Après son sublime « Loin du paradis », Todd Haynes revient au mélodrame flamboyant, à nouveau situé dans les années 50, mais cette fois-ci entre deux femmes, toujours de classes (très) différentes. A ce titre, j'ai été pendant de très longues minutes totalement sous le charme, enivré par autant de beauté, de délicatesse, de douceur : cela a beau rester classique, difficile de résister à autant de splendeur, nous faisant passer par un tout un tas d'émotions très sensoriels jusqu'à en être étourdi. Dommage que « Carol » connaisse alors un sérieux coup de mou aux environs d'une heure, l'intrigue devenant un peu figée, les personnages perdant quelque peu de leur charme et de leur mystère, sans pour autant qu'une quelconque faute majeure soit à souligner. D'ailleurs, la nuance à laquelle est apportée chaque personnage est souvent un vrai délice, le film livrant une peinture très réaliste des mœurs de l'époque, beaucoup moins tolérante qu'elle ne le prétend. Enfin, si les seconds rôles sont impeccables et Rooney Mara des plus touchantes dans un rôle volontairement (un peu) en retrait, que dire de Cate Blanchett ? Le mot « élégance » semble avoir été inventé pour elle, celle-ci banalisant l'exceptionnel de façon déconcertante : elle est sublime. Il suffit de voir l'éblouissante scène finale, d'une précision et d'une délicatesse sans égal, pour comprendre tout le raffinement et la sensibilité d'une œuvre où chaque mot, chaque geste, chaque regard semble avoir été réfléchi, et ce pour notre plus grand bonheur. Bref, Haynes se pose une fois encore comme le seul réalisateur capable aujourd'hui de ressusciter l'esprit de Douglas Sirk : malgré quelques réserves, on a déjà trouvé un incontournable de 2016.