Magnifique film. Her est un condensé d'émotion, de poésie, de ceux qui paradoxalement donnent foi dans la vie et dans l'amour, sans en occulter les vices et les tourments.
Reprenant le concept de l'amour entre l'homme et la machine, déjà traité de nombreuses fois au cinéma, Spike Jonze, dont je ne suis pas le premier fan a priori, a su trouver les bons ingrédients pour permettre à son film d'être pleinement et assurément original. Loin de Simone par exemple, qui traite pourtant d'un thème similaire. L'astuce est simple, l'amour virtuel n'est jamais figuré physiquement. Il s'agit d'un amour entre un homme et ... une voix. Mais quelle voix !! Scarlett Johansson tient dans cette voix son plus beau rôle de cinéma. Libérée de son physique, elle nous touche par la pure sensibilité de sa prestation, toute en nuances psychologiques. Et je découvre une actrice de tout premier plan. L'autre face du couple, c'est Joaquin Phœnix. Une prestation majuscule pour lui, extrêmement fine, dans laquelle on perçoit physiquement le yoyo émotionnel du personnage, qui nous emmène littéralement avec lui.
Si le film est porté par ces 2 acteurs, il faut y ajouter un casting de seconds rôles hallucinant, et tellement bien trouvé, de la sensible Amy Adams à l'envoûtante Rooney Mara jusqu'à la déjantée Olivia Wilde.
Mais plus que son casting, son montage et sa réalisation, là où Her touche, c'est dans la métaphore qu'il propose de la solitude moderne. Elle agit dans le scénario comme une drogue technologique. De la phase passionnelle euphorisante à la descente, tout y est. Et ce phénomène est bien réel. En ce sens, le film est aussi un vrai récit d'anticipation, dans lequel les failles de notre société sont exploitées de façon aussi subtiles qu'intelligentes. Il y a donc matière à nous questionner sur nos actes dans la complexité des rapports humains. C'estc cela qui me fait passer cette critique de grand film à chef d'œuvre.
Her est donc un petit bijou, sensible et intelligent, dans lequel l'anticipation est au service de l'histoire. Pas un film de genre donc, mais un film de genres avec un "s" En cela, si je devais citer une référence, ce serait à l'évidence Eternal Subshine of a Spotless Mind de Michel Gondry. Ces 2 films sont les seuls qui ont su amener le thème de l'histoire d'amour, habituellement mielleux à souhait, autre part, plus loin et plus fort. Je le disais, magnifique film, à découvrir par tous, y compris les allergiques aux comédies romantiques, y compris les allergiques au registre de l'anticipation.