Le Manoir de la Terreur est un film d’horreur italien assez ancien maintenant, que j’ai découvert récemment en fait, alors que je suis plutôt amateur de ce cinéma-là. Comme quoi…
Comme dans beaucoup de films proches de ceux de Fulci par exemple, on se retrouve avec un casting pas très fameux, qui a tendance à surjouer, et à faire trop théâtral. Il y a un manque de naturel en fait, et si parfois cela aide à l’expressionisme de ce cinéma, notamment dans les meilleurs Fulci, parfois, comme ici, c’est assez gênant. De surcroit on se retrouve ici avec des personnages finalement trop banals, en dehors du duo Peter Bark/ Antonella Antinori, singulier et même relativement étrange, qui surprend. Pour le reste on hérite de la blonde qui crie, et de personnages masculins globalement assez fadasse.
Le scénario a plusieurs mérites. D’abord le film débute vite, et on ne peut pas dire qu’il y ait de temps morts dans le fil du métrage, avec une bonne répartition des scènes chocs et des moments forts. Je relève aussi une fin particulièrement soignée, qui donne à ce métrage un piquant que n’ont pas beaucoup de films de zombis. Pour le reste l’histoire est certes très simple, mais le film est original dans le genre puisqu’il fonctionne en huis clos, ce qui n’est pas si courant, surtout sur toute la durée du film. Finalement on se prend au jeu de cette forteresse assiégée dont les défenseurs perdent peu à peu du terrain. Après c’est vrai qu’il y a des incohérences, que les réactions de certains des personnages sont peu crédibles parfois, mais c’est une récurrence du cinéma d’horreur italien.
La réalisation est solide. Bianchi livre une bande convaincante, très marqué par les références du genre. Gros plans sur les effets sanglants et les maquillages pleins de vers, meurtres lents et graphiques, marche des zombis très fulcienne, en retrouve les arguments d’un réalisateur qui connait ses modèles et a une maitrise du genre. A cela s’ajoute des décors très corrects, d’un château peut-être un peu dépouillé, mais bon le film n’a pas non plus un bien gros budget, et une photographie brute, simple, qui peine du coup aussi à distiller une réelle ambiance. C’était là la force des meilleurs films fulciens, on aurait pu espérer quelques efforts sur l’atmosphère. Les maquillages des zombis sont variés et tout à fait réussis dans le rendu de la pourriture. Certains sont franchement très impressionnants, même si les visages inexpressifs trahissent l’épaisse couche de pâte qui les couvre. Pour le reste beaucoup évoquent un film très gore, très sanglant. C’est vrai qu’on évolue dans un film où il y a de bonnes scènes gores, mais pas plus ou moins que dans tout bon film de zombis qui se respecte. Après il y a le style assez racoleur du cinéma italien qui se fait ressentir, avec des mises à morts assez longues et vicieuses, et parfois totalement bizarres (la mort de la mère). C’est bien fait mais il y a bien pire. La bande son est très sobre, très planante, mais n’a pas un grand effet.
Au final Le manoir de la terreur est loin d’être un ratage. C’est un film de zombis qui certes ne soutient pas la comparaison avec Frayeurs ou L’Au-delà, mais qui a le mérite d’être très sérieux, et plutôt bien fait. Ça tient la route, et je donne 3.