Si dans une école de cinéma on devait mettre en avant ce qu'il faut faire et ne pas faire en matière de biopic, on diffuserait la version de Bonello et celle de Lespert. Après Lespert qui nous présente un film équilibré, bien documenté, très bien construit, agréable à regarder, avec une distribution de qualité, voilà que ce biopic se lance dans l'exercice de style, et se plante lamentablement. Aucun style donc, et un scénario totalement décousu, ce qui entre nous est un peu ballot quand on réalise un biopic sur un grand couturier...
Saint Laurent est surjoué par Gaspard Ulliel qui force le côté tante folle, et un maquillage bien trop poussé finit d'achever la caricature du couturier, magistralement interprété dans l'autre biopic par Pierre Niney. L'élégance et le charisme de l'un, les gestes efféminés et surjoués de l'autre, on n'y croit pas un instant.
Ne parlons pas de Pierre Bergé, totalement méconnaissable sous les traits d'un acteur pourtant de talent, Jérémie Rénier, qui avait interprété Cloclo dans un autre biopic, autrement plus réussi. Il faut dire que la performance de Guillaume Galliène dans l'autre film est inégalable (et inégalée).
Passons aussi sur le fait que l'artiste est interprété par un autre acteur pour YSL "vieux", et Helmut Berger, très mal doublé par Ulliel, est un véritable supplice.
Le fond est atteint avec l'inénarrable et (malheureusement) inévitable Léa Seydoux, qui est à l'élégance ce que l'éléphant est à la délicatesse (même en dehors d'un magasin de porcelaine), et qui peine à incarner Loulou de la Falaise. Elle n'en n'est même pas l'ombre, même Laura Smet est bien plus convaincante dans le biopic de Lespert.
Ce film se focalise sur quelques anecdotes des nuits parisiennes dissolues du couturier, en nous présentant quelques scènes faussement choquantes mais vraiment ennuyantes au possible (avant 50 nuances de Grey, on a droit à 50 nuances de gay). Seule, une scène de prise d'acide du chien a réussi à me sortir de ma torpeur (et encore, je reste méfiant quant à la façon dont ils ont obtenu ces images du canidé). Reste une très belle interprétation de Betty Saint, par la sublime Aymeline Valade, qui crève littéralement l'écran (ceci dit, Marie de Villepin était pas mal non plus). A part cela, aucun intérêt, je me suis ennuyé pendant toute l'immense longueur de ce film, qui fait tout de même 2h30 (de perdues).