Passé totalement inaperçu lors de sa sortie en salle durant le mois de juin 2014, The Rover de l’australien David Michôd mérite amplement une seconde vie dans les collections de tous les cinéphiles car étant une véritable claque cinématographique qui d’ici quelque années deviendra surement un film culte. Cela fait maintenant dix ans que le système économique mondial s’est effondré. L’Australie n’est plus qu’un no man’s land sans lois où la mort rôde en permanence. Lorsqu’un homme, ancien soldat devenu vagabond, se fait voler son unique bien qui n’est autre que sa voiture par un trio de malfrats, il se lance alors dans une quête sanguinaire pour la récupérer et embarque au passage Rey, le frère simplet d’un des voleurs, abandonné par le gang après un casse qui a mal tourné. Présenté dans la catégorie hors-compétition lors du 67ème Festival de Cannes, on se dit après visionnage de The Rover qu’il aurait peut-être mérité d’être dans la compétition officielle rien que pour sa mise en scène et ses deux acteurs principaux, bluffants dans leur rôle. Passé Cannes, The Rover est sorti dans les salles obscures et personne ne l’a remarquez, comme si tout le monde s’en fichait. Avec à peine 57 000 entrées et des poussières en France, le film de David Michôd ne fut pas le plus gros succès du mois de juin 2014, et ses recettes au box-office mondial s’élèvent à deux millions de dollars, il en a coûté douze millions. Mais quand on voit le film on peut comprendre pourquoi ce désintéressement de la part du public même avec deux grandes stars au générique : un scénario qui tient en trois lignes, peu de dialogues, de la violence, un réalisateur quasi-inconnu, un côté film d’auteur,… bref The Rover n’est pas le genre de film que tout le monde va aller voir et aimer. Personnellement j’aime beaucoup ce genre de film qui repose presque entièrement sur l’ambiance qu’a créé le réalisateur pour donner un cadre à la simplicité fascinante de son scénario. Mais ici, en plus de l’ambiance post-apocalyptique de ce film d’anticipation aux accents de western moderne, ce qui lui permet d’être encore plus réussit c’est bien grâce à ses deux têtes d’affiches que sont Guy Pearce et Robert Pattinson. D’abord parlons du film en général. The Rover est donc la deuxième réalisation de David Michôd, qui succède donc à Animal Kingdom, considéré depuis comme un talentueux cinéaste et avec ce film il se classe selon certains critiques parmi les cinéastes majeurs du moment. Et il est vrai que quand on voit The Rover, on peut observer que le réalisateur à un certain talent car il nous emmène dans un voyage tumultueux aux confins d’une Australie désertique remplie de violence et de décadence. Difficile de ne pas penser au mythique Mad Max de George Miller, l’un des plus grands films d’action du cinéma, quand on voit les paysages poussiéreux et secs de l’Australie, les routes désertiques, les voitures sales, la violence des personnages et l’ambiance de décadence qui s’y dégage en général. Mais le film n’a rien à voir avec le Mad Max de 1979 puisque nous suivons dans The Rover le périple d’un homme, accompagné d’un jeune voyou simplet, qui recherche les hommes qui lui ont volé sa voiture. Le scénario s’arrête là quand on veut en faire le plus simple résumé. Mais ce scénario très simple, lorsqu’il est mis en scène par David Michôd, en devient plus complexe et passionnant car le cinéaste australien livre une sorte de western post-apocalyptique moderne violent et intense où l’on s’intéresse plus au côté psychologique des personnages notamment avec la relation qui se tisse entre les deux personnages principaux. Le film est particulièrement prenant car possédant un style propre et une ambiance encrée dans la violence du monde qui est décrit par le réalisateur et dans la noirceur du personnage de Guy Pearce. Avec quelques scènes brillantes comme par exemple le début juste saisissant avec le vol de la voiture du héros et la course-poursuite entre les voleurs et celui-ci qui est démente, rappelant à la fois Mad Max et Duel de Steven Spielberg, David Michôd nous entraîne dans son histoire passionnante jusqu’à une conclusion superbe avec un affrontement final intense et violent entre nos deux héros et les voleurs pour terminer sur une fin juste déstabilisante où l’on découvre le contenu de la voiture et pourquoi le personnage principal tenait tant à la retrouver. Mais comme je le disais plus haut, là où le film est encore plus réussit, c’est dans son casting. Ce sont sans doute les deux stars têtes d’affiche qui permettront à The Rover d’acquérir une plus grande notoriété. Dans la peau d’un homme peu bavard, déterminé, âpre, violent et froid, Guy Pearce excelle dans ce qui est sans doute l’un de ses meilleurs rôles au cinéma avec celui de Memento de Christopher Nolan et quant à Robert Pattinson, il est tout simplement superbe dans le rôle d’un jeune simplet abandonné par son grand frère qui commence à se lier d’amitié avec le personnage de Guy Pearce qui semble peu amical. Une prestation juste bluffante c’est le mot. Décidemment excellent acteur, la star de la saga Twilight n’est désormais plus ce beau vampire qui rend totalement folles toutes les adolescentes, mais bel et bien un véritable acteur qui sait interpréter des rôles différents et faisant de plus en plus de choix audacieux pour bâtir une filmographie de plus en plus fascinante. L’acteur continu sa métamorphose post-Twilight, passant de films réalisés par David Cronenberg à des films de James Gray ou de Werner Herzog. Accompagné d’une bande-originale stylisée et d’une magnifique photographie, The Rover de David Michôd fut donc une claque, un petit film brillant qui possède un vrai style et confirmant au passage que ses deux interprètes principaux sont de grands acteurs. C’est un film en apparence simple mais qui est bien plus que ça dans le fond car nous parlant notamment de la rencontre entre deux hommes que tout oppose mais qui tissent une relation certes peu flagrante mais forte, visible dans les derniers plans du film avec les larmes de Guy Pearce.