Spectre (2015
James se voit confier une dernière mission par la précédente M, celle d’enquêter sur une mystérieuse organisation aux nombreuses ramifications.
L’histoire n’est que peu développée. Elle est linéaire, nous fait partir au quatre coin du monde, et pourtant, malgré tous les dialogues, les va et vient, les thématiques abordées, cela se résume assez facilement.
En poursuivant un autre suspect, James remontera la piste vers cette organisation et il sera confronté à certaines embûches, mais ce sera surtout le fardeau et sa rencontre avec le cerveau, celui qui tire les ficelles, qui le forcera à se remettre en question. L’aspect éthique de la nouvelle cellule de renseignement britannique n’est pas très développée, tout comme l’est la structure de Spectre ou des liens entre les différents personnages, allant du chiffre jusqu’à Silva.
Les personnages sont intéressants, chacun avec un bagage et des motivations, mais la mise en place des buts n’est pas claire. J’avais l’impression qu’ils passaient plus de temps à se regarder et à dialoguer qu’à agir concrètement. Et lorsque les personnages agissent, j’ai trouvé qu’il y avait un décalage, comme un compartimentage entre l’action, le lieu et les répercussions avec la trame de l’histoire, donnant au final un côté ennuyeux à l’histoire.
L’ouverture était palpitante, magnifique et joliment chorégraphié. Devant l’écran de ciné, le film en mettait plein la vue, avec de nombreux détails dans les costumes ou dans le décor, et une foule dense et coloré.
Cependant, j’avais la forte impression que ce film n’était qu’une longue liste de références et d’éléments à nous montrer. Passant d’une scène, d’un pays à un autre, sans créer un lien fort. P.ex. j’aurai dit que la scène dans la montagne enneigée était là juste pour faire « check » et mettre un V dans la colonne d’un tableau. « Regardez le petit détails ! C’est comme dans tel film », « cette robe c’est comme dans tel autre film », « et ça, c’est en hommage à cet opus ». Voilà ce que j’avais l’impression de ressentir tout au long du film.
Il en va de même pour la course poursuite en voiture de sport, à bord des magnifiques DB10 et Jaguar C-X75, à travers la ville de Rome. Cela n’apporte pas grand-chose, et ressemble à une excuse. Pourtant les prises de vues sont impressionnantes et magnifiques ; l’avion qui vole entre les arbres est renversantes ; le bruit des grosses cylindrés à travers la capitale italienne, fonçant pieds au plancher entre les monuments et sur les rues pavées ; la scène de la base dans le désert ; et malgré cela, je ressentais une insatisfaction, car ces scènes n’était pas au service de la narration, ne servait pas un fil, une intrigue intrigue.
J’avais l’impression que le film cherchait plus à essayer de me distraire avec les références que d’avoir une identité propre.
Pourtant la mise en scène est propre, la réalisation est léchée, la musique et les bruitages font l’œuvre d’une attention particulière, convoyant l’identité typique d’un film de James Bond.
Et pour les acteurs ? Danier Craig incarne toujours bien James, conférant un côté mystérieux mais également troublé, ce qui est précisément un élément centrale à ce film.
Ralph Fiennes et Ben Whishaw reprennent respectivement leurs rôles et font avancer l’intrigue, sans pour autant avoir l’occasion d’apporter grand-chose à l’histoire, et Naomie Harris est toujours aussi inintéressante.
Les nouveaux venus sont Andrew Scott qui incarne C, coordinateur des services de sécurité, représentant l’envie du gouvernement d’agir en big-brother, collectant et maîtrisant toute l’information. Son personnage manque par contre de profondeur. Léa Seydoux est, pour une fois et c’est une très grosse et bonne surprise, pas mal. Elle transmet de l’émotion, de la personnalité et du caractère à son personnage, Madeleine, un personnage au passé refoulé et qui devra s’allier à Bond afin de se venger du vilain ; Quant à Monica Bellucci, qui incarne Lucia, elle est malheureusement complètement sous exploitée à la manière de
Severine dans Skyfall
; tout comme Dave Bautista en Hinx, un homme de main redoutable, mais avec un impact relativement faible sur l’histoire. Heureusement c’est surtout Christoph Waltz qui marque. Il confère à
sa version de Blofeld
un charme particulier, calculé mais également un côté joueur, à la façon d’un chat chipotant à une petite proie blessée, tout en étant obnubilé et focalisé sur ses ressentiments envers James.
Au final, j’ai trouvé Spectre moyen, mais surtout décevant lorsque je le mets en rapport à l’arc créé au travers des derniers films, et en comparaison au très bon Skyfall.
6,5/10