Ah là là, pas facile la petite vie d'adolescente de Pauline ! Un physique ingrat, le mal-être propre à cet âge, cette impossibilité d'avoir une vision de notre société autrement que par le cynisme, un entourage familial en train de doucement sombrer (mère psychorigide, père soumis, petite sœur atteint de la mucoviscidose), une absence cruelle d'amis, la gestion d'une libido en pleine explosion... et une fâcheuse tendance à fantasmer sur le découpage chirurgicale d'êtres humains avec bains de sang à la clé. La routine, quoi !
Aïe, "Excision" est typiquement le film qui n'aurait dû rester qu'un (sympathique) court-métrage.
En version longue, Richard Bates Jr ne nous délivre qu'un enchaînement de saynètes sur le malaise adolescent où le décalage censé être apporté par la vision déviante de cette héroïne si particulière n'arrache que quelques très rares sourires.
Pire, la notion de rythme semble avoir été totalement annihilée du cerveau du jeune réalisateur pour que son film se révèle d'un tel ennui mortel. Les tableaux gores artificiels issus de la psyché de l'héroïne que même un Ryan Murphy sous Prozac n'aurait osé intégrer à une 56ème saison d'American Horror Story n'y changent rien, "Excision" est d'une platitude invraisemblable et surtout très frustrante vu le gros potentiel que l'on sent tapis dans bon nombre de séquences mais qui n'explose jamais réellement (hormis, l'acte final, parfait, qui vaut à lui tout seul ces deux étoiles).
On se consolera alors du côté des acteurs avec, bien sûr, Annalynne McCord qui livre une prestation convaincante à l'opposé de ses habituels rôles de blondes caricaturales de séries TV mais aussi avec une multitude de seconds rôles prestigieux (Traci Lord excellente en mère glaçante, le toujours très bon Roger Bart en père à côté de la plaque et les apparitions de Malcom McDowell, Ray Wise, Matthew Gray Gubler ou encore John Waters, la classe quand même !), sans doute tous convaincus par un pitch on ne peut plus prometteur.
Dommage que le résultat final ne soit pas à la hauteur des attentes car on ne demandait qu'à adorer cette "Excision"...