C'est un amateur fou de péplum qui me l'a chaudement alors que je n'avais aucune intention de le voir... et il a bien fait !
Passé la barrière (souvent rédhibitoire en ce qui me concerne) du tout numérique et de certaines fautes de goûts, je me suis retrouvé face à un vibrant hommage aux peplum d'antan : mise en scène emphatique et somptueuse, acteurs théâtraux et au symbolisme appuyé, scénario un brin naïf avec des pointes shakespeariennes et combats dantesques.
Le trop rare Alex Proyas prouve une fois encore qu'il est capable d'allier une vision esthétique riche et tranchée, avec une fabuleuse maitrise de la caméra : les plans sont toujours magnifiquement étudiés que ce soit pour montrer la splendeur d'une cité mythique, la rage d'un combat épique ou la majesté d'un dieu face à la petitesse de l'homme. C'est sûr ce dernier point que l'on remarque plus la qualité du travail fourni car l'on est jamais choqué par leur différence de taille tant cela semble naturel (d'autre si sont cassé les dents). Et c'est sans doute là qu'est la plus grande force de "gods of egypt", si on laisse de coté les avis des blasés et que l'on se laisse porter par la magie de ce qui relève beaucoup plus du conte que du récit mythologique (un choix sensé, au demeurant, car la mythologie égyptienne est très contradictoire...), ce film est d'une cohérence et d'un naturel étonnant !
De nombreux aspects sont une transposition visuellement intéressante de faits ou d’éléments mythologiques purement symboliques (et sur lesquels, les égyptologues discutent n'ont pas fini de discuter...) qu'un cinéaste fainéant aurait expliquer à l'aide d'un script laborieux là où Proyas, ce génie de l'image (voir "The Crow" pour s'en convaincre), préfère l'intégrer visuellement. Ainsi, les pouvoirs/artefacts/attributs des dieux dont certains se voient dépossédés par Seth qui les utilise/absorbe/équipe , ce qui, finalement, laisse beaucoup plus de place à l'interprétation qu'il n'y parait...
Quand aux armures scintillantes, même si je regrette une analogie avec "les chevaliers du zodiaque" plus qu'avec "Stargate" (la faute aux effets numériques, une fois de plus), elle ne m'ont pas particulièrement choqué puisque qu'elle sont sensées mettre en valeur l'aspect iconique et merveilleux des dieux ; ce qu'une transformation animale n'aurait pas permise puisqu'ils doivent inspirer respect et vénération des humains de part leurs qualités et non pas la crainte...
Pour finir, le montage dynamique et la musique du toujours impeccable Marco Beltrami, même si elle n'a rien de mythique, contribuent à la bonne tenue de ce "Gods of Egypt" dont le parti pris créatif ne pouvait s'attirer la sympathie que d'un petit nombre. C'est pourquoi son insuccès ne m'étonne pas du tout, mais je pense qu'il acquerra un statut de film de culte avec le temps auprès d'un public beaucoup plus large de cinéphiles.
Concernant le pseudo-débat sur la présence de trop d'acteurs blancs, je pense qu'il faudrait arrêter l'hypocrisie 5mn : nous savons très bien qu'un film à 150 millions de dollars (a fortiori lorsqu'il s'agit d'une nouvelle franchise) ne peut sortir sans avoir d'acteurs connus en tête d'affiche. Butler et Coster-Waldau étant des figures acclamées des productions "en costumes", leur choix était d'autan plus logique la population de l’Égypte antique était plus d'origine proche-orientale (voir article : "L’adn des momies dévoile l’ascendance des Égyptiens de l’Antiquité" du Courrier International). Et dans la mesure où je ne vois pas trop quels acteurs arabes auraient pût les remplacer au pied levé...
En revanche, je suis toujours aussi étonné de ne voir personne s'indigner de voir des acteurs asiatiques jouer des rôles ne correspondant pas du tout à leur ethnie d'origine ! A un moment donné, soit on arrête de regardé la couleur des gens (tant que ça ne pose pas de réel problèmes), soit on se focalise dessus (comme les racistes, les vrais, quoi...) amis on le fait avec rigueur scientifique et on va voir les films même s'il n'y a pas d'acteurs connus dedans (mais ce serait trop demander, pas vrai ?!).