Le pitch semblait séduisant, d’autant plus séduisant que "Her" a remporté l’Oscar 2014 du meilleur scénario. Pourtant l’affiche n’est pas des plus avenantes, ce qui peut provoquer une certaine hésitation quant au visionnage de ce film, à mon grand étonnement en course pour l’Oscar du meilleur film. Les premières minutes ont d’entrée une teinte mélodramatique, amenant une première surprise : nous sommes en fait emmenés dans la profession du personnage principal campé par Joaquin Phoenix. On espère alors quitter cet aspect mélodramatique, mais le fait est que non. Du coup, je me suis ennuyé ferme et j'ai trouvé le film assez insupportable à regarder. Le sujet est pourtant d’actualité : Théodore, récemment séparé et en instance de divorce, se réfugie dans le monde du tout-connecté, à l’instar de son travail. Il s’ensuit l’adoption d’une compagne purement virtuelle à la voix délicieusement suave, dotée d’une notion qui est de plus en plus exploitée par le grand écran : l'intelligence artificielle. Cette entité, créée de toute pièce selon la personnalité de celui qui fait la demande de ce système d’exploitation, est nimbée de mystères comme toute chose impalpable. Et c’est là que réside le message de ce film : en plus de l’addiction au tout-connecté en créant des besoins là où il n’y en a pas, on renforce cette addiction par le biais d’une entité qui répond trait pour trait à la personnalité de la personne qui en bénéficie, provoquant des sentiments envers ce qu’on croit être notre parfait alter ego, jusqu’à en perdre totalement le sens des réalités et à croire que cette situation est des plus normales. La preuve en est, Théodore en parle avec sa future ex-femme, ce qui a le don de la mettre très en colère et de lui faire tenir des propos très durs vis-à-vis de lui. A l’image de Théodore, une réflexion s’impose, mais elle a du mal à faire son chemin pour celui qui est englué dans la jungle numérique. Aussi Joaquin Phoenix joue à merveille ce personnage totalement perdu et tourmenté par la séparation, ce personnage dont la sensiblerie à fleur de peau lui vaut l’admiration de son patron dans son travail, mais dont la solitude ne lui convient guère alors qu'il ne fait pas grand chose pour la rompre en ne sortant pas, en s'habillant presque toujours de la même façon, et en évitant le plus possible tout lien avec le monde extérieur bien réel, si ce n'est de se réfugier dans les facilités qu'offrent les connections numériques afin de garder de la distance avec ce qu'il juge être néfaste pour lui. Le sujet est d’actualité, et je crains qu’il ne le soit toujours encore un peu plus avec cette interminable course à l’échalote avec la technologie. Malheureusement, je n’ai pas du tout aimé la façon dont cela a été traité. Certes, le sujet a été plutôt bien décortiqué, porté par une musique qui apporte son lot de spleen (nominée aux Oscars), mais j’aurais aimé peut-être plus de fraîcheur, plus de légèreté, plus d’humour, plus de rythme, et non pas cette sempiternelle mélo-dramaturgie avec laquelle le sujet a été traité, ce qui fait que j’ai regardé la montre assez régulièrement. Pour ma part, "Her" est un film très largement surestimé, bien que je le considère comme un bon moyen de sensibilisation aux effets addictifs du monde numérique car ces derniers privent peu à peu l’être humain de sa substance.