une formidable scène où le regard foudroyant de Rooney Mara se penche sur le visage de la sublime Cate Blanchett, deux actrices qui auraient dû partager un prix d'interprétation à Cannes, tant leur complémentarité est belle. Le couple est remarquable car Haynes ne fige pas leurs personnages, ainsi Terese d'abord timide et impressionnée va progressivement s'affirmer et se mettre à la hauteur de Carol, dont on pensait qu'elle se lasserait de sa jeune amante et qu'elle reculerait devant les menaces juridiques qui lui sont adressées (sa relation avec Terese jugée comme immorale dans le dossier de son divorce), mais il n'en n'est rien : sa passion est aussi forte. Et si on peut regretter que cette histoire ne nous fasse pas chavirer, on ne peut remettre en cause son incarnation : les personnages existent, leurs désirs aussi, transcendés dans une magnifique scène d'amour par des mouvements de caméra à la fois gracieux et fluides. Suprêmement élégant, que ce soit à travers sa mise en scène, sa musique ou sa photographie, "Carol" est un très beau mélodrame et finit enfin par nous toucher lors d'une dernière séquence génialement construite.
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    108 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 janvier 2016
    Le réalisateur met ses pas dans ceux de Douglas Sirk, mais ne donne pas dans l’hommage pur comme il l’a fait avec son chef-d’œuvre Loin du paradis (2003). Carol est à la fois la chronique douloureuse d’un amour impossible mais aussi un regard passionnant sur une société où le moralisme, sous des jours de tolérance nouvelle, se fait plus conservateur que jamais (...). Porté par deux actrices en état de grâce, Carol est peut-être le film le plus abouti, le plus bouleversant de son auteur, jusque dans les dernières secondes de son dénouement incertain.

    LA SUITE :
    RedArrow
    RedArrow

    1 665 abonnés 1 529 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 janvier 2016
    Deux femmes discutent à la table d'un restaurant, leur conversation est gardée sous silence. Quelque chose d'indicible se dégage d'elles, comme une sorte de bulle qui les protégerait du monde extérieur. Un homme reconnaît la plus jeune d'entre elles et l'appelle. La bulle protectrice que l'on sentait pourtant intouchable éclate en une fraction de seconde. Et l'homme entame une conversation polie avec la jeune femme pendant que l'autre s'échappe d'un simple prétexte.

    Après cette superbe introduction lourde de sens, "Carol" va remonter le temps jusqu'à la rencontre de ces deux femmes et nous faire vivre les prémices de leur relation jusqu'à ce que la passion les dévore complètement.
    Un amour naissant et sans cesse grandissant qui repose avant tout sur les effets de miroir que se renvoient les deux femmes.
    Therese à la fois forte et introvertie, aspirante photographe et vendeuse dans un magasin de jouets et Carol, une femme fortunée et mère d'une fillette, en pleine séparation à cause d'une relation extra-conjugale avec une de ses meilleures amies qu'elle assume pleinement.
    Les désirs enfouis de Therese se libèrent face à ceux de Carol qui, elle, en a pleinement conscience.
    Le petit ami de la première sait que quelque chose se passe mais ne comprend pas qu'il est en train de la perdre tandis que le mari de la deuxième, désesperé, sait au fond de lui que tout est terminé mais est incapable de la laisser s'échapper et se sert de leur fille pour la garder à tout prix.

    Mélodrame souvent bouleversant et toujours juste, "Carol" se concentre avant tout sur la passion qui consume les deux personnages principaux, laissant en toile de fond l'Amérique puritaine des années 50, ombre malveillante et destructrice de l'homosexualité symbolisée par les méthodes du mari de Carol pour la ramener à ce qu'il considère être la normalité et les discours radiophoniques du Président sur des valeurs familiales qui semblent déjà désuètes pour l'époque (l'évolution sociétale aura toujours un train d'avance sur la vision politique).

    Parfaitement mis en scène par Todd Haynes indéniablement très doué pour traduire une émotion de manière symbolique en une scène (ce plan parfait où, après sa première rencontre avec Carol, Therese retire son bonnet et le pose dans son casier après qu'une sonnerie stridente retentit, sorte d'écho alarmiste de ses sentiments incontrôlables) et emmené par deux comédiennes au sommet (prix d'interprétation à Cannes amplement mérité pour Rooney Mara) mais aussi par d'excellents seconds rôles (Kyle Chandler et Sarah Paulson, géniaux), "Carol" nous dévoilera enfin dans ses ultimes instants les mots échangés par ses deux héroïnes lors de la scène d'ouverture et on comprendra alors qu'on était très très loin au début du film d'avoir saisi la portée et la force du lien qui unissait ces deux femmes. Superbe !
    felix-cobb
    felix-cobb

    18 abonnés 54 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 janvier 2016
    Todd Haynes livre une splendide fresque romanesque, une incroyable palette de couleurs et de fins sentiments. Blanchett et Mara sont sublimes dans leur antagonisme radical qui s'apprête toujours à imploser. L'image balance toujours entre la netteté et un grain plus sombre, presque moins soigné, comme pour signifier la relation entre Carol et Terry, une relation teinte de masculinité, de féminité, de passion, d'amitié et de filiation. Carol est toujours proche de la perfection, mais sans jamais pleinement l'atteindre : c'est ce qui fait toute la beauté du film.
    dominique P.
    dominique P.

    836 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 28 mars 2016
    Un film de grande qualité, très soigné, très bien réalisé et interprété.
    Une histoire bouleversante.
    J'ai été très intéressée, touchée et émue.
    L'actrice R. Mara est excellente, parfaite.
    Sally Ecran et toile
    Sally Ecran et toile

    62 abonnés 304 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 janvier 2016
    « Carol » a déjà fait couler beaucoup d’encre lors des différentes projections de presse avant-première ou festivals en tous genres. En lice pour les Golden Gobe dans de nombreuses catégories, nous attendions de pied ferme sa sortie dans nos salles. Impatients de découvrir le dernier film de Todd Haynes, nous n’avons pas hésité une seule seconde à entrer dans l’univers new-yorkais des années 50 et dans la vie des deux héroïnes. En sommes-nous sortis marqués ? Pas autant qu’espéré. Car si « Carol » reste un bon film savamment réalisé et interprété, nous n’avons jamais réussi à nous immerger totalement dans cette romance pourtant audacieuse.

    Avec « Carol », Todd Haynes a choisi d’adapter le roman (quasiment autobiographique) de Patricia Highsmith, publié dans les années 1952. Pour parfaire sa réalisation, il s’est entouré d’un casting hautement performant pour mettre en images sont adaptation. Dans les rôles principaux, on peut applaudir Cate Blanchett (avec qui il a déjà tourné dans « I’m not there »), qui interprète avec une classe inouïe, le rôle délicat de Carol, bourgeoise au mariage triste. Très ancrée dans l’époque où elle évolue, la comédienne nous bluffe tout au long des deux heures, passant de la certitude à la tristesse, de la colère au dépit avec une aisance remarquable. Celle qui nous avait déjà éblouie dans « Blue Jasmine » montre combien la palette d’émotions qui est la sienne n’a pas fini de nous étonner. A ses côtés, la tout aussi performante Rooney Mara, bien plus pudique et introvertie que sa nouvelle amie. Vue dans l’adaptation de « Millénium » de David Fincher (où elle campait le rôle de Lisbeth Salander) ou dans plus récemment dans « Pan » (Lili la Tigresse, c’est elle !), la comédienne de tout juste trente ans envoie du lourd et se synchronise au jeu de Cate Blanchett avec un professionnalisme déconcertant. Elle a d’ailleurs été récompensée dans ce rôle par le prix de l’interprétation féminine lors du dernier festival de Cannes.

    Si elles occupent le devant de la scène de façon probante, on déplore cependant le manque d’émotions réelles. Voulue ou non, la froideur (ou la pudeur exacerbée) des deux jeunes femmes créent un blocage spoiler: et nous empêche d’entrer totalement dans leurs histoires personnelles de telle sorte que l’on reste spectateurs de la situation sans jamais réellement croire en leur romance
    . L’immersion superficielle et les petits problèmes de rythme nous font émettre quelques réserves sur la réalisation de Todd Haynes.

    La « rupture » créée à la moitié du film, vient redonner un peu de boost à une histoire qui semblait un peu trop lisse dans un premier temps. spoiler: Cette fracture est d’ailleurs double : au niveau scénaristique, on entre dans un road-movie où les sentiment vont prendre une ampleur que l’on ne percevait pas jusque là. Mais elle s’observe aussi au niveau de la vie des deux femmes qui laissent leur famille et leurs projets derrière elles pour se consacrer pleinement l’une à l’autre.
    Cela fonctionne une dizaine de minutes et l’on retrouve ensuite un rythme ordinaire pour parvenir jusqu’au dénouement.

    Par ses petites failles notoires, « Carol » nous a donc laissé un peu de côté à différents moments et bien qu’il soit intéressant, interprété brillamment et très beau visuellement (les décors et les costumes sont d’un réalisme époustouflant), il n’est pas totalement à la hauteur de nos espérances et nous regrettons que la ritournelle ne nous ait pas emporté comme on l’avait imaginé.
    Frédérique C
    Frédérique C

    7 abonnés 23 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 janvier 2016
    Je pourrais mettre 5 étoiles tant j'ai aimé ce film, mais je n'ai pas lu le livre et au vu du film il doit relever du chef d'oeuvre, je garde donc les 5 étoiles pour le livre...
    l'époque, les actrices, l'esthétisme, le côté dramatique, l'amour, on se plaît à s'imaginer au coin d'une cheminée à regarder ce film, comme si nous étions un enfant, une enfant, je devrais dire, pleine de romantisme, de romanesque et de rêve...et alors ce film...que l'on découvre pendant les fêtes de Noël avec cette atmosphère magique, qui entoure cette période lorsque l'on est enfant.
    j'ai été transportée, par la beauté et l'on se surprend à désirer aimer avec autant de pureté..?
    un sujet tabou dans les années 50... encore tabou aujourd'hui ...Merci pour ce moment!
    vidalger
    vidalger

    321 abonnés 1 250 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 janvier 2016
    La perfection de la photo, le soin pris par les décorateurs à la reconstitution des années 50, la finesse des choix musicaux, la classique majesté de la réalisation masquent au final l'émotion qui aurait dû nous étreindre à l'évocation de ce drame très littéraire. La passion qui fait se rejoindre les cœurs d'une grande bourgeoise new-yorkaise et d'une petite vendeuse d'un magasin de jouets, malgré la qualité de jeu de deux grandes actrices, ne nous emporte jamais au delà du raisonnable. Après le très grand La Vie D'Adèle, sur le même thème des amours saphiques transgressant les classes sociales, on reste sur notre faim, comme après une promesse non tenue. Un film qui reste à voir cependant pour quelques très belles images d'échanges de regard entre une Cate Blanchett tout en retenue et une Rooney Mara, frémissante de désir et peu sûre de vouloir briser les conventions sur lesquelles elle avait bâti sa vie.
    Jorik V
    Jorik V

    1 271 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 janvier 2016
    Todd Haynes vient certainement de réussir son plus beau film à ce jour. Tout ce qui a fait le succès de sa filmographie semble être ici au rendez-vous et installe « Carol » comme l’un des films les plus majestueux vus sur nos écrans récemment. Beauté des images, beauté des actrices et de leur jeu, beauté des sentiments exprimés et enfin beauté d’une romance que l’époque ne permettait pas. Dès les premières notes de musique (qui font terriblement penser à celles, toutes aussi belles, de Philip Glass pour « The Hours »), on est happés par cette histoire d’amour qui ne dit pas vraiment son nom. La magie des années cinquante minutieusement et magnifiquement reconstituées rajoutent à cette immersion vers cette romance.
    Il y a plus de dix ans, le même réalisateur nous offrait le déjà sublime « Loin du paradis ». Même époque, mais c’était l’attirance pour les hommes de son mari qu’une femme parfaitement interprétée par Julianne Moore devait affronter en silence. Les quolibets de l’époque sont les mêmes pour les histoires d’amour entre femmes mais Haynes ne radote pas et préfère s’attacher aux seuls sentiments entre ces deux femmes dans « Carol », laissant la morale davantage en arrière-plan. Et c’est tout le jeu de ses actrices qui prend une tournure encore plus renversante. Quand l’une, guindée et sûre d’elle mais rongée par son divorce, charme l’autre, petit oiseau fragile, c’est à l’une des plus belles approches à l’ancienne vue sur grand écran depuis longtemps que nous assistons. Quand enfin elles s’étreignent, tout en pudeur et loin des excès de « La vie d’Adèle », ou se blessent, on jubile ou on souffre avec elles.
    Et il fallait deux actrices courageuses et d’une certaine trempe pour s’approprier de ses rôles délicats. Cate Blanchett est impériale comme toujours dans un rôle qu’on dirait fait pour elle quand Rooney Mara épate par son jeu minimaliste et touchant. L’une explose dans une scène de désespoir dans un cabinet d’avocats quand l’autre nous attendrit de ses pleurs, seule, assise dans un train. Elles resplendissent toutes deux lors d’une scène finale magistrale où chaque mouvement de caméra et chaque plan sur le visage des actrices touche au somptueux et à la perfection. C’est toute la force de la réalisation de Todd Haynes. Ses images sont sublimes et dotées d’une photographie de papier glacé qui sied parfaitement au film. Ses scènes sont découpées juste comme il le faut et ses actrices n’ont plus qu’à se laisser couler dans cet écrin d’or. Un mélodrame à l’ancienne puissant et le genre de film somptueux que l’on voit rarement passer sur les écrans. Le dernier en date de cette trempe se nommait « A single Man » de Tom Ford. Et ces deux films rassemblés constituent un monument de cinéma, aussi beaux sur la forme qu’accomplis sur le fond.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 23 janvier 2016
    Formellement très réussi, un brin conventionnel, le film s'avère touchant par la qualité de ses interprètes (Cate est magnétique !) et par une histoire d'amour simple mais universelle !
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