Faut il associer ou opposer le "Saint Laurent" de Bertrand Bonello, nouvellement sorti, et le "Yves Saint Laurent" de Jalil Lesper sorti il y a quelques mois ? Les deux mon capitaine, ou plutôt ni l'un ni l'autre.
De part leur sujet similaire, les deux films se rapprochent et attireront un même public, mais de part leur traitement, il ne s'adressent pas exactement au même public.
Ceux qui, comme moi, s'intéressent à la création avant le créateur, estimant même que celui-ci peut s'effacer au seul profit de ce qui a été créé, auront plus vraisemblablement apprécié le Yves Saint Laurent, car le film permet de comprendre le mythe fondateur de cet empire, les étapes de la création de la société et les liens nécessaires et utiles à cette évolution. Ceux qui s'intéressent davantage à l'homme pour l'homme, à ses états d'âme et ses questionnements, accrocheront vraisemblablement bien à ce second film sur Saint Laurent
De fait, j'ai plutôt vu Yves Saint Laurent comme j'aurais lu un roman bien écrit, me permettant de traverser l'histoire de cet homme si particulier de l'univers de la mode française ainsi que celle de son entourage. J'ai vu Saint Laurent comme j'aurais lu un tabloïd établissant en un camaïeu hétéroclite une rétrospective de l'artiste et de ses états d'âme, des ses errances et de ses addictions. J'ai trouvé l'homme présenté comme sensible dans Yves Saint Laurent, présenté comme précieux dans Saint Laurent.... et je me garderai bien d'affirmer que l'une des deux versions est plus véridique que l'autre car la vérité est plus probablement qu'elles se complètent...
Reste que Saint Laurent peut dérouter car la juxtaposition des scènes est rapide et le patchwork visuel, musical, temporel, sexuel (en ce sens Saint Laurent est plus cru qu'Yves Saint Laurent, sans excès pour autant, et il nous permet de découvrir que Gaspard Ulliel aurait fait un très bon Apollon dans le film "les métamorphoses", le rôle de Pan étant déjà brillamment pourvu) et une connaissance préalable du sujet n'est pas de trop pour débusquer les références savamment intégrées dans le film
En résumé : content d'avoir vu les deux, qui se complètent quelque part, mais surtout content de les avoir vu dans l'ordre de leur sortie et non l'inverse car je garde préférence, de part ma sensibilité, à la première version, sans dénigrer la seconde.