Pour mon premier film de ce mois d’Avril 2015 : "Dark Places", adaptant un nouveau roman de Gillian Flynn « Les Lieux Sombres » après la petite perle "Gone Girl" de David Fincher sorti l’année dernière adaptant « Les Apparences ». Sans être très enthousiasmé, cette nouvelle adaptation avait largement de quoi me plaire car, après avoir lu « Les Apparences » suite au visionnage du film en question, l’auteur pouvait me compter parmi ses nouveaux lecteurs et voir un autre de ses romans adapté au cinéma, ça suffisait à me motiver même en sachant que je devrais me taper le réalisateur français à qui l’on doit… vous savez ? "Gomez et Tavarès" ainsi que "Gomez vs Tavarès"… enfin bon, d’un côté ça date de plus de 8 ans donc comment s’en sort "Dark Places" ?
Ben… sans être mauvais, ce film n’est pas à la hauteur de ce que l’on peut attendre, il reste correct mais, j’ai été très loin de me sentir pleinement pris dans ce nouveau polar mêlant tragédie humaine, religion et réflexion sur la famille. Et cela est dû au premier point que je vais développer, la mise en scène de Paquet-Brenner.
En général c’est potable, mais notre cher french boy qui réalise son premier long-métrage hollywoodien n’arrive jamais à faire ressortir quelque chose à travers sa réalisation. C’est filmé comme il faut mais il n’y a rien de saisissant ou qui arrive à dégager une atmosphère quelconque, ça se contente de filmer ses personnages et l’intrigue sans que ça soit mal fait ou raté mais du coup ça n’aide pas à développer une atmosphère ou une pression quelconque. En plus de cela, les flash-back
ou l’on passe en visionnage à la première personne à travers les yeux de Libby Day sont vraiment bordélique, surtout quand tu ajoutes les tremblements de caméra… vous allez me dire que c’était dans le but de faire ressentir la pression et le stress du personnage qui garde un souvenir atroce du jour du meurtre de sa mère et de ses sœurs, alors pourquoi pas et ça peut marcher… mais pas si il n’y a aucune ambiance ressenti avant !
Bon après, si je dois reconnaître un bon point, la photographie du film correspond très bien à l’atmosphère qui est censé s’en dégager mais encore une fois, ça ne remplacera pas la réalisation qui est juste passable surtout quand on a l’impression que le metteur en scène ne se bouge pas plus que ça.
Même la bande-son du film n’arrive pas à faire dégager quoique ce soit, elle est limite transparente et anecdotique la plupart du temps. En fait je me souviens que très peu du thème principal bien qu’elle soit rejouée plusieurs fois, le seul instant ou j’en ais un bref souvenir c’est vers la fin quand je me sentais enfin intégré dans l’histoire. En clair, rien de mauvais mais totalement oubliable pour ce que c’est.
Passons aux interprètes ! J’avais encore jamais vu Charlize Theron à l’œuvre auparavant, pas même dans Prometheus ou Monster malgré tout le bien qu’on m’ait dit sur elle. Et j’ai vu que beaucoup de gens râlait simplement parce qu’elle était blonde alors que l’héroïne du bouquin est rousse… les gens, c’est une adaptation, pas une copie ligne sur ligne du roman, on peut très bien laisser passer ça. Et de toute manière, l’actrice s’en sort comme il faut et se montre concernée, par ailleurs son personnage n’est pas dénué d’intérêt puisqu’elle suit une évolution plutôt bien ficelé et qu’elle a un point de départ intéressant
par le fait qu’on ne nous dis pas si elle a été témoin du meurtre de sa mère ou de ses sœurs et que l’on s’interroge rapidement sur : est-ce qu’elle a dit la vérité ou alors ignore t’elle également si Ben est le vrai coupable ?
Donc il y avait une introduction assez intrigante… seulement c’est regrettable de la voir reléguée à un personnage trop secondaire dans les parties flash-back en 1985.
Nicholas Hoult interprète Lyle, un membre du Kill club, des enquêteurs amateurs et passionné de criminologie qui s’intéresse de près à l’histoire de Libby Day. L’acteur s’en sort assez correctement mais si son personnage aurait pu être intéressant à suivre du point de vue d’un enquêteur s’il n’était pas carrément mis de côté les ¾ du temps. Bon d’accord il n’est pas directement concerné par l’enquête et ce qui est arrivé à Libby, mais le cliché de l’individu qui fait ressortir les souvenirs d’un personnage central parce que l’affaire l’intéresse, ça commence à faire éculer. Pour le personnage de Ben Day, joué par Corey Stoll une fois adulte et Tye Sheridan jeune, autant le personnage reste suffisamment mystérieux pour le peu de temps qu’on le voit adulte et durant son adolescence lors de sa période sataniste, mais niveau jeu d’acteur, si Stoll restait plutôt bon pour le peu d’apparition qu’il a fait, Tye Sheridan fait vraiment le minimum syndical sans vraiment se donner du mal.
Même voir Chloë Grace Moretz, que j’apprécie vu son talent grandissant, n’a pas suffit à me convaincre. Elle fait bien son travail, mais Diondra Wertzner la petite amie de Ben ne fait pas plus planer le mystère que ça
et on finit rapidement par se douter qu’elle est dans le coup,
la faute revient surtout à la mise en scène trop faible pour corriger ce détail et l’absence total d’ambiance, mais j’y reviendrais. Drea de Matteo, jouant Diondra une fois adulte, fait le travail qui lui est demandé sans pour autant se distinguer elle non plus. Après je vais pas m’amuser à faire le tour de tous le casting, là ce sont les principaux personnages qui nous intéressent, mais pour faire simple : personne ne fait mal son travail mais aucun acteur n’arrive vraiment à se distinguer ou à paraître vraiment intégré dans le projet, même la mère de Libby joué par Christina Hendricks ou Krissi jouée par Andrea Roth sont totalement oubliable. Rien de mauvais mais rien de prenant non plus en somme.
Désormais parlons du dernier point, le scénario et l’histoire de Gillian Flynn porté à l’écran. Et pour marquer le coup, j’aimerais poser juste une question : est-ce que Paquet-Brenner était vraiment intéressé pour raconter cette histoire ? Non je dis ça parce que, sur le script, y’a largement de quoi faire quelque chose de vraiment prenant : le satanisme chez le public jeune dans les années 1980 donc la religion par conséquence, la thématique de la famille à travers la situation financière de Patty, bref pas des thèmes nouveaux mais qui peuvent toujours être intéressant à suivre quand un bon réalisateur le traite à sa manière, il n’y a qu’à voir "Gone Girl" de David Fincher qui dénonçait l’influence des médias ou encore la vie du couple moyen américain grâce à un travail de mise en scène étonnante et une histoire porté à l’écran avec talent.
Mais dans le cas de Dark Places, déjà notre réalisateur c'est pas Fincher mais Brenner qui s'est jamais vraiment distingué jusque là, et ensuite… en fait c’est très simple, l’impression que ça m’a laissé c’est que Paquet-Brenner s’y intéressait pas plus que ça et qu’il s’est contenté de faire une copie conforme du roman avec les grandes lignes en se disant « Bon, David Fincher a eu du succès avec "Gone Girl", je vais faire pareil avec Les lieux sombres du même auteur, ça attirera ses fans… ». On sent pas du tout qu’il essaye de s’intéresser à ce que Gillian Flynn mettait en évidence dans son roman (que je lirais prochainement) mais comme on sait qu’elle a participé à l’avant-première avec lui, on peut supposer que c’est fidèle mais sans qu’il y ait de relief dans la manière de la raconter. Parce que même là ça cabotine sévère, en fait le schéma du film, c’est ça : un évènement se déroule dans le présent ou l’on suit Libby Day, et d’un coup un flash-back apparaît pour raconter des évènements récents avant le meurtre de la famille Day !
Le pire dans tout ça c’est que ces flash-back sont toujours forcés ou balancés sans transition. Un exemple tout bête,
quand Libby se rend à un bidonville du Kansas pour retrouver son père, Runner Day, devenu SDF et que ce dernier s’apprête à lui révéler des informations sur son frère, hop ! On passe à un flash-back d’un seul coup lors d’une soirée ou Runner doit de l’argent à un sataniste indien… mec, la transition ça sert à quoi à ton avis ? Laisse le personnage s’exprimer avant de passer d’un claquement de doigt aux évènements du passé pour réussir la transition, ce serait plus malin et intéressant que d’aller d’un seul coup à l’essentiel sans qu’on y soit préparé.
Et ça se répète plusieurs fois ce genre d’inconvénient, ça en devient risible et vraiment perturbant, comment peut-on être pris dans une intrigue si on ne prend pas assez de temps pour s’intéresser au présent ou au passé ?
Après, pour être sincère, le seul moment ou j’ai eu quelques surprise au niveau de l’intrigue et une véritable tension qui arrivait à me faire m’accrocher à mon siège, c’était dans la dernière demi-heure
ou l’on découvre comment s’est réellement déroulé le massacre de la famille Day et comment Diondra a finit par y être mêlé en assassinant une des sœurs avant de s’enfuir pour protéger son enfant. Et le fait de savoir que Patty, désespérée par l’attitude de son fils et son incapacité financière à tenir sa ferme, ait choisi de passer un contrat avec un tueur en série pour qu’il l’aide à mourir en paix m’a fait ressentir une vraie impression de noirceur qui manque cruellement dans le reste du film.
Seulement, ça ne dure que pendant un court moment et au final, ça s'oublie aussi vite que c'est apparu.
Donc, pour faire court et dans l’humour : Gilles n’a pas mis le Paquet pour "Dark Places", dans l’ensemble ça reste assez passable mais si le livre est noire et fort comme certains fans de l’auteure le disent, le film lui est oubliable à cause de son manque d’ambiance qui ne rend pas hommage au bouquin. Personnages pas détestables ou ratés mais mise en scène bancale et sans profondeur nous empêchant de nous y attacher, musique peu inspirée malgré une intrigue très prometteuse qui aurait pu être bien mieux développé et porté, bref rien de nul mais rien d’énorme non plus, personnellement je vous conseillerais de faire comme moi : lire le livre qui est surement bien meilleure que son adaptation.