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Carne
78 abonnés
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4,0
Publiée le 29 septembre 2006
Entre Emmanuel Schotte et Séverine Caneele qui sont incroyables et Bruno Dumont qui prend tout son temps pour nous raconter une histoire mélangeant habilement intrigue policière, histoire d'amour et rapport humain, L'Humanité n'est rien d'autre qu'un grand film se dégageant grandement de tous les autres films que l'on a pu voir jusqu'à présent... Dur, réaliste et émouvant, voilà du grand cinéma...
Malgré de réelles longueurs, "L'humanité" est un film qui prend aux tripes, tout d'abord grâce au personnage principal, improbable flic de province dont le mal-être est omniprésent, magnifiquement joué par un non-professionnel. Le fil conducteur (l'enquête) n'est qu'un prétexte permettant à ce policier d'affirmer son humanité au contact de personnages divers et variés, certains pour le moins antipathiques (le dealer, l'assassin, etc.). Comme dans tous les films de Dumont, les rapports sexuels sont crus et nombreux, comblant l'ennui contre lequel luttent des êtres voulant échapper à leur quotidien. Cette mosaïque devient fascinante mais aussi un peu répétitive. Elle n’en reste pas moins qu'un portrait terrible d'humains dans le nord de la France.
L'humanité avec un petit h... Vision pessimiste de Bruno Dumont qui nous livre avec ce deuxième long métrage un joyau du cinéma français. Emmanuel Schotté nous livre une composition au delà de toute espérance, son regard de chien battu transmet des émotions étonnantes : pitié, peur, compassion, dégoût...Bruno Dumont joue le carte de la provocation en présentant des images choquantes, mais aussi en étirant les séquences au maximum. La bande-son de L'humanité nous amène au plus près du personnage de Pharaon, dont la respiration haletante évoque celle d'un animal traqué. Pharaon n'est ni vraiment intelligent, ni vraiment beau, ni vraiment drôle : il est humain avant tout et semble affecté par sa condition d'homme simplet qui ne parvient pas vraiment à agir. Cela ne l'empêche pas d'aimer et de comprendre sa voisine, substitut de sa femme morte deux années auparavant. En définitive, un personnage épais, intéressant, baignant dans une atmosphère prosaïque. Le plancher des vaches a rarement été aussi fascinant qu'avec L'humanité. N'ayons pas peur des mots : chef d'oeuvre !
Dans la même veine de "Ptit Quinquin", Bruno Dumont dresse au travers d'une galerie de personnages aux gueules uniques une relecture totale de la narration traditionnelle qui peut en laisser bon nombre sur le carreau. En effet ce cinéma décalé, absurde et d'un naturalisme magnifique nous emmène comme toujours avec Dumont sur les terres du Nord, décor idéal pour cette histoire de meurtre qui sert de prétexte pour une véritable étude de style entre polar et drame. Le film est cependant un brin longuet et aurait mérité davantage d'interactions et de dialogues entre les personnages.
Tout d'abord la prestation d'Emmanuel Schotte dans un incroyable personnage, lent (dans tout les sens du terme langage, attitude) on dirait un abruti (il pleure, il sent les gens,...) vraiment sensationnel. Le scénario qui au départ est banal devient quasi mystique, beaucoup de scènes ou il se passent rien à l'écran mais qui sont parfaite dans ce film. Des magnifiques paysages nordiste, des images crues mais bénéfique pour l'histoire. Bon on devine facilement le dénouement, mais c'est un film qui marque.
On fait difficilement plus crade, plus antipathique que ce film. Tout est sale, tout est laid, le parti pris naturaliste et la neutralité revendiquée de chaque plan, sensés faire voir les personnages dans toute leur nudité , toute leur pureté, ne fait que les enlaidir. Et puis, la soit disant beauté formelle, reste tout de même assez modeste. Le fait d'avoir pris des acteurs non professionnels n'aide pas le film davantage ; chaque fois qu'il leur est demandé un peu de composition dans leur personnage, on sent l'amateurisme et l'artifice devient par trop voyant. L'aptitude au rachat christique du personnage principal, sorte de débile profond neurasthénique, taiseux, aurait été tellement plus convaincant s'il se lisait sur son visage un zeste de vitalité, un zeste d'émotion. Non, Bruno Dumont veut montrer l'âme derrière l'inexpressivité et la rustrerie, pour ma part, je ne l'ai pas vue. Il fallait une sacrée dose de démagogie pour attribuer un prix à ce téléfilm.
Après "La vie de Jésus", Bruno Dumont poursuit dans la même voie d'une description d'un environnement sordide, où il faut faire de sacrés efforts pour trouver "l'humanité" qui est pourtant le titre même du film. Il y est question d'une enquête policière autour d'un viol et meurtre d'une jeune fille, mais celle-ci est davantage inscrite comme un fil conducteur placé en arrière-plan que comme un véritable moteur : ce dont il est principalement question, c'est le mystère autour d'une relation à la fois banale et / car insondable entre trois personnages : Pharaon de Winter, flic peu respecté, souffrant sans doute d'une forme d'autisme, qui vit encore chez sa mère, est amoureux de sa voisine Domino, mais celle-ci couche avec Joseph, un chauffeur de bus ignorant un certain nombre de règles de savoir-vivre. Bruno Dumont ne prétend pas construire des rapports complexes entre ces personnages, mais orchestre toute une série de scènes dévoilant un quotidien où l'exceptionnel est banni : on y suit les personnages se balader – à pied, en voiture –, et discuter de tout et de rien sans jamais évoquer l'avenir avec sérieux. La fameuse "humanité" du titre s'incarnerait-elle dans l'idée que le visible et le tangible sont condamnés au mieux au dérisoire, au pire à l'abject, et que les traces d'amour et de tendresse seraient de l'ordre de l'indicible ? Le cinéaste nordiste semble majoritairement tendre vers cette hypothèse, mais la manière si concrète et incarnée avec laquelle il filme les visages est à elle seule une preuve de l'attachement qu'il porte à ses personnages, à leur extrême vulnérabilité. C'est grâce à cette précision de mise en scène, de montage, qu'une émotion peut advenir : il ne faut en effet pas se laisser abattre par l'apparente sécheresse formelle et par le caractère répétitif de certains plans ; il y a bien une bonté, une humanité à percer chez ces personnages. Et quand ce fameux plan mystique apparaît dans les derniers instants du film, on est pour de bon terrassé, ébloui par la croyance et l'audace d'un cinéaste déjà en pleine possession de ses moyens esthétiques.
Après Freddy, et sa vie de Jésus, voici Pharaon, le prince du nord. Première scène, il vacille dans un champ fraîchement labouré. Un détenu qui s'échappe ? Un coup de folie d'un gars pas tranquille ? Non, juste un flic qui veut respirer, après avoir vu l'innommable. Il va être spectateur de cette histoire. On a l'impression que tout lui glisse dessus. Observateur, de surcroit voyeur, un grand engourdis de la vie qui se cherche une raison d'être. Faire le bien est quasiment son seul soucis, tout le reste n'est pas de son ressort. Bruno Dumont tire une fois de plus le portrait d'un homme à l'écart, grand anxieux et au caractère ambivalent. Il tisse sa narration dans son nord natal : gris, sombre, humide. Rien de très réjouissant, et pourtant, sans avoir peur d'être cru, il réussi un film vivant.
Deuxième long-métrage de Bruno Dumont, L’humanité (1999) épouse les paysages et l’atmosphère du nord de la France, dans la lignée de La vie de Jésus, sorti deux ans plus tôt. Mais contrairement à son premier film, le cinéaste présente ici un personnage principal dont l’innocence et la pureté en font une figure quasi-christique. Son nom ? Pharaon de Winter. Ses origines familiales ? Il est le petit-fils fictif d’un peintre éponyme (bien réel celui-ci) originaire de Bailleul. Sa profession ? Il est un improbable flic ingénu, bouleversé par le viol et l’assassinat sauvage d’une gamine du coin. Entre scènes de sexe crues, enquête policière tragi-comique, mise en lumière des paysages du nord superbes, piquets de grève avortés, envolées mystiques, quotidien désabusé d’habitants rongés par l’ennui, le cinéma de Bruno Dumont se déroule avec son style unique et une maîtrise impressionnante. Grand prix du jury et double prix d’interprétation féminine et masculine au Festival de Cannes en 1999.
Je suis pas un grand fan du style Bruno Dumont. Il a un style bien à lui, on le reconnait d'une oeuvre à l'autre, mais je ne suis pas un fan même si je reconnais des qualités à sa mise en scène. Il y a des scènes très réussies mais elles sont un peu perdues dans un film qui fleure trop souvent avec le lourd et le plombant. Je trouve vraiment pas ça génial, c'est pas nul mais bon moi l'histoire ne m'intéresse pas plus que ça, la mise en scène m'emballe pas, bref je crois que je ne suis pas un grand fan de Bruno Dumont de toute façon comme je le disais dès le début.
On retrouve dans "L'humanité" le décor et le formalisme original, mélange de contemplation et de naturalisme, du premier et beau film de Bruno Dumont "La vie de Jésus": même ville du Nord étrangement déserte et plongée dans la torpeur estivale, même milieu social populaire personnifié par des seconds rôles très naturels; on retrouve aussi dans "L'humanité" cette lenteur du récit et du mouvement qui semble suspendre le temps, figer les personnages dans leur désoeuvrement, leur ennui ou leur douleur. La mise en scène de Dumont expose de sombres perspectives sociales et morales. C'est dans ces conditions qu'a lieu un sordide fait divers: le viol et le meurtre d'une fillette. L'officier de police Pharaon De Winter (!) mène l'enquête dans le ton et l'esprit du film. Qu'on ne s'attende pas à un thriller haletant... Avec sa mine compassée, ses gestes au ralenti et sa parole économe, De Winter (du nom d'un peintre natif de Bailleul) semble porter toute la misère du monde. C'est là, précisément, le sujet du film. Au spectacle et à l'existence pénibles de l'humanité, le personnage de Dumont offre son humanité, sa compassion pour la victime comme pour le criminel, la souffrance qu'il éprouve (comme Jésus?). Sans doute a-t-il tout compris de la condition de l'Homme. Si l'on fait abstraction de ce lieutenant de police atypique, pour ne pas dire irréaliste (là n'est pas la préoccupation de Dumont, mais on peut toutefois s'étonner que l'interprétation minimaliste du comédien amateur Emmanuel Schotté lui a valu le prix d'interprétation à Cannes), si l'on surmonte les longs et parfois déroutants plans fixes qui composent le récit, on ressentira pleinement la profondeur dramatique du sujet et les sentiments indicibles des personnages. Entre stylisation et prosaïsme, le cinéaste ébauche une réflexion, certes difficile d'accès, mais sensible, sur la nature humaine.
Cette Humanité est très difficile à regarder, ce long métrage est suffocant et fait naître une sensation de malaise assez perturbante. Bruno Dumont ne cherche pas la beauté, au contraire il la malmène pour construire un film glauque et extrêmement sombre. La mise en scène comme pour son précédent long métrage est prodigieuse, la poésie est présente dans chaque recoin, elle aussi est trouble et sans aucune assistance. On se sent seul au final, désemparé et abattu ...
Le gars a indéniablement un talent de metteur en scène, et le film est donc traversé par quelques fulgurances, quelques éclats de beauté infinie, comme par exemple ces quelques plans de campagne, de villes, de paysages, baignés dans une âpre lumière grise, ou encore ces moments d'apaisement divins, où le film donne espoir en l'humanité... Le problème, c'est que Dumont semble aussi vouloir choquer gratuitement, et multiplie les situations, personnages et caractères pervers, moches, décrépits. Le film est en conséquence très malaisant, et comme c'est très lent, plus on avance et plus on se demande quand ça va se finir, tant on est partagé par l'ennui et le dégoût. Je pars avec un avis très mitigé dans la filmographie de ce réalisateur pour le moins controversé.