Ah, je fais pas exprès de me taper la sélection de Cannes, y'avait des trucs sympas, promis, je regarderai pas Grace de Monaco. Alors, même si c'est compliqué à expliquer, The Rover est plus un film que l'on juge sur la forme que sur le fond. Pourquoi? Bin parce que le scénario tient sur un timbre-poste : un monsieur pas content se fait voler sa voiture et va chercher les méchants avec un des méchants pour la récupérer. Bien que je ne sois pas totalement emballé, ce film aura atteint des sommets sur certains points de ma culture cinématographique. Premièrement, c'est un des films les plus lents que j'ai vu. Les plans fixes durent longtemps, les scènes de dialogues durent longtemps, rien que le premier plan dure 40 secondes enfin bref. Ceci a pourtant pour avantage de créer une certaines tension dans pas mal de scènes, où on se demande quasiment à chaque fois :
va t-il le tuer ou non?
C'est donc plutôt positif, plutôt prenant dans ces moments, mais tellement barbant le reste du temps... Deuxièmement, la musique est tellement oppressante, tellement "minimaliste" que c'est un peu difficile à encaisser par moment. Ceci entraînant le "troisièmement". Donc troisièmement, c'est encore une fois une des ambiances les plus déguelasses que j'ai vues, avec cette mise en scène sombre, ces décors arides au fin fond de l'Australie, les gens flippants, les mecs pendus un peu partout, ces plans collés aux acteurs, limite en mode FPS, le ressenti global est plutôt mitigé. D'un côté c'est bien foutu, le film se veut d'être réaliste, tendu, noir, et ça marche très bien, mais c'est totalement surjoué, sur la mise en scène, oui, mais aussi sur le jeu d'acteurs. Guy Pearce est un excellent comédien, cela va sans dire, mais à vouloir lui faire jouer un connard sans coeur, qui parle quasiment pas, que l'on arrive pas à cerner, on risque de perdre le spectateur et c'est ce qui m'est arrivé. Le mec se la joue "papa badass", à réussir à se sortir de n'importe quelle embûche, à maîtriser chaque situation, sans un mot, sans un signe de tendresse, et du coup, il est impossible d'éprouver une quelconque empathie pour lui. La seule révélation, le seul moment où il s'ouvre du film où l'on comprend pourquoi il est comme ça, c'est lors d'un dialogue avec un figurant qu'il connaît depuis deux minutes et qui, visiblement, n'a pas la lumière à tous les étages. Heureusement, et qui l'eût cru, il y'a Robert Pattinson. Si on m'avais dit qu'un jour j'éprouverais une sorte d'"affection" pour Robert Pattinson. Il joue un "héros" totalement désorienté, à qui on s'attache cette fois-ci car justement, on essaye de se mettre à sa place, on a une sorte de peine pour lui. Même quand
il tue des gens
, c'est pour plaire à l'"image paternelle", on ne lui en veut pas. Enfin bref, The Rover est un film esthétiquement très réussi, qui réussit beaucoup à jouer sur la tension, mais qui malheureusement a un peu tendance à en faire trop... tout ça pour un dénouement que je qualifierais poliment de "à chier". Une expérience de cinéma pour les curieux en revanche.