Futile escapade (pléonasme ?) selon le type des Cahiers du cinéma (deux étoiles seulement pour ce film). Grande estime pour les Cahiers (en dépit de certains tropismes américains ou asiatiques). Grâce à eux j’économise beaucoup de temps et d’argent ou je découvre de grands cinéastes. Comme Xavier Beauvois, par exemple, dont le moins bon film a tout de même obtenu un grand prix à Cannes (voyez Nord et N’oublie pas que tu vas mourir, ses chefs-d’œuvre)… et Jérôme Bonnell (J’attends quelqu’un, puis tous ses autres films). Oui, J’attends quelqu’un avait été encensé par beaucoup de critiques, mais ils encensent tout et n’importe quoi, du coup ils sapent toute valeur à leurs jugements (c’est peut-être bon pour l’économie du cinéma, je n’en sais rien, mais ce n’est pas bon pour les cinéphiles). Tandis que les Cahiers… Je n’achète jamais un DVD les yeux fermés si les Cahiers ne lui ont pas mis au moins 3 étoiles, et j’espère que les Cahiers dureront toujours, car sur qui compter sinon eux ? Pardon, il faut ajouter Chronic’Art (mais ce sont souvent les mêmes). A moins que mon idée soit faite sur l’auteur. Ce qui est le cas pour Jérôme Bonnell. J’attendais son film depuis longtemps (La Dame de trèfle, 2008 !). Pas déçu. Elle (Emmanuelle Devos), la quarantaine, doute de son compagnon. Elle est enceinte depuis 7 semaines, mais ne lui a encore rien dit. Elle croise le regard d’un anglais (Gabriel Byrne), la soixantaine, qui se rend aux obsèques d’une amie. Il lui demande la route… Peu importe qu’il s’agisse d’une escapade ou d’un coup de foudre. Faire un film sur un coup de foudre plutôt qu’une escapade, fût-elle futile, quelle importance ? Le titre est mal choisi (a-t-il dérouté le type des Cahiers ?), c’est le temps d’une hésitation, pas celui de l’aventure. Et il faut être un grand cinéaste pour faire un film sur une hésitation. La fin d’un film en est le moment le plus difficile et le plus important. Et là, chapeau Bonnell : des pas précipités pour ne pas rater un train, pour elle qui finalement renonce à l’aventure ; un léger sourire heureux pour lui, quand, voyant ces pas précipités, il découvre son adresse sur l’enveloppe dont elle avait utilisé le verso pour faire son portrait. Les deux acteurs excellents.