Qu’il va être difficile de parler de "La momie"… parce que cette année 2017 voit une nouvelle version appelée sous le même nom. Il va falloir à chaque fois préciser le millésime ou l’acteur principal. Au vu des progrès en matière d’effets visuels, il semblait de bon augure de faire un nouveau remake pour en faire quelque chose de plus spectaculaire. Seulement voilà : la tâche est rude après une très bonne version 1999 avec Brendan Fraser, lequel avait (déjà) damé le pion à Tom Cruise. Et le fait est que la version 2017 ne soutient pas la comparaison avec son ainée. D’où une note moyenne donnée par les internautes cinéphiles très… moyenne. En fait, le film d’Alex Kurtzman a le tort de ne pas être sorti avant la version 1999. Il aurait mieux valu que les deux films s’échangent les dates de sortie. Il y a fort à parier que les spectateurs se seraient montrés plus tolérants. Il faut dire que le développement des personnages était nettement plus abouti dans le film de Stephen Sommers. Tandis que là… Qui est Nick Morton ? Un mercenaire qui doit repérer les groupuscules de djihadistes ? Un chasseur de trésors ? Un archéologue ? Un pilleur de tombes ? On n’en sait rien. La seule chose qu’on sait de lui, c’est qu’il met à contribution ses folles nuits d’amour pour tracer sa route. En somme, c’est le flou artistique le plus total sur le personnage interprété par Tom Cruise. Peut-être est-ce dû à la volonté de ne pas faire quelque chose de trop proche de la version précédente, voire s’en démarquer totalement pour assumer pleinement la relecture de l’histoire. Malgré une fusillade pas très crédible (des étincelles sur des murs en terre ou en pierre, voyez-vous ça !), le début n’est pas trop mal, et a le mérite de mettre en scène une femme pour cette fameuse momie. Le comble est que le spectateur éprouve une sorte de compassion pour cette femme au vu des conditions de sa punition, ce qui ne fut pas vraiment le cas 18 ans plus tôt. La faute au fait qu’on ne ressent pas vraiment son désir de vengeance. Au contraire, c’est tout juste si on ne l’entend pas chanter "libérééééééée, délivrééééée" pour s’épandre comme un félin attendant son heure de gloire, quand ses pouvoirs auront atteint leur apogée. Pourtant sa fureur devrait être à la hauteur de toutes ces années d’emprisonnement ! Mais pas plus que ça finalement, si ce n’est cette rage tempétueuse diffusée dans la ville londonienne à en faire voler en éclats toutes les vitres de la ville. Une scène impressionnante, par ailleurs… Sofia Boutella a fait les choses comme on lui a certainement demandé. Elle a fait de la momie un personnage sensuel (si, si) malgré son teint empreint de mercure. Et elle l’a bien fait. Mais ce ne sera pas le rôle de référence dans sa carrière d’actrice. Car son personnage passe plus de temps à geindre et à supplier que de répandre la peur. Les choix des scénaristes sont quand même curieux, des fois. De là à prêter une démarche de zombies aux morts réveillés… Mouais, bon. C’est contestable. J’avais adoré la démarche mécanique à la militaire en 99… Là, ça en jetait, et il y avait de quoi susciter une vive inquiétude devant des troupes apparemment bien décidées. Tandis que là, bof : ça ne fait aucun effet particulier. C’est même presque dérangeant. Ensuite dans l’histoire, on tourne un peu en rond. Alors pour garder le spectateur devant son écran, ils ont intégré le personnage de Jekyll dans l’histoire, histoire de pimenter un peu tout ça, et surtout pour lorgner vers la suite des événements (a priori, un prochain film sera davantage centré sur lui et intégré à la saga des Universal Monsters). Oui, LE docteur Jekyll en personne. De nos jours ! Y’a pas comme un souci de gros anachronisme, là ? je veux bien que "La momie" relève du genre fantastique, mais il y a quand même des limites ! C’est un personnage du XiXème siècle tout de même ! J’avoue être resté pantois quand l’identité du personnage de Russel Crowe a été révélée. Le jeu des acteurs est honnête, mais on a connu Tom Cruise et Russell Crowe beaucoup plus inspirés. Dans le rôle de Chris Vail, Jake Johnson tire assez bien son épingle du jeu en gars qui rechigne tout le temps. Son personnage constitue même une très bonne idée en l’utilisant sous forme d’hallucinations. Ça rajoute un peu de fun. Autant dire que sans lui, sans le fait que la momie soit une femme, et surtout sans les effets spéciaux, "La momie" serait une immense catastrophe surnaturelle au lourd bilan de 125 millions de dollars gâchés. Et pourtant, les 111 minutes passent assez rapidement, ce qui constitue un sacré paradoxe. Moi qui avais jugé ce film pas trop mal en quittant la salle, c’est en y réfléchissant de plus près que je me suis rendu compte qu’il ne valait finalement pas tripette. En conclusion, les trois éléments que je viens de citer (le côté fun apporté par Jake Johnson, les effets visuels et le fait que la momie soit une femme) sont suffisants pour amener le spectateur jusqu’au bout sans trop d’encombres. Surtout si celui-ci a pensé à s’offrir des gourmandises… Comme quoi, le pop–corn movie réussit plus ou moins son coup...