Après près de 50 ans de carrière, marquée par quelques films de très grande qualité (Les poings dans les poches, Le saut dans le vide, Buongiorno notte, ...), on pouvait s'attendre à une baisse de régime de la part de Marco Bellocchio. Mais, à l'instar d'un Bernardo Bertolucci (Moi et toi), et dans un registre tout autre, le cinéaste italien semble avoir retrouvé du mordant avec Vincere. La belle endormie n'a certes pas la même puissance ni une construction aussi impressionnante, il n'en est pas moins un film dense, intense (sporadiquement, c'est vrai) et véritablement poignant. Bâti de façon chorale, avec au moins quatre intrigues parallèles que le metteur en scène réussit à hisser à la même hauteur, Bellocchio livre cette fois un constat accablant de l'état de la société italienne, notamment à travers son personnel politique, cynique et coupé des réalités du terrain. A travers le thème de l'euthanasie, qu'il traite souvent de façon indirecte, le film se révèle être avant tout, au-delà du débat qui a enflammé l'Italie fin 2008, un hymne à la vie, à la compassion et, surtout à l'amour. Si Toni Servillo et Isabelle Huppert tiennent le haut de l'affiche, ils sont cependant moins présents et convaincants que la jeune Alba Rohrwacher qui s'affirme de film en films La belle endormie est le genre d'oeuvre polyphonique qui, malgré certains passages inégaux, gagne ses galons sur la longueur et finit par distiller son pesant d'émotion sans que celle-ci ne paraisse forcée.