Les années 90 ont soudainement vu apparaître de petits génies qui, devant la révolution prodigieuse des années 2000 ( notamment au niveau des effets spéciaux ), ont du s'incliner; certains ont quitté le game, d'autres se sont résolus à bourrer leurs films de CGI gerbants et dégueulasses, jusqu'à complètement renier leur travail originel, de sorte à trahir leur propos initial. Ce fut notamment le cas de James Cameron. Alex Proyas est, bien évidemment, de ceux là. Qu'on se le dise de suite, le film est pourrave. Vraiment, c'est mauvais; le délire, moche et daté, paraît usé jusqu'à la corde. Pas crédible pour un sou, l'on y trouve sans aucun blem le kitsch cher aux années 60, couplé à la laideur des CGI ratés du XXIème siècle. Ridicule de bout en bout, le film trouve son intérêt dans le second degrés et l'humour involontaire, faisant écho à ces nanars des années 70. Pour cela, je dirai sans ne jamais en douter que "Gods of Egypt", loin du chef-d'oeuvre que le réalisateur annonçait, se trouve dans la catégorie des nanars purs et durs. De l'époque où la plupart des spectateurs considèrent les daubes de chez Asylum comme de grands films du genre, il paraît véritablement surprenant, presque appréciable, de tomber sur une oeuvre qui, enfin, amuse involontairement la galerie, fait rire son petit monde à ses propres dépends. Se prenant toujours au sérieux, c'est qu'il y croit, Proyas, à son délire audio-visuel, sans même avoir conscience que du début à la fin, son oeuvre n'est qu'un bordel ambiant, une catastrophe what the fuckesque et ridicule, à la limite de sombrer dans une tristesse de fable moribonde. Monstrueusement incohérent, "Gods of Egypt" n'a de divin que le nom. Mais quoi que j'en dise depuis tout à l'heure, j'adore ce film. Vraiment, j'le kiffe presque autant que The Crow ou ma copine. Non, je déconne, je pars trop loin, là. Que voulez-vous, le délire de Proyas m'émoustille. Enfin bref, du début à la fin, j'étais subjugué par une telle expérience cinématographique, avant toujours cette question en tête : mince, d'où ça vient, tout ça? Parce qu'on peut en penser ce que l'on veut, mais "Gods of Egypt" a bien, pour qualité principale, de se démarquer des autres grosses productions de notre époque bluckbusterienne. En effet, il existe quelque chose de véritablement sincère dans ce métrage ci; loin des artifices auxquels il aurait pu faire l'erreur de se livrer, "Gods of Egypt" tente, tant bien que mal, de se sortir de la bouillasse habituelle des blockbusters dans le but de nous fournir une expérience particulière et loin des codes habituelles du genre. D'une certaine manière, c'est à moitié réussi. Car on pourra en penser ce que l'on veut, l'on pourra lui reprocher bien des choses, mais la sincérité de l'homme est, dans le fond comme dans la forme, extrêmement touchante. Je comprendrai votre dégoût devant ces CGI dégueulasses ( encore qu'il arrive, quelques fois, que leur niveau soit franchement corrects ), devant ces décors numérisés et ces dieux surélevés, mais l'oeuvre est tellement franche avec le spectateur que je ne pu que l'apprécier. Pour une fois qu'un blockbuster ne cherche pas à prendre son spectateur pour un con, c'est notable. Pour le coup, je vous conseillerai de le voir. Non pas pour ses effets spéciaux, ils sont regrettablement ridicules. Non, je vous invite à le voir pour ses acteurs charismatiques ( Butler face à Waldau, c'est quand même quelque chose ) -d'ailleurs en parfaite osmose avec la pensée première du réalisateur- et sa mise en scène qui a du souffle. L'introduction, diablement efficace, trouve son point d'effet dans une musique qui en jète. Oui, je le dis, tout n'est pas à jeter dans "Gods of Egypt", il y a du bon; il y en a même en quantité, et malgré l'aspect très what the fuckesque de l'univers développé, l'on se prendra rapidement à entrer dans le délire de Proyas de la tête au pied, à foncer tête baissée dans ce monde atypique et délirant. Une belle expérience. On le préfèrera largement à "La Colère des Titans", tant les deux sont injustement comparés, en raison du plagiat de la présente affiche.