Après l'hagiographie de Jalil Lespert, "Bergé approved", voici la "vision" de Bonello sur le sujet. Fort courte, et fort peu personnelle - à quelques très rares afféteries stylistiques près (images d'enfance, moments de delirium). 101 minutes contre 150. Parce que chronologie détaillée. 2 heures 30 de remplissage, à coups de "soirées" arrosées, enfumées et "poudrées", d'essayages hystériques et de défilés sinistres, voire de conseils d'administration. Un peu de sexe uraniste pour pimenter, dont du "trash" light, et du bien sordide. Yves dessine des "robes" (beaucoup), et Pierre fait du fric (beaucoup, beaucoup) - kif kif chez les 2 "cinéastes"... Un casting additionnel façon "soirée branchée", bling bling (il ne manque même pas Louis Garrel et son ex) - trois petits tours, et puis s'en vont. Quant à Gaspard Ulliel, trop beau et en trop bonne santé pour être crédible au physique, il est encore moins convaincant que Pierre Niney dans le rôle-titre, et Jérémie Rénier carrément ridicule en Bergé (quand Gallienne "passait"). Distribuer Helmut Berger (eh, eh..) était en revanche une bonne idée, en YSL dans ses dernières années. Mais n'est pas Visconti qui voudrait, et ce "biopic" étriqué n'a rien du génial "Les Damnés" (que Berger regarde - humour..). En fait, le problème est que Saint Laurent n'a été qu'un (bon) dessinateur de robes, qui a eu l'opportunité de rencontrer un habile faiseur d'argent, PB. Fin de l'histoire. Aucune décadence flamboyante dans le "privé", de nature à faire un bon film. Juste de la névrose bien basique, du pathétique ordinaire, mais dans des décors cinégéniques évidemment (appartements parisiens, villa de Marrakech - regorgeant d'oeuvres d'art - même si les vrais ont été réservés à la version "approved"), et sur fond d'opéras. Bonello n'a pas saisi l'"âme" du "créateur". Pas plus que Lespert. Mais il n'y avait rien à "saisir", il est vrai.