La dame démoniaque sous les traits d'une Olivia Wilde tourmentée fait plaisir à voir. Non, vraiment. Dans un huis-clos angoissant la plupart du temps, David Gelb use de bons outils techniques pour finaliser une oeuvre qu'on sent adaptée pour "l'entreprise" Metropolitan, cette même entreprise qui a offert dix millions de dollars à l'équipe de main d'oeuvre pour offrir quelque chose de recevable pour un public de passionné(e)s ou, sinon, averti. On sent dès le début que le scénario n'a été qu'un minimum travaillé, tant que les personnages ne s'expriment que par leurs caricatures soit physiques, soit mentales. Ce qui donne souvent des situations extrêmement comiques.
Différentes sortes de caméras sont utilisées pour mettre en chantier ce projet : la caméra typique, qui ici offre un rendu impeccable, les six caméras de surveillance qui sont pratiques car elles donnent au spectateur un sentiment d'exploration, et la petite caméra emportée pour filmer dans les corps des animaux, et qui sont assez inutiles vu que même si on doit sursauter à cause du rendu, si le spectateur s'est déjà intéressé un minimum à "The Lazarus Effect" en regardant la bande-annonce, il sait à quel moment exactement la surprise intervient.
Le côté technique joue vraiment sur le classicisme lié à l'épouvante et aux détails qui provoquent le sursaut. Chacun a sûrement déjà vu une fois dans sa vie les lumières s'éteindrent l'une après l'autre en arrière-plan, la caméra typique filmant le personnage qui tourne le dos à cette situation.
Et, vu que c'est une histoire qui joue sur la vengeance d'un être, il y'a des morts. Si ces derniers finissent ainsi par des manières peu originales, le pourquoi de la vengeance rend l'oeuvre tout autant intéressante : le personnage qu'interprète Olivia Wilde a été dévorée par deux poids durant toute sa vie : les idéologies, qui sont ici la religion et le mariage, et la mort funeste de sa famille dans un incendie, dont on apprendra plus tard que c'est elle-même qui l'a déclenché. En fait, la simple emprise du démon sur elle est une véritable libération.
Et, bien sûr, lorsqu'on a vécu aplati au sol par diverses responsabilités imposés par d'autres, on ne peut plus respirer, on suffoque, et c'est à ce moment que l'oeuvre devient intéressante : l'épouvante n'est plus qu'un objet. Ce n'est pas quelque chose d'impératif et d'obligatoire comme dans "Annabelle" et cie, cela devient une matière à part entière, travaillée et utile dans la suite de l'intrigue, et non pas un machin indélicat qui traîne au bout d'un couloir, obsolète et vide de tout sens.
À part Wilde, les autres acteurs sont, pour une oeuvre de ce type, acceptable. Mais ce qu'il y'a de plus intéressant encore à observer, c'est la mise en scène de Gelb et de son équipe : on sent tout le mal qu'ils ont eu à tourner dans des petites pièces, vu que le film est un huis-clos, et on imagine toute la difficulté de toujours devoir recycler la formule de départ du thème de l'épouvante. Et tout cela marche à merveille : les scènes s'imbriquent efficacement, sans de temps mort, avec une tension toujours persistante, comme dans le "It Follows" de Robert Mitchell, et on suit cela comme une véritable aventure pendulaire.
Pendulaire, car on s'aperçoit qu'on retourne toujours au même endroit où on était au début du film, et ce dans le même sens. Ce qui peut donner un caractère prévisible à l'oeuvre en question, mais surtout un attribut de mystère : qu'allons-nous retrouver dans la pièce suivante qui sera différent de ce qui y était déjà?
Et puis, pour un film, tout vient de l'envie de départ, et ici on ressent cette envie de faire quelque chose de bien et de procurer de l'émotion au spectateur qui s'est déplacé pour visionner le travail final. Et, ici, le travail final est de très bonne qualité.