La franchise étant assez inégale je ne savais pas à quoi m’attendre. En effet, si Casino Royale a dynamité les codes et dépoussiéré le genre en le revisitant façon Jason Bourne, Quantum of Solace était mou, tandis que Skyfall avait le mérite d’explorer le passé et de faire avancer l’intrigue, alors là vers quoi le réalisateur allait s’orienter ?
Tout simplement il met un point final à la série, comme Nolan avec Batman Rises, on voit la tête du complot qui gérait tout ça. Bon ça me parait un peu tiré par les cheveux mais pourquoi pas, les grandes organisations qui dirigent le monde ça marche toujours. Par contre il y a 2 soucis : d’abord le méchant, nul, raté, sans charisme, Waltz ça paraissait alléchant mais là… Pas d’épaisseur, pas bien joué, un Elliott Carver (Demain ne meurt jamais) de meilleure facture, sans plus, et une motivation pour ses méfaits juste… euh risible, ridicule, déb.ile, capillotractée, incohérente, grotesque, absurde, aberrante… non toutes les mentions sont valables. Franchement le coup du
je suis jaloux de mon petit frère alors je vais dominer le monde et le faire souffrir en montant une organisation gérant même les gouvernements et des attentats internationaux
non désolé mais ça peut pas passer, pour le coup les scénaristes auraient pu se creuser un tantinet. En plus, ce côté point final va gêner le dernier Bond de Daniel Craig car relancer l’intérêt pour une seule production me semble hasardeux.
L’autre problème c’est qu’à force de faire du Bourne, du spectaculaire et tout, on perd en réalisme, comme dans la saga susnommée. Bond était pas censé
perdre ses sens avant d’avoiner tout le monde ? Au passage il devrait avoir des trous dans la tête, ça se voit et ça saigne, non pas là.
D’ailleurs niveau réalisme on en revient, comme dans Sexcrimes, à l’enchaînement des situations. C’est tout bonnement impossible de prévoir les actions et réactions de tant d’acteurs dans la pièce que monte Waltz. Là ça parait même banal, n’importe quoi, tout comme le fait de récupérer autant d’argent pour toutes ses organisations et constructions.
Bon à part ça tout n’est pas nul, loin de là : la scène du début est canon, comme Monica Bellucci même si on la voit peu et qu’on ne pige pas trop l’utilité de son rôle (oui je sais, une JBG de plus, c’est normal, faut du glamour), l’histoire reste pas mal, la trame pas complètement usée, l’action est là mais à force on ne la remarque plus guère, la musique est bien dans le ton, comme le rythme (endiablé) malgré plusieurs longueurs vraiment inutiles, les dialogues sont moyens et l’humour régresse un peu. Niveau acting c’est compliqué. Si Waltz n’a pas un super rôle il semble le savoir vu qu’il joue avec retenue, pas de mégalomanie, c’est assez plat, adjectif qui peut s’appliquer à toutes et tous. Craig a toujours eu ce style, s’il est actif il demeure mou et assez inexpressif, le tas de muscle en somme. Quant à notre « fierté nationale » alias Léa Seydoux je ne vois pas ce qu’elle vient faire ici, son rôle est pitoyable (oui
se faire enlever comme ça et secourir façon princesse, mais se révolter pour se la jouer féministe mais quand même succomber sans raison à l’autre
) bref tout ça et plus encore sans trop montrer d’émotions (enfin plus que Daniel déjà) c’est juste, pas attrayant dirons-nous. Mention spéciale néanmoins pour les décors, trop inhabituel de voir de tels paysages si bien filmés.
Au final c’est un opus dans la lignée des précédents, qui relie tous les Bond avec Daniel Craig sous des prétextes très limites, sans sortir des codes de la saga. Ça clôt une intrigue sous-jacente qu’on ne sentait pas dans ce genre de reboot de la franchise, ça montre que Quantum of Solace est na.ze car zappé, mais ça essaie d’imposer un renouveau sans s’affranchir complètement du passé, donc ça tombe à plat.