Voilà de quoi être largement conquis par ce qui est présenté, autant par la qualité réellement horrifique et surtout bien gore du film qui ne fait pas dans la dentelle, autant pour le retour tant espéré du genre plus de 30 après le succès très polémique du célèbre « Cannibal Holocaust » en proposant un pur film de violence sans jamais tomber dans le série B, comme la plupart des tentatives faites depuis quand il s’agit de traiter de ce sujet, ne faisant que mettre en scène de manière brouillon et inintéressante des passages de charpie pure et dure, sans parlé de la qualité de l’image qui prête plus à sourire qu’autre chose, et même dans les années 80, le célèbre film italien montrait clairement ses limites du moins pour ce qui est du visuel, dont l’horreur était palpable surtout par l’ambiance et le style de l’image, laissant douter sur la qualité de fiction tant le film laissant penser à un documentaire tout ce qui a de plus réel par le traitement général, à tel point que l’aspect glauque ressortait surtout par ce sentiment. Ici, pas question de laisser planer le moindre doute sur le côté cinématographique de ce qui est mis en scène, le tout est pleinement assumé comme un vrai film d’horreur, sans prendre de pincettes au niveau visuel et surtout sans tomber dans l’introduction totalement hollywoodienne avec les personnages bien niais que cela implique, bien au contraire une fois de plus E. Roth parvient à utiliser ses codes à sa manière afin de créer à la fois un scénario plus en profondeur, et pas seulement un pur massacre, bien que cela soit la partie la plus truculente, et surtout un environnement qui permet de jouer avec l’horreur plus facilement étant donné qu’une partie des personnages sert de chair à canon aux premiers instants de la violence et ceux qui semblent se dégager plus comme les protagonistes serviront de chair à saucisse, tout cela permettant de diversifier les scènes gores et pas seulement retourner l’estomac avec ce que l’on attend initialement, chose que le réalisateur a parfaitement compris comme le prouvait déjà son excellent « Hostel », surprendre avant de trancher à tout va, et ainsi c’est de cette manière que l’on ne se contente pas d’attendre les passages sanglants, il est aisé d’entrer dans l’intrigue et celui qui ne sait pas de quoi traite ce film peut se laisser emporter par l’aspect écologique, engagé et ancré dans son actualité, pour ensuite changer totalement la donne, et pas seulement par le genre ou public visé. En effet, E. Roth parvient à introduire sa fable gore par un chemin qui semble peut être un peu basique et laissant présager un déroulement classique de l’intrigue quand on découvre les personnages, retournant subitement de façon inattendu, par un éventail d’éléments intelligents et surtout plein de sens, comme cette dénonciation de l’activisme hypocrite par exemple qui en plus donne tout son sens à ce qui va suivre, cela permet surtout de mettre en évidence tout un système de pensée qui trouve un fort écho dans son époque, évitant ainsi le piège du groupe de jeune qui se retrouve uni dans la difficulté, et le côté humanitaire avancé n’est clairement qu’un prétexte du réalisateur pour jouer encore plus intelligemment avec les concepts qui en découlent afin de créer un fil conducteur tout aussi horrifique que l’image peut l’être, du moins par la violence de certaines idées mises en avant pour développer l’intrigue, et même si cette dernière peut faire preuve de quelques faiblesses ou de facilités concernant l’avancée de l’histoire mettant en lumière quelques difficulté à être passionnant en dehors de la boucherie sanglante qui constitue ce film, cela ne reste que du détail et n’handicape nullement la qualité mise au service du genre. Mais outre la manière intéressante d’amener la violence physique qui va suivre ainsi qu’un scénario qui se tient impeccablement pour tout ce qui peut y être pointé du doigt, surtout par tout ce qui gravite autour du cannibalisme pur auquel on assiste, telle que le dénouement qui parvient à boucler la boucle du message de fond de ce film (soit se méfier des préjugés et des idées reçues, entre autre), ce qu’il faut retenir en premier lieu ici, c’est bien évidement l’ambiance et l’atmosphère flippante à souhait qui règne dès la première scène introduisant la tribu indigène, autant par le son à travers les brouhahas en langue incompréhensible et les hurlements de terreur des héros, par la musique très pesante, les plans très serrés presque épileptiques pour illustrer le véritable enfer sur Terre dans lequel viennent d’atterrir les protagonistes, les costumes et le style des indigènes qui mettent parfaitement dans le bain et bien sur le jeu des couleurs et des paysages avec lesquels le réalisateur se fait plaisir à créer une tension bien palpable, et bien loin de l’aspect souvent sombre des films d’horreur, là c’est clairement la lumière qui met en évidence la folie furieuse qui va s’installer, et l’alchimie de tout cela lors de la toute première scène au sein de la tribu a cette capacité à mettre dans un état quasi hypnotique, faisant à la fois froid dans le dos et laisse totalement bouche bée, surtout que la tension monte crescendo pour offrir l’apothéose tant attendue de cannibalisme et cela avec toute la qualité de mise en scène d’E. Roth lorsqu’il s’agit d’illustrer la violence la plus animale possible, prenant bien le temps qu’il faut ainsi que les images allant avec pour faire dans le trash, et là il y a de quoi être servi, sachant en plus de cela se renouveler par la suite non seulement en ne se contentant pas de montrer toujours la même chose pour ce qui est de l’horreur, alternant entre rites cruels et actions punitives en bonnes et dues formes, mais également grâce à la suggestion de tout un tas d’éléments tout aussi violent et prennent encore plus de force dans l’imagination que l’on peut se faire de certains passage, pas besoin d’expliquer dans le détail tout ce qui peut se passer, souvent une simple image peut faire germer la plus trash des idées, et cela dépendant évidement de la sensibilité de chacun, néanmoins ce film-là n’est pas à mettre sous tous les yeux, vu l’horreur très crue, explicite et n’hésitant pas à s’étendre à l’image pendant de longues minutes mais faisant aussi toute la force de la vision d’horreur dont le réalisateur souhaite faire faire l’expérience. Afin de donner un contexte bien plus profond à ce déluge d’hémoglobine et à l’atmosphère très glauque faisant le cœur de l’intrigue, le scénario parvient à aborder des sujets intelligents et les mener au service du genre, évitant les niaiseries habituelles de ce genre de film et ainsi donnant bien plus de sens au déroulements des évènements, les justifications de certains éléments du scénario sont assez malin pour aussi mettre en avant la violence psychologique dont peuvent faire preuve quelques scènes, puis la conclusion de tout cela fonctionne plutôt pas mal, bien que cela puisse paraître tirer par les cheveux aux vues de ce qui c’est précédemment passé mais qui amène une réflexion pas stupide et ne faisant pas du gore seulement pour le mettre en image, bien au contraire le but est clairement de raconter une histoire ayant du sens et sachant surprendre en dehors des massacres purs et durs. C’est donc par cette capacité à offrir un vrai moment horreur qui ne laissera pas indemne le plus valeureux, par ce traitement très brut du gore à l’image et en plus d’y mêler tout une flopée d’idées bien ancrées dans la réalité, que E. Roth reviens au sommet de son art après pas loin de 10 ans de manque de bonne inspiration alors que peut savait sortir des sentiers battus du genre, sachant laisser sans voix par la puissance de l’horreur qu’il met en scène comme personne, et dans l’ambiance ici est bien différente de ce dont il avait l’habitude, l’aspect très sombre et glauque de son univers, ici tout est ouvert et aux couleurs très fortes mais le choque reste intacte, d’autant plus que ce segment du film d’horreur avait tendance à disparaitre par une incapacité à proposer un film digne de ce nom, et depuis le célèbre « Cannibal Holocaust » qui était troublant essentiellement par le format de l’image et un réalisme déroutant dans une époque où le cinéma numérique n’était qu’une douce utopie, personne n’avait réussi à traiter ce sujet de manière sérieuse, avec à la fois autant de réalisme et de scènes d’horreur aussi efficaces que dans ce film-là, tout est fait pour ne pas en sortir sans avoir au moins halluciné une fois, mais en assumant complètement l’aspect cinématographique de l’œuvre même si le réalisme des scènes de cannibalisme est assez bluffant et font mouche à chaque fois.