Quand un bon film étranger rencontre un certain succès à l’international, les américains ont pris l’habitude d’en faire un remake plutôt que de sortir dans leurs salles le film original doublé ou avec des sous-titres. Si parfois ils réussirent à rendre hommage au film original, voire à le transcender ("Les 7 Mercenaires", "The Grudge", "Speed", "Les Infiltrés", "True Lies", "Man On Fire", "Reservoir Dogs"…), on doit bien avouer que bien souvent le résultat fut mauvais voire catastrophique ("La Fille en Rouge", "The Eye", "Diabolique", "The Experiment", "En Quarantaine", "The Ring/Le Cercle", "Old Boy", "My Sassy Girl"…). Aujourd’hui c’est au tour de "Ne Nous Jugez Pas", un film mexicain méconnu, de passer entre les mains de nos amis mangeurs d'hamburgers ; et il faut avouer que la démarche est assez surprenante tant le film original est déjà plus que moyen. Nous nous retrouvons donc devant un film étonnant nous dépeignant le quotidien d’une famille aux « habitudes » peu orthodoxes, dont la réalisation se révèle être plutôt de bonne facture avec de beaux travellings optiques, des plans bien cadrés sur de bien jolis paysages naturels, une photographie maîtrisée avec un habillement judicieusement feutré et des décors et costumes soignés. Esthétiquement, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de boulot ; par contre, c’est au niveau du traitement que quelque chose ne passe pas : si "Ne Nous Jugez Pas" se présentait comme un film d’auteur à tendance sociale qui basculait dans le gore burlesque, "We Are What We Are" change de contexte initial (la famille ne se livre plus à son « habitude » à cause d’une pénurie de viande mais en suivant une obscure et incohérente tradition familiale) et glisse entre le thriller et le drame psychologique tout en dénonçant une sorte d’intégrisme religieux. Au final, le film se retrouve être moins audacieux que son modèle et peine grandement à retenir notre attention : le film est long, chiant vu qu’il ne se passe pas grand chose et, comble absolu pour un film amerloc, on est obligé d’attendre la pseudo scène de sexe traditionnelle pour que le récit se réveille enfin…mais cela intervient au bout de 1h10 de film (sur une durée totale de 1h35 : un calvaire !), soit bien trop tard pour nous récupérer ! Le film ne s’assume jamais et ce n’est malheureusement pas son ultime séquence grand-guignol (dont la sublime amoralité n’a d’égal que son inutilité) qui parviendra à stopper le naufrage entamé. Encore une fois, alors qu’il y avait de quoi obtenir un bon résultat, le cinéma US aurait dû s’abstenir de réaliser un remake…le seul intérêt de "We Are What We Are" est qu’il pourra peut-être vous aider à régler vos problèmes d’insomnies.