Cette année plusieurs choses ne nous manqueront pas. Et surtout pas Yves Saint Laurent, ressuscité dans pas moins de deux biopics différents, l'un sorti en début d'année, commercial, caricatural, le film de Jalil Lespert aura beaucoup divisé même si on ne peut pas lui enlever des qualités indéniables que ce soit la prestation de Pierre Niney à la mise en scène peu audacieuse mais très soignée. Aujourd'hui sort l'autre, celui de Bertrand Bonello passé à un chouilla de la Palme d'Or lors du dernier festival de Cannes, alors attention on ne rigole plus ! Le cinéma de Bonello est assez stylé, déjà dans L'apollonide il ouvrait le film avec cette phrase "Je voudrais dormir mille ans". Saint Laurent lui s'ouvre avec notre protagoniste se présentant au guichet d'un hôtel en disant "Je suis là pour dormir". La phrase est d'autant plus magnifique qu'elle pourrait résumer le film à elle seule, et c'est là qu'on se rend compte qu'on n'a pas affaire à un simple biopic mais bel et bien une oeuvre de cinéaste. Ici on drague en plan séquence, on branche la musique pour s'inspirer, le sexe et la drogue sont comme l'amitié et l'amour. Traversé par une perfection visuelle (Bonello filme magnifiquement les robes) le film est d'autant plus intéressant dans son système de narration qui semble maladroit mais qui ne l'est jamais faisant vibrer son spectateur avec son personnage en nous téléportant à deux époques différentes, celle ou Yves est jeune, créatif et talentueux et celle ou il est sur le déclin physique et mental jusqu'à la mort. Le film est volontairement lent mais traduit ainsi le ras le bol d'un héros dépressif ne désirant que la beauté. De la beauté que restera t'il ? C'est la question que se pose Yves durant le film entier illustrer notamment par ses conversations avec Andy Warhol. Saint Laurent parvient à capter une époque et l'esprit de la mode de manière générale se donnant une source de vie le rendant pétillant dans sa beauté visuelle et son approche ultra psychologique. YSL qui se trouve d'ailleurs un interprète magistral, Gaspard Ulliel n'est plus Gaspard Ulliel mais Yves Saint Laurent, n'hésitant pas à dévoiler ses parties les plus intimes, il se glisse dans la peau d'un homme mystique et fascinant et donne au film une remarquable richesse à la fois gaie et sobre. En mettant en second plan la figure de Pierre Bergé pour mettre en valeur celle de Jacques Basher le long métrage libère son protagoniste et son image de génie avant gardiste jusqu'à un plan final à couper la souffle.
Bilan :
Génial, beau, vif, inspiré, habile, cinématographique, long, court, riche, incroyable, marquant, magique, immense, pharaonique, magnifique, intemporel. I Put A Spell On You !