Retour à San Francisco, ou plutôt dans la forêt luxuriante située à proximité immédiate de la ville. La communauté des singes s’est développée, le plus loin possible du drame que vivent les humains, victimes de la grippe simienne, un rétro-virus sorti tout droit des laboratoires Gen-Sys sous le nom de code ALZ-113. Rupert Wyatt étant engagé ailleurs, c’est Matt Reeves qui a eu la lourde tâche de reprendre le flambeau. Et vu la grande qualité du prequel, il ne fallait pas se rater. Dix ans se sont écoulés et nous retrouvons les singes, plus nombreux, installés et organisés, aux portes d’une ville méconnaissable, plongée dans un chaos apocalyptique. César est toujours à la tête du groupe, et tout semble aller pour le mieux dans leur vie quotidienne. Pourtant, les traits de César sont plus tirés, plus sombres, semblant être en proie à une colère permanente. D’accord, il a vieilli, mais on ne voit pas autant qu’avant ces changements d’expression qui le rendaient si attachant. De même, dans la démarche, il semble un petit peu plus humanisé, tellement que des fois, on se demande si c’est vraiment un singe qui bouge. Bien sûr, nous n’ignorons pas que c’est une nouvelle fois Andy Serkis qui a endossé le rôle, et il a bien du mérite d’arriver à ce niveau-là dans son interprétation. La belle panoplie d’expressions faciales revient cette fois à Koba, interprété de main de maître par Toby Kebbell, à qui je donne ma mention spéciale. Tour à tour inquiétant, voire effrayant, soumis, insoumis, et même drôle, c’est tout juste s’il ne vole pas la vedette à César. Mais ce qui est impressionnant, c’est la grandeur que dégage César : il suffit qu’il se mette debout, ou qu’il lève simplement la main, pour que tout s’arrête instantanément, témoignage d’une immense fidélité et d’un profond respect que son groupe lui accorde. Ça en fait presque frissonner. Alors que la fin des origines avait été changée pour laisser le chercheur Will Rodman en vie pour une éventuelle suite, nous avons affaire à un homme aussi bon que lui : Malcolm, joué par Jason Clarke, celui-là même qui a interprété avec grande classe Rob Hall dans "Everest". Keri Russell est également présente et Gary Oldman, dans sa série de rôles sages, fait également partie de la fête. Mais ce sont bel et bien les singes qui détiennent les rôles principaux. Plus long que l’épisode précédent, l’affrontement annoncé dans le titre met du temps à se mettre en place. Les faits qui conduisent à ce fameux affrontement sont plutôt bien construits, mais on en arrive presque à s’impatienter. Ensuite certaines scènes d’action sont impressionnantes
, notamment lors de la bagarre opposant César à Koba
. Le tout donne un résultat épique, plus sombre, grâce à des effets visuels époustouflants, signes de la bonne utilisation du budget conséquent. Quant à la musique, elle passe plus ou moins inaperçue. Malgré quelques moments d’émotion,
je pense notamment à la scène où Malcolm et César se posent front contre front,
le tout est légèrement moins immersif. Mais rassurez-vous : le grand spectacle est au rendez-vous, grâce à son esthétique visuelle et grâce à une photographie léchée. Pari réussi pour le réalisateur Matt Reeves.