Avec les péplums de séries B des années 60, cet hymne aux effets spéciaux numériques partage un goût du kitsch vomitif. Le scénario est des pus convenus : dans
une époque ancestrale, durant laquelle les Dieux vivaient parmi les hommes, la paix règne en l’Egypte. Mais Seth, Dieu du désert, qui convoite le pouvoir, assassine le roi et condamne Horus à l’exil, plongeant le royaume d’Egypte dans le chaos. C’est l’intervention d’un jeune voleur, Bek, qui va sortir Horus de sa prison. Ensemble, ils se lancent dans une aventure épique qui va donner lieu à une guerre sans précédent. Jusqu’aux frontières de l’au-delà, monstres et armées des dieux se déchaînent dans une lutte dévastatrice
…Flop patenté aux USA, "Gods of Egypt" est la dernière série B de péplum hollywoodien, dont l’essentiel des images consiste à agiter des comédiens fades devant un écran vert, et à réaliser l’essentiel de son travail au montage, en renversant sa soupe narrative dans un plat d’effets spéciaux en images de synthèse peu ragoûtants. Après une lignée de navets consternants, les CGI (Computer-Generated Imager) ont pris d’assaut le berceau méditerranéen pour des relectures de classiques mythologiques et antiques. Les mouvements dantesques de caméras virtuelles, les arrière-plans de foule, aux têtes toujours plus innombrables, tout confine au factice pour en mettre plein les yeux. Le réalisateur Alex Proyas orchestre cette débauche d’effets à la fois chère pour le porte-feuille (on évoque un budget de plus de 100M$), mais tellement indigent pour les yeux (Dieu d’Egypte, que c’est laid !). L’idée fratricide chez les dieux et monarques, et de combat romantique que mène un ado du peuple, prêt à embarquer dans un voyage chez les Morts pour récupérer sa bien-aimée, trucidée par le Dieu conspirateur (Gérard Butler, qui n’est pas là pour jouer dans la dentelle), est de l’ordre du recyclage d’idées intemporelles. Alex Proyas, ainsi, aimerait plaire à toutes les générations pour offrir un spectacle généreux où l’enthousiasme héroïque marquerait une réconciliation entre cinéma et télévision, comme vient le souligner la présence symbolique de la star de "Game of Thrones", Nikolaj Coster-Waldau. Pourtant c’est bien au pire des séries télé que vient se frotter ce déluge improbable d’aventures épiques. Il renverrait "Le Choc des Titans", premier du nom (1981), avec sa vision ridicule de l’Olympe céleste, au statut de joyau du genre, étalant une laideur crasse dans son esthétique douteuse et le design des créatures. Même les serpents géants y sont mal fichus ! Le pire de ces aventures revient aux séquences spatiales qui nous enfoncent un peu plus dans le surréalisme de pacotille, obligeant Geoffrey Rush, en figure divine paternelle, à errer dans les limbes de la nullité. Bref, cette comédie d’action incarne le degré zéro du cinéma. Merci du cadeau, c’est en 3D en plus