Autant le dire tout de suite, j'ai vu le film à l'avant-première mondiale, et la quantité de monde m'a forcé à me mettre en fond de salle. Cela a peut-être (sûrement ?) joué sur mon ressenti vis à vis du film, en raison d'une immersion pas top. Présenté comme un Gone Girl-like sans réelle personnalité, Dark Places reste sympathique. Pas transcendant, pas marquant outre-mesure (pour moi, mais ce type de thriller n'est pas forcément ma came), mais fichtrement honnête et ce n'était pas assuré.
Bien évidemment, les deux attractions du film sont Charlize Theron et le scénario de Gillian Flynn. Je ne m'éterniserai pas sur la première : je ne prétends pas savoir juger les performances d'acteurs, mais elle m'a semblé juste, en tout cas jamais dérangeante. Elle aurait peut-être pu améliorer son langage corporel qui semble un peu caricatural (dur à cuire, les mains dans les poches, les pieds qui traînent un peu, la tête baissée). En ce qui concerne le scénario, par contre, ça se corse. Il n'y a jamais de doute sur la non-culpabilité du frère, clairement établie dans la bande-annonce. C'est dommage, ça aurait pu amener pas mal de tension. Et puis l'éclatement de la vérité à la fin est bien trop prévisible, avec des indices disséminés bien trop grossièrement SPOILER FINAL
("Oh tiens ! Un serial killer qui fait passer des morts de gens endettés pour des accidents"/"Tu te souviens du vieux monsieur mort par accident alors qu'il était endetté ?"/"Mince, je suis endettée et je ne vais pas tarder à mourir. Comment cela se fasse ?")
SPOILER FINAL Bref, c'est par son ambiance et quelques autres retournements bien vus (mention spéciale à un fusil de Tchékov très bien intégré) que le récit fait mouche. Par contre, si l'intrigue principale est prévisible, le film a le mérite de permettre d’échafauder des théories, sur des faits supposément résolus.
SPOILER
Selon moi, Lyle est l'enfant de Ben et Diondra. La fille qui nous est présentée comme tel semble trop jeune pour les 27 ans qu'elle est censée avoir. De plus, Diondra évoque son désir de partir pour la Californie tandis que Lyle, qui a le bon âge, avoue souhaiter résoudre des enquêtes depuis son enfance durant laquelle il a déclenché un brasier mortel dans une forêt de ... Californie. De plus, Diondra, qui n'a rien caché à sa fille, aurait pu raconter l'histoire à son fils, qui veut désormais faire libérer son père. Et puis, avec une mère comme Diondra, rien de plus logique pour un gosse que de devenir un peu fifou.
SPOILER
La réalisation est plutôt soignée : la photographie est belle, avec une vraie personnalité, et n'essaie pas de singer Fincher (pas mal de Handheld/Steadicam). Gilles Paquet Brenner a donc fait un bon boulot à ce niveau là. Propre, sympa, mais pas transcendante, la réalisation est à l'image du film. Je lui souhaite une bonne vie en salle : il a son ambiance, son caractère, ses défauts bien sûrs, mais contrairement à ce que l'on pouvait supposer, il n'est pas qu'une simple commande pour surfer sur le "Par l'auteur de Gone Girl". Si vous appréciez ce genre de films, sortez le portefeuille, il vaut le coût ;)