C’est marrant, je ne sais pas vous, mais moi, dès qu’un James Bond sort, c’est plus fort que moi, je ne peux m’empêcher d’y croire. C’est comme s’il y avait un petit mélange de nostalgie, de glamour et de magie qui susurrait à chaque fois à mon esprit : « Roooh, même si on me dit qu’il n’est pas super, je suis sûr qu’il y aura toujours le minimum syndical pour qu’en fin de compte le charme James Bond opère. » Pourtant, il y en a eu des désillusions qui sont venues me démontrer à maintes reprises que j’avais tort, mais cette étrange foi me saisit toujours, à chaque sortie d’un épisode « Bond », et ce « Spectre » ne fait pas exception à la règle… Seulement voilà, pour ce 24e opus de la saga, les premières minutes se sont mises à alimenter mon espoir. Magnifique plan séquence d’introduction, enchaîné sur une très bonne scène d’action, très visuelle... Ah ça ! C’était propre, iconique, smart… Bref, ça sentait le bon James Bond fait à l’ancienne et, franchement, si le reste avait poursuivi dans cet élan là, j'y aurais sûrement trouver mon compte ! Seulement voilà… L’introduction s’est finie, le générique est passé (beau certes, mais assez anecdotique au regard de son prédécesseur « Skyfall ») et c’est à ce moment là qu'a commencé l'entrée du tunnel.... Mais quel vide ! C’est sidérant. Alors oui, c’est vrai, Mendes pose de jolis plans, nous gratifie d’une petite scène d’action sympatouille au bout d’un quart d’heure supplémentaire, mais au-delà de ça, rien. Mais rien. Pas d’action, pas de révélation, pas d’enjeu. Impressionnant. En cela « Spectre » est dans la droite lignée de ses prédécesseurs du cycle Daniel Craig. Visiblement, depuis « Casino Royale », les intentions de la MGM ont été de rompre avec l'image trop "action série B" de la période Brosnan en recentrant toute la saga sur une certaine forme de raffinement… Pourquoi pas. C'est vrai que pour le premier film du cycle, « Casino Royale », ce retour aux sources plutôt sophistiqué et presque vintage avait un côté rafraîchissant à défaut de fournir une intrigue vraiment profonde. Seulement, depuis, deux autres films sont venus s'ajouter à la liste sans développer quoi que ce soit de cet univers. si bien que ce « Spectre », en poursuivant sur cette voie du raffinement totalement vain, ne fait que lasser d'autant plus. Parce que oui, dans la lignée des épisodes précédents, on se retrouve à nouveau avec une intrigue qui tourne à vide, sans véritable enjeu. Il y a certes une opposition entre Bond et une Nemesis qui prend ici les traits de Christoph Waltz, mais celle-ci ne repose finalement sur rien : ni camp, ni valeur, ni idéologie. Un peu à l'image de « Mission Impossible : Rogue Nation » sorti quelques mois plus tôt, ce « Bond » joue lâchement la carte de l'évitement. C’est tout le malheur de ces films qu’on veut formater le plus possible pour être acceptés par le plus large public qui soit : il faut que ce soit inoffensif. Ainsi on ne doit pas parler de tensions internationales existantes (il ne faudrait pas froisser les Chinois, les Russes ou les pays du Golfe qui sont désormais des clients ou des investisseurs potentiels), d’enjeux sociaux, d’idéologies politiques, de conflits économiques. Rien ne doit faire écho à l’actualité, sauf si ça ne froisse personne. Ainsi donc, dans cette logique là, on nous ressort encore le même enjeu d’actualité : ici, le contrôle du monde par l’information, notamment confidentielle et privée (Encore ? N’était-ce pas déjà le sujet de « Skyfall » ?) Alors après, pourquoi pas. Cela aurait pu être intéressant certes, mais à condition que la chose ne soit pas traitée de façon aussi lisse. Mais non, la mission de ce James Bond était tout autre : assurer du spectacle, attirer le chaland, mais sans le faire réfléchir, sans le faire réagir, sans l’impliquer dans les enjeux qui sont pourtant supposés être au cœur de l’histoire. Alors du coup, pour combler ce vide abyssal, le film aurait éventuellement pu faire avec l'action, mais non, la nouvelle image raffinée de Bond a poussé Mendes a aussi faire l'impasse de ce côté là. Du coup, on se retrouver avec un film qui, pendant 2h45, se contente simplement de faire naviguer son héros d'un point A a un point B, sans réelle finalité, alignant des phrases creuses prononcées par des personnages sans épaisseur ni ambition (grand prix du néant pour Léa Seydoux) le tout pour repousser le plus loin possible la confrontation qu'on est sensé attendre. Et pour le coup, qu'elle fadeur cette conclusion. Au mieux on est dans la simple répétitions des propos déjà tenus dans les épisodes précédents, au pire on assiste à des scènes totalement absurdes et incohérentes (
Je pense notamment à la scène de la torture à la chirurgie cérébrale est notamment un exemple de scène ridiculement absurde. Christoph Waltz fait des trous dans le cerveau de Daniel Craig – trous qui sont sensés lui retirer des sens ou lui faire perdre des capacités mémorielles… Mais, malgré les perforations effectuées, Daniel Craig en ressort indemne ! Pourquoi ? Parce qu’il a un cerveau bionique ? Parce qu’il cicatrise comme Wolverine ? Impossible à savoir. Les mystères de la science…
). Bref, soit c’est vide, soit c’est bête, mais tout ça sous des fausses allures prétentieuses de spectacle raffiné et intelligent. En somme, ce « Spectre » possède presque tous les critères pour qu’on le déteste. Moi je me suis vraiment barbé comme un rat mort (parce qu’en plus il faut que le film soit long, allez comprendre pourquoi…) et franchement, j’en ai voulu à cet épisode de m’avoir à ce point écœuré avec une licence pour laquelle j’ai pourtant toujours une petite sympathie. J’en viens à me demander si, en fin de compte, je ne préférais pas l’époque où James Bond était devenu une série B spectaculaire. Certes, on s’ennuyait autant, mais c’était plus court et, au moins, de temps en temps, c’était spectaculaire. Là, c’est juste le raffinement du vide ; le simple stéréotype léché, l’ersatz d’un vrai film. Pathétique…