Un budget microscopique pour des revenus pharaoniques. Tel est sans conteste la devise du célèbre producteur du phénomène Paranormal Activity, Jason Blum. Si l’affiche de Dark Skies fait mention de l’incartade du producteur dans l’univers de la Science-Fiction, autant dire que peu importe le sujet, ici les petits hommes verts remplacent les esprits frappeurs, le produit est sensiblement le même. Une maison de banlieue, des journées lumineuses et des nuits infernales, une famille avec enfants, on prend les mêmes et on recommence, ici à la sauce X-Files et enlèvements extraterrestres. Le quotidien d’une famille décrite comme dans la normalité vire à l’enfer lorsque de nombreux phénomènes paranormaux viennent troubler leur quotidien. La montée en puissance des mystères qui entoure le foyer familial débouchera sur l’apparition de petits homme de l’espace, dénommé les gris, sans doute un hommage à Dreamcatcher de Stephen King.
Si comme dans toute production signée Jason Blum, l’effet flippant est garanti, la part de mystère est conséquente, le final, lui, n’est pas satisfaisant. A l’image du récent Sinister, tout commence bien mais finit dans la plus franche faute d’écriture. Si le cinéaste aux commandes, le peu convaincant Scott Charles Stewart, s’était efforcé une heure et quart durant à faire vibrer le public en ne lui montrant quasiment rien des visiteurs de la famille, le final laisse apparaître les lacunes propres à un budget si minime que même les ordinateurs des créateurs d’animation n’auront su combler en donnant corps à des créatures venues d’ailleurs franchement décevantes. Pour autant, la recette fonctionne dans l’ensemble harmonieusement, si bien qu’en cours de route, l’on se retrouve littéralement captivé par les malheurs de la famille ici victime des envahisseurs. L’apothéose de la terreur tient ici à une simple tête à tête entre les parents et un soi-disant spécialiste du genre, exposant une théorie faisant froid dans le dos.
Vous l’aurez compris, alors qu’une nouvelle fois l’équipe de Jason Blum avait tout pour bien faire, une final précipité vient entacher l’ouvrage. Des effets visuels inégaux, un retournement de situation et une dernière séquence en queue de pelle, la bonne affaire pour saper en une dizaine de minutes le processus effrayant des 70% du film. Dark Skies c’est aussi l’occasion de retrouver Keri Russell, actrice très discrète depuis quelques années qui ici s’affiche comme une femme forte mais consciente de sa précaire nouvelle condition de vie. Elle est très clairement l’interprète la plus en vue dans le film, celui-ci n’étant desservi que par un minimum d’efforts d’interprétation.
Pas si mauvais mais franchement décevant au final, Dark Skies est une preuve de plus que les artisans de l’horreur au 21ème siècle ont des idées plein la tête mais sont pourtant dotés d’innombrables maladresses qui font des films du siècle passé d’’indétrônables références. Si les amateurs d’ovni, d’invasion et de petits hommes verts prendront sans doute un certain plaisir à découvrir une nouvelle vision du phénomène, je préfère, pour ma part, me relancer dans la série de mon enfance, X-Files, dont Fox Mulder aurait été un personnage approprié aux cotés de la famille ici victime des phénomènes. Parfois flippant mais surtout trop référencé pour réellement faire peut, Dark Skies est une nouvelle réussite financière pour Jason Blum mais une nouvelle démonstration d’inertie au cinéma à l’heure ou l’industrie peine à évoluer. 07/20