Je le dis d’emblée, je ne suis pas très James Bond.
Je n’ai vu que 4 James Bond au cinéma et suis ressorti à chaque fois peu emballé.
A la téloche, l’espion 007 n’est donc pas ma priorité. Je peux même m’en passer.
Puisque j’ai la possibilité de tous les voir, je vais me contraindre à parfaire ma culture 007.
D’où une naïveté parfois volontaire et sincère.
« 007 Spectre »
24ème épisode signé de nouveau Sam Mendes que je n’avais pas encore vu (19 sur 24).
Ça commence fort : Mexico sur une place où des milliers de gens célèbrent la fête des morts ; un long plan séquence part d’une tête de mort géante jusqu’à l’effondrement d’un vieil immeuble, provoqué par James Bond.
Un pan de cet immeuble vient percuter la terrasse d’où James Bond fuit pour se retrouver propulser dans un canapé.
Cette dernière scène est presque cartoonesque !
S’ensuit une lutte brutale propre à ce James Bond, une lutte à mort dans un hélicoptère dont Bond empêche l'envol au-dessus d’une foule paniquée.
Le générique nous montre 007 le torse nu entouré de femmes dénudées de chaque côté qui, en le caressant, provoquent des embrasements de feu ; puis une pieuvre géante noire, menaçante, étire ses longues pattes qui se ramifient comme des réseaux, elle symbolise l’organisation criminelle secrète SPECTRE. Un générique une nouvelle fois sombre fait de feu, de jeux de miroirs brisés, dans lesquels se reflètent les visages de Le Chiffre, Silva, Mister White, Vesper et de M.
Quid de Greene ?
Ces noms seront cités plus tard par le méchant de service interprété par Christoph Waltz sous les traits de Blofeld.
Je m’en doutais.
Maintenant que je m’intéresse à la franchise Bond, depuis mai dernier, le titre « 007 Spectre » m’était évident.
Ainsi Sam Mendes confirme ce que j’écrivais dans le volet précédent « Skyfall », il crée du lien avec la mythologie Bond.
Ernst Stavro Blofeld, personnage mythique de la franchise.
Evidemment avec le reboot entamé avec « Casino Royale », il faut considérer Blofeld comme nouveau personnage.
Il fait sa première apparition.
Ainsi, « 007 Spectre » est en lien avec « Casino Royale » et ce reboot se comporte bien comme une série, ce que j’évoquais après « Quantum of solace ».
Avec Sam Mendes, il n’y a pas de rupture comme ce fut envisagé avec « Casino Royale », il y a un rééquilibre entre le reboot et la mythologie.
Un mix des deux.
A noter que Blofeld avait été expédié dans une cheminée industrielle par James Bond / Roger Moore dans « Rien que pour vos yeux ».
Autres méchants de service, plutôt homme de main et agent corrompu de Blofeld : respectivement Hinx (David Bautista) et C (Andrew Scott) un fonctionnaire des services de sécurité qui a pour objectif de fermer le service des doubles Zéros.
Une tête qui ne revient pas à 007 !
On retrouve Moneypenny toujours sous les traits de Naomie Harris, Q sous les lunettes de Ben Whishaw et le nouveau M incarné par Ralph Fiennes, le successeur de Judy Dench.
Avec Blofeld, et quelques gadgets, il y a comme un air d’ère Sean Connery !
« 007 Spectre » est un ton en dessous de « Skyfall » en raison de ce que Sam Mendes fait de James Bond par rapport à Blofeld :
un frère par adoption !
Pourquoi pas ?
J’avoue que ça me déplaît.
Une révélation qui se veut surprenante mais que je trouve pour ma part gratuite voire artificielle.
Ce qui était attendu avec le personnage C, la saga veut me surprendre avec ce lien adoptif.
Ça ne marche pas.
D’autant que James Bond n’a pas l’air de s’en souvenir !
C’est dommage, le scénario se déroulait dans un bon esprit très bondien avec 007 qui s’invite dans la sombre organisation SPECTRE, très collée-montée.
Dans une ambiance funèbre et contre toute attente, il est soudainement reconnu.
Tous les regards se déportent sur lui.
La scène est assez glaçante vite fondue par le sourire forcé de 007 !
S’ensuit une course poursuite dans Rome avec l’Aston Martin taxée par Bond à Q,
voiture incomplètement préparée ce qui donne des scènes amusantes dans une situation tendue, comme les canons non chargés par exemple.
La course poursuite pour délivrer Madeleine des hommes de Blofeld ; James Bond est aux commandes d’un avion avec lequel il n’hésite pas à percuter la voiture des malfrats alors que Madeleine est dedans
!
L’enquête qui le mène enfin au siège de l’organisation criminelle.
C’était très bien jusqu’à cette révélation douteuse.
Douteuse comme cette séquence où Blofeld tente de lobotomiser James Bond. Des aiguilles très fines percent le crâne de 007 par deux fois.
Sans dommage !
Dans « Goldfinger » ou « Meurs un autre jour », le rayon laser n’atteignait ni James Bond ni Jinx, on préservait un suspens de bon aloi, si je puis dire ; ici le suspens tourne au ridicule !
Puis je commence à en avoir soupé de l’interprétation de Christoph Waltz. Ce n’est pas de sa faute, la faute en revient au manque d’imagination du metteur en scène ou des scénaristes.
Christoph Waltz fait du Hans Landa « Inglourious Basterds » à quelques nuances près.
Heureusement, je l’ai vu jouer dans « Carnage » de Polanski et « Django » où son jeu était nuancé, autrement, j’en arriverais à croire que l’acteur n’a qu’une palette de jeu quand il joue au méchant !
Côté James Bond Girl : j’en compte deux.
La première : Monica Bellucci dans la peau de Lucia Sciarra, veuve du criminel Marco Sciarra membre du SPECTRE.
Elle fait une apparition brève et assez convaincante.
La deuxième : Madeleine Swann incarnée par une autre frenchie, Léa Seydoux.
Je sais que l’actrice divise. Ceux qui ne l’apprécient pas pointent du doigt son manque de glamour, et qu’elle participe à la faiblesse du récit.
Il est certain que Madeleine Swann n’a ni l’élégance ni l’esprit pimenté, ni le caractère trempé de Vesper Lynd, mais sous des dehors de femme ordinaire, elle me paraît plus solide que Vesper même si elle se révèle traumatisée par ses souvenirs d’enfance.
Fille de Mister White, elle a su se reconstruire en fuyant son passé. Les fondations restent fragiles et d’autant plus avec l’apparition de Bond.
Durant son adolescence, son père l’a initiée au maniement d’une arme pour se défendre : elle a tiré sur l’agresseur venu assassiner sa mère.
C’est une femme blessée, méfiante et légèrement en retrait. Cela dit, elle parvient à toucher le coeur de Bond !
Toutefois, je reconnais que l’alchimie entre Madeleine et Bond ne prend pas vraiment, contrairement à Vesper. Et je comprends que d’aucuns s’interrogent sur cette relation un peu fade.
J’ose espérer que dans le dernier volet, l’alchimie sera plus évidente puisque Léa Seydoux a été reconduite dans son rôle.
A voir en V.O pour le « coucou » dit par Christoph Waltz !