Cela commence par une femme qui se réveille dans une église, et qui se sauve en emportant la caisse. Sûr que ce n’est pas comme ça qu’elle sauvera son âme. Ensuite c’est plusieurs histoires qui se croisent en une seule et même trame. Doit-on être pour ou contre l’euthanasie dans l’Italie de Berlusconi, telle est la question. Une Italie en pleine crise morale, entre tradition religieuse tenace, et démocratie médiatique « berlusconienne ». Un sénateur concerné au plus au point par le sujet, puisque sa femme est elle-même en phase terminale d’une longue maladie, doit-il voter ou non la loi contre l’euthanasie ? Sa fille est catholique « intégriste », elle est contre. Pour ou contre ? L’auteur a assez de talent pour éviter le film à thèse vers lequel on glissait dangereusement, avec dénonciation de l’obscurantisme des uns et des autres, les politiciens véreux, préjugés, crise sociétale, et le cynisme dans le corps médical, etc. Il transforme le tout en tranche de vie. Evidemment, quatre histoires c’est beaucoup, et elles ne sont pas toutes développées, mais heureusement, les personnages sont intéressants et les rapports entre les uns et les autres sont conflictuels, mis en scène avec savoir-faire, et on peut par moment trouver cela drôle et décalé. C’est un débat déguisé en fiction, et j’ai suivi le « débat » d’idées avec plaisir. Le personnage du sénateur c’est le plus intéressant. Huppert reste Huppert, mais j’ai quand même un faible pour l’actrice qui joue la junkie, elle nous fait un superbe monologue vers la fin, superbe numéro d’acteur, dan une superbe scène à mettre en relation avec le mythe de la belle au bois dormant, (c’est évident). Mais je n’en dirai pas plus. Il y a émotion, intelligence, film à voir donc.