Une énorme déception, même en plaçant la barre moins haut que Skyfall. Se dire que ce film met un terme à l'intrigue des 3 précédents opus avec Daniel Craig, c'est frustrant, rageant, et stupide. On a envie de dire : "tout ça pour ça" ??!! Donc, le grand méchant cause de tous les malheurs de Bond depuis Casino Royale, c'était Blofeld, frère adoptif de Bond qui a construit un syndicat du crime pour conquérir le monde juste par jalousie d'un frère qui commençait selon lui à prendre trop de place dans sa nouvelle famille ???? (Bond est censé avoir été recueilli par un certain Oberhauser après la mort de ses parents). Mais où diable les scénaristes sont-ils allés chercher une telle absurdité ? Ils semblent explorer la corde de l'enfance de Bond jusqu'au trognon, mais là, c'est la fois de trop !!! Tout sonne faux : d'abord, Daniel Craig joue mal, on le sent peu concerné, sauf pour gagner quelques dollars de plus en endossant un rôle sur lequel il n'arrête pas de dauber. Ses seules expressions sont la moue et le regard moqueur quand il s'apprête à prononcer une réplique drôle. Son personnage est grotesque car il est tout simplement indestructible : il se prend un immeuble sur la tête, se fait percer les tempes dans une scène de torture aussi inutile qu'inexplicable, survit à tout, sans aucune égratignure. Où est le héros humain construit avec intelligence dans Casino Royale et surtout Skyfall ? Monica Bellucci ne joue que 5 minutes maximum, alors qu'elle aurait été une excellente héroïne. Et dire que les producteurs nous faisaient croire qu'elle serait une James Bond girl ou même "lady", alors qu'elle joue dans une seule scène... Léa Seydoux fait ce qu'elle peut pour égaler Eva Green. Hélas, son personnage n'en a ni la saveur, ni le "piquant", ni la complexité. Par ailleurs, nous faire croire que Bond renonce aux services secrets par amour pour la fille de son ennemi de Casino Royale et Quantum of Solace, à savoir l'énigmatique Mr White, cela laisse songeur...La rédemption de ce même Mr White est bien maladroitement amenée. Christophe Waltz, visiblement, ne sait pas quel rôle il est censé incarner. Même Mathieu Amalric dans Quantum le dépasse en crédibilité. On ne compte plus les invraisemblances du script, les grosses fautes de goût (et le retour d'un humour à la Roger Moore qui ne convenait justement qu'à Roger Moore). On se demande même si ce film n'est pas une parodie. La chanson de Sam Smith est agaçante (alors que Radiohead vient de poster la chanson qu'ils avaient écrite et qui a été refusée, alors qu'elle aurait été meilleure...). Que reste-t-il ? Une fabuleuse scène d'ouverture, une première heure maîtrisée, en particulier l'apparition dans l'ombre du chef de Spectre, qu'il aurait fallu maintenir dans l'ombre. En fait, Spectre a été victime de ce que dénonce le film : le piratage des informations et des données. Et le scénario, retouché en conséquence, a littéralement perdu ses effets de surprise. Le montage, terminé paraît-il quelques jours seulement avant la première, ne pouvait que déboucher sur cette déception, gonflée par une promo honteuse. On se demande désormais où va aller la saga. Pour moi, elle s'est arrêtée sur les dernières images de Skyfall. Et d'ailleurs, comment faire rebondir cette série après un tel dénouement ? Est-ce que Bond va sauver le monde entre deux biberons et trois couches, ou est-ce que les scénaristes vont encore devoir tuer la femme que Bond aimait, au risque de nous resservir pour la énième fois une intrigue usée jusqu'à la corde ? Et que dire de Waltz/Blofeld ? Il va falloir se le farcir pendant encore 4 ou 5 films, nombre de films où Blofeld est censé intervenir ? On ne peut que souhaiter un changement d'acteur et un réalisateur tel que Martin Campbell qui sut relancer la série à deux reprises. James Bond reviendra, oui, mais il devra changer son logiciel pour ne pas perdre définitivement son permis de tuer....