La critique bobo et germanopratine a d'emblée détesté, évidemment. Cela commence par un enterrement, celui de la mère d'Antoinette, la soixantaine gaillarde au physique, mais avec l'âge mental d'un petit enfant. Sa tutrice (Christine Murillo) doit se résoudre à envoyer "Nénette" (Josiane Balasko) en maison de retraite. Mais Nénette n'y reste qu'une nuit et fugue. Elle cherche à gagner Angers (depuis les environs de Tours). D'abord parce qu'on veut lui enlever sa tortue "Totoche", et aussi parce qu'elle a trouvé une photo de sa mère avec sans doute le père qu'elle n'a jamais connu à ses côtés, une lettre de celui-ci et une enveloppe avec un nom et une adresse. En route, elle se repose au bord d'une route, oublie sa valise (qui contient son portable) et suit un... lapin dans une forêt où la nuit la surprend. Nénette, l'Alice du 3ème âge, tombe alors sur une "rave" et s'y fait des amis pittoresques (dont "Silver", joué par George Aguilar, comme toujours distribué par Josiane Balasko, en épouse attentionnée), qui l'emmènent à destination. Nénette fait la connaissance de Paul (Michel Blanc), son demi-frère adultérin, lui aussi sexagénaire (leur père commun est mort depuis 15 ans) qui a repris sans enthousiasme l'officine paternelle, lui qui se rêvait concertiste. Retombant le soir-même sur ses nouveaux "potes", Nénette se retrouve dépositaire d'un grand sachet de "sucrettes". Paul en tâtant le lendemain dans son café va alors passer une folle journée à la mer, sous "ecstas", où il rendra leur liberté aux bernards l'hermite qu'il élève en terrarium, retrouvera son ex-femme (Brigitte Roüan) et le nouveau mari de celle-ci, mais aussi son fils unique et Lila, sa petite-fille (tout de suite en familiarité avec cette compagne de jeu improbable qu'est Nénette), dégourdira son doigté de pianiste (Blanc joue lui-même), agacera la maréchaussée etc. L'effet de la drogue (et de l'alcool aussi, dont il s'était imbibé en parallèle) dissipé, sa bonhomie, voire son empathie contagieuse (d'abord avec sa demi-soeur tombée du ciel) disparaîtront. Pour mieux renaître, quelques épreuves plus tard, sans artifice cette fois. "Heureux les simples d'esprit...". Cette gentille fable, variation contemporaine sur les Béatitudes, sans être une réussite totale, est plutôt bien écrite, avec entrain et sans mièvrerie. Si Blanc, comme toujours, est parfait, autant dans le registre du début (blasé, morose et détestant un peu tout le monde) que dans la suite, se bonifiant à vue d'oeil, Balasko, pour qui les années se suivent et ne se ressemblent pas côté famille au cinéma (en 2012, elle était une redoutable "Maman") campe cette bienheureuse innocente de Nénette de manière hélas vraiment outrée, soulignant le trait de manière forcée, voire caricaturale. Bémol indéniable donc pour ce 8ème film (globalement honorable), où elle est partout à la manoeuvre : à l'écriture (dialogues compris), dans le rôle-titre et à la mise en scène.