Un mythe splendide mais fatigué !
Une histoire et un scénario plats servis par des acteurs fades et une mise en scène sans envergure ni originalité.
Le film pêche en premier par les nombreuses carences de ses personnages : Craig est usé et ça se voit !
Un James Bond dans sa 48e année mais bien marqué. C'est un avis personnel, mais bien qu' une certaine maturité soit justifiée pour tenir ce rôle, un 007 devrait d'avantage avoisiner la quarantaine que la cinquantaine. A côté de Léa Seydoux, Daniel Craig semble plus proche du père que de l'amant. Il faut reconnaître à Craig une bonne dose de virilité mais son charisme se rapproche plus de celui d'un Poutine que d'un Sean Connery (n'ont-ils pas une certaine expression commune ?!) Son profil bulldozer lui donne une certaine crédibilité dans le personnage et dans notre époque, mais il lui manque le charme, la sensualité, la séduction et le côté espiègle des précédents acteurs qui ont tenu le rôle ( voir Connery et Moore). Craig répond d'abord au souci des producteurs et scénaristes de faire coller le personnage de Bond à notre époque. J'entends que depuis Craig ils éloignent James Bond de l'image du séduisant macho des origines pour en faire un héro musclé romantique. Sans vous dévoiler le ridicule de la scène de la fin du film, on se demande en sortant de la séance si le prochain volet ne nous le présentera pas dans un rôle de bon père célibataire en mission entre deux changements de couche-bébé. Ou se trouve l'humour, les galipettes, l'espièglerie que l'on trouvait dans les premiers James Bond ? Certainement pas dans celui-ci ! Craig devrait s'arrêter sur sa trilogie, il est grandement temps de nous trouver un 008.
On allait voir aussi James Bond pour ses vamps et ses femmes fatales. Faut-il évoquer la prestation sans relief de Monica Belluci ?! Je critique Craig sur son teint fatigué mais quid de celui de Belluci ? On dirait une couguar soumise dans l'attente d'une étreinte d'un matou peu motivé. La scène qui les réunit n'a d'érotique que la claque que Craig se prend au début. Car si Craig est marqué, Belluci est franchement frappée. Ou sont les Ursula Andress et autres bimbos des Seventies ?! Ni érotisme, ni sensualité ! On nous avait pourtant habitué aux défilés de Play-boy girls vénéneuses dans des rôles de mantes religieuses décidées à trucider puis dévorer James, et maintenant on nous offre soit des mamans, soit des gamines sans relief ! Car si Belluci fait penser dans son palais romain à une Maria Callas sur le retour (même le fond musical y est), Léa Seydoux, quant à elle, se rapproche d'avantage de l'étudiante de faculté de première année (voir même à "la gifle" de Pinoteau). Seydoux est mignonnette mais sa fadeur offre autant de sensualité, de venin, de caractère qu'une planche à découper le pain. A la rigueur, en oubliant qu'elle n'a aucun talent d'acteur, on pourrait lui trouver un second rôle dans un remake de la Boum, mais en James Bond girl, cela frise le ridicule. Nous sommes à des lieues de la plastique érotique et sensuelle d' une Ursula Andress, de Kim Basinger, d' Hall Berry ou de la félinité racée de Carole Bouquet qui campait son rôle.
En donnant le rôle de Q a un autre étudiant de fac, on devine la volonté de la production d'associer la jeune génération cinéphile au personnage tenu par l'acteur Ben Wishaw, comme si les tenants des nouvelles technologies sont nécessairement des geek ados tout droit sorti de la silicone valley. S'ils voulaient vraiment rajeunir le personnage, n'eut il pas été plus divertissant de prendre un British pur jus de type Oxbridge, engoncé dans un costume à carreaux, un grand, roux, maigre, pincé et bourré de principes éculés ?! C'était l'occasion de nous faire rire sur des vieux clichés ! Une fois encore ce personnage qui se cache derrières ses fausses lunettes d'intello est sans saveur ni relief.
Il y a longtemps, James Bond était l'occasion de lancer de nouveaux talents, de découvrir des bimbos qui allaient marquer leur génération, des voyous légendaires, des gueules, des personnalités, des caractères. Aujourd'hui,le film nous offre platitude, conventionnel, niaiserie.
Même les méchants sont plats ! Cristoph Waltz est loin du caractère d'un personnage tel que "Docteur No" ou "Le Chiffre". La brute musclée qui lui sert de gros bras est certes d'un gabarit impressionnant mais sans relief en comparaison d'un "Jaws".
Le casting n'est pas à la hauteur des attentes d'un bon James Bond et n'espérez pas vous consoler avec des bonnes scènes d'action et des bagarres inventives comme on nous en servait à volonté dans les précédents épisodes. On pouvait espérer mieux d'un James Bond : de la créativité, de l'originalité, de l'humour, de l'intrigue, car c'est ce qui le distingue justement des rébarbatifs block busters américains qui sont tous faits sur le même canevas.
Les décors et lieux de tournage sont déjà vus. Les paysages n'ont rien de magiques. Le seul intérêt de la mise en scène réside dans les 10 premières minutes du film qui nous montrent la Toussaint mexicaine et ses costumes fantastiques.
Les acteurs sont tous habillés comme des "sacs à patates". Craig est boudiné dans des costumes mal coupés qui lui arrivent mi mollets, Seydoux fagotée dans des robes sans panache sortant d' H&M, Waltz dans du Kenzo dépareillé alors que tout méchant se doit d'avoir son excentricité vestimentaire, etc...
Enfin, la musique. Ce qui caractérise toutes les BO des James Bond c'est son petit refrain lancinant qui ouvre et ferme généralement les scènes du film: "Dong dong dong dong, dongdongdong, tsin tsinnnnnnn tsin tsinnnnnnnn... (vous connaissez), or on nous le sert que 2 fois, au générique et à la fin. Plus qu'un manque c'est une faute ! Car c'est la marque de fabrique 007.
Rien ne distingue ce James Bond d'un mauvais Chuck Norris, mais en définitive je vous conseillerai d'aller voir cet épisode, vous n'en apprécierez que d'avantage les autres.