Jérome Bonnell, je suis fan. Je trouve dans ses films des trucs «empruntés» à des cinéastes que j’aime, des façons de faire un peu à la Sautet, ou à la manière de Truffaut, avec un soupçon de modernité, et tout cela m’émeut. Oui je suis très ému par ces petits riens, ces non-dits, cette pudeur qui fait pourtant toute la saveur de la vie.
Bonnell filme Paris comme un village, comme le village où il avait tourné le sublime «J’attends quelqu’un», Paris que l’on ne reconnait pas et c’est tant mieux. L’action du «Temps de l’aventure» se déroule en une journée, un jour de Fête de la Musique, dans des lieux où se rend Alix, comédienne de son état, qui joue Ibsen à Calais et qui revient dans la capitale passer un essai pour un rôle. Emmanuelle Devos est sublime dans la peau de cette Alix, meilleure qu’elle ne l’était dans les films d’il y a dix ou vingt ans, tutoyant la maturité avec une grande intelligence et assumant ses rides d’expression sans la moindre amertume. Il y a la fameuse scène de l’audition où l’on prend toute la mesure de ce métier, passer d’un registre à l’autre en quelques secondes, et être parfaite dans les deux cas. On devrait montrer cette séquence à toutes les petites connes qui se rêvent comédiennes et qui n’ont aucune idée du travail que cela implique.
L’homme c’est Gabriel Byrne, sosie de Bryan Ferry, anglais de son état, de passage à Paris. La rencontre entre ces deux personnes s’avère inévitable...ce ne sont pas des bavards, et pourtant tout est dit, tout est permis avec élégance, délicatesse et poésie. Jérome Bonnell parvient même à érotiser certaines scènes avec classe et politesse.
Le dénouement ? Alix partira-t-elle avec le bel étranger, ou continuera-t-elle sa vie ? Moi, j’avais envie des deux...qu’elle parte et qu’elle reste. Pendant tout le film je me suis posé la question : que ferais-je à sa place ? J’étais très heureux et un peu triste de ne pas avoir à choisir.
Ce film figurera certainement dans mon Top 10 en fin d’année. Je recommande.