Lazarus Effect nous avait mené dans les salles obscures sur le seul nom d’Evan Peters dont nous suivons de près la carrière depuis que nous l’avons découvert dans la d’ores et déjà cultissime série : American Horror Story. Il aurait pu être l’atout de la dernière réalisation de David Gelb mais la qualité de son jeu est totalement sous-exploité dans son rôle de scientifique nerd. Ce ne sont pas le reste de l’équipe ni le scénario banal qui sauvera Lazarus Effect de sombrer bientôt dans l’oubli.
Une équipe de chercheurs universitaires dirigés par un certain Frank (Mark Duplass) tente de trouver une manière de prolonger le temps disponible pour ramener une personne à la vie. Lors de leurs expériences, ils vont plus loin et ressuscite un chien pourtant décédé. C’est alors que leurs recherches sont interdites par la faculté et saisis par un laboratoire privé. Ils décident tout de même de recommencer l’expérience une dernière fois. La suite ne va pas se passer comme prévu.
Lazarus Effect, sur un seul point, fait preuve de génie mais certainement à son insu. Les deux premières minutes du film sont filmés en found-footage. Effroi dans la salle, nous n’en pouvons plus de toutes ces productions au rabais, nauséeuses et filmée avec les pieds. C’est d’ailleurs le seul moment où Lazarus Effect réussit à faire peur. Soupirs de soulagement, après l’annonce du titre, le film reprend sur des prises de vues traditionnelles. La sympathie dégagée par cette mauvaise blague nous font un temps espérait un grand film. S’enchaînent alors de très longues séquences habillées des blagues potaches de Niko (Donald Glover) et des répliques vulgaires de Clay (Evan Petters, vu aussi dans X-Men : Days of the future past). Celle-ci sont entrecoupés de pseudo-débats mystico-religieux entre Frank, athée convaincu et sa femme chrétienne, Zoe (Olivia Wilde que l’on avait vu dans le décevant Puzzle au coté de Liam Neeson). Ces derniers feraient mourir de rire les aventuriers d’Interstellar qui les ramènent au rang des discussions du café du commerce à l’angle en bas de chez vous. Dans la bible, Lazare, mort depuis plusieurs jours, aurait été ramené à la vie par Jésus. De quoi inspiré le nom du sérum découvert par l’équipe et dont la vraisemblance scientifique est assenée à grand coup de références incompréhensibles du grand public et probablement des scénaristes eux-mêmes.
Problème de cohérence, l’équipe de chercheurs déclare face à la caméra de leur documentariste, Eva (Sarah Bolger) vouloir chercher à retarder la mort et non pas une substance capable de ressusciter les morts. Pourquoi dès lors, l’appeler Lazarus ? Peu importe, blasphémons un iota. La pauvre Zoe, coupable d’un crime qu’elle a commis par erreur dans son enfance, en vis encore le cauchemar très fréquemment. Lorsqu’elle revient d’entre les morts, elle déclare être restait en enfer. Dieu le miséricordieux ne pardonnerait donc pas une fillette et l’enverrai revivre ses péchés pour l’éternité ? On ne joue pas à Dieu sinon Dieu vous punit. Que c’est original ! Possédée par le diable (ou ses propres démons), Zoe veut maintenant étendre son emprise maléfique sur le monde. Si ce n’est pas elle qui le fait, ça sera la multinationale qui a volé le brevet, drôle de clin d’œil à Umbrella Corporation. Tout cela patauge dans l’habituel rengaine du scientifique trop sûr de son importance et de la punition divine inévitable. A-t-on vraiment besoin de faire intervenir Dieu pour mettre l’humanité face à ses responsabilités ? Est-ce qu’on a eu besoin de Dieu pour s’apercevoir que donner des farines animales à des herbivores étaient contre nature ? Dans ce cas, Dieu porte un nom : Creutzfeldt-Jakob.
Sans compter qu’on s’endort à la moitié du long-métrage, franchement, fuyez Lazarus Effect. Juste parce qu’à un moment donné, cela suffit de se faire toujours resservir les mêmes procédés dramatiques, rejetant dos à dos le bien et le mal, seulement dans une optique chrétienne. Il y a des notions humaines tels que la morale et l’éthique qui suffisent à l’Homme pour distinguer le bien du mal. Et nous avons une conscience suffisamment complexe pour nous infliger à nous-même nos propres remords. La bonté n’est pas un fait religieux, pas plus que le mal n’est l’apanage que des incroyants. Y voir l’ombre du malin, c’est paradoxalement exonéré l’Humanité de ses errances.
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