Le Saint Laurent de Bonello n'est pas une biographie d'Yves Saint Laurent. Il omet des passages importants de la vie d'YSL pour se concentrer sur la seconde moitié de sa vie, après 1965 et la création de ses célèbres robes Mondrian. Saint-Laurent est donc déjà célèbre, son talent est reconnu. Que faire de sa vie après ça ? Dans les premières scènes, on le voit au travail, à sa table en train de dessiner, à l'atelier à retoucher les prototypes sur modèle. On le verra rarement créer par la suite. Il sera plutôt question de la relation d'YSL avec Pierre Bergé et de ses différents remous, notamment quand Saint-Laurent rencontre Jacques de Bascher, avec qui il se livrera à des orgies incluant alcool (beaucoup), drogues et jeunes éphèbes cuir/moustache. On verra Saint-Laurent avoir du mal à travailler, à se renouveler, être en retard. Il ne s'agit pas pour Bonello d'être tendre avec le personnage et sa légende, mais d'en montrer la face cachée, géniale mais dure, laborieuse, sale parfois. Bien que toujours entouré, d'hommes (Pierre Bergé, Jacques de Bascher) et de femmes (les mannequins Loulou de la Falaise ou Betty Catroux) on a le sentiment d'un homme profondément seul, qui se débat doucement avec lui-même. Une diva touchante.
Et force est de constater que, malgré certaines longueurs, le film est brillant. Bonello fait montre d'un savoir-faire assez impressionnant : cadrages, montage, lumière, tout est inventif. Le choix des plans, le montage alterné, les différents allers-retours dans le temps, les splits-screens toujours intelligemment utilisés... C'est un cliché mais c'est vrai : c'est une vraie leçon de cinéma.