Un bon film , techniquement très bien maîtrisé, presque envoutant . Et pourtant le concept de départ de faire un biopic, en se concentrant sur seulement trois journées de la vie de Steve Jobs, n’était pas évident. C’est comme trois huis clos successifs, dans 3 lieux différents (mais assez similaires), de salles de spectacle, louées pour le show de lancement de nouveaux produits.. Et le film ne s ‘intéresse qu‘ aux minutes qui précèdent le Show. Mais la mise en scène de Boyle est brillante, il alterne caméra légère, à l’épaule, qui suit Steve Jobs dans les couloirs, en courant, le temps se décomptant avant la présentation, et plan très travaillés, très soignés ,cadrages désaxés, accompagné d’une bande son très rock, Dylan et les Beatles, entre autres , les deux groupes préférés de Jobs. Le film se centre sur deux aspects de la personnalité de Jobs, tout d’abord l’entrepreneur, le visionnaire, qui n’était pas un spécialiste, mais avant tout un chef d’orchestre, comme il l’expliquera très bien. Il savait s’entourer des meilleurs. Et puis sa vie privée avec la relation avec sa première fille, Lisa,
qu’il rejettera d’abord, avant de la reconnaître sur le tard.
Beaucoup d’analogies et d’explications par rapport à sa situation d’enfant
rejeté, puis adopté, lui
même. Boyle essaye de comprendre certains aspects de cette personnalité si complexe, et Fassbender est remarquable dans son interprétation, il met une densité et un rythme surprenant dans le personnage. Kate Winslet est aussi excellente. On reste cependant, un peu sur sa faim, car le film laisse de côté d’autres aspects, du personnage : le pourquoi de ce malaise avec ChrisAnn, la suite de sa vie privé,ses autres amours, ses autres enfants, ? D'une certaine manière le film n’est pas un Biopic, mais une sorte de digression libre , d’essai artistique , centré sur certains points forts du personnage. La qualité du scénario de Aaron Sorkin, et la maestria de Danny Boyle, nous permettre de vivre cette aventure , comme un film à suspens, émouvant, juste et intelligent.