Se remettre à écrire des critiques et les mettre sur un site tel qu’Allociné, c’est comme aller dans une réunion du Ku Klux Klan alors que l’on est noir et homosexuel, et ce dans les U.S.A. des années 50. Peu écouteront ce que vous avez à dire, et vous serez chassé rien qu’à la vue de votre couleur de peau (caractérisée ici par la note que vous donnez au film). C’est un peu comme si, à la sortie d’un film grand public produit par des studios aux talents reconnus, on avait eu l’impression d’avoir assisté à un empilement d’idées préconçues sur ce que devrait être, d’après des parents d’enfants pro-K.K.K. pour reprendre l’exemple, un BON film d’animation pour de BONS enfants. Alors attention : l’histoire commence dans un Mexique aux mille-et-une couleurs rougeoyantes, bercé par de vieilles traditions, et dans ce monde plutôt bien animé, on retrouve le jeune Miguel, qui adore la musique. Malheur, un tabou dans la famille interdit toute sorte de musique, aussi bien écoutée que jouée. Mais ce n’est pas grave, car le jeune Miguel veut vraiment montrer ce qu’il sait faire, donc il vole la guitare de son idole et…
Il meurt
. Bon, pas vraiment, d’accord, mais il rencontre ses ancêtres dans un monde avec un fond éperdument magnifique (les couleurs, nom de Dieu, et ces textures…!) et avec des doublages pas forcément toujours réussis. Principal ennui du film : ce qu’il veut tenter d’inculquer, par le biais des actes de ses personnages, est une répétition amère, idyllique et manichéenne, que ce que Disney insuffle dans les scénarios de presque toutes ses productions aujourd’hui. La grand-mère, qui n’est ici que pour contre-balancer cette hypothèse manichéenne (elle va à l’encontre de la volonté du personnage principal au départ pour mieux dévoiler ses failles ensuite) se trouve être un personnage qui se laisse dévorer par les bons sentiments mis en exergue dans cette production bien-pensante, tellement bien-pensante qu’elle doit toujours donner satisfaction, déjà à son personnage principal
en lui donnant une figure paternelle convenable
, ensuite à ses spectateurs, en leur donnant de quoi s’émouvoir (et ce durant des scènes qui paraissent tristement fades et forcées). Si l’émotion ne parvient pas à nous mettre la larme au coin de l’oeil tout comme Disney le souhaiterait, c’est aussi parce qu’elle est toujours, et ce sauf à la fin, transformée, digérée, incubée dans ce qui devrait faire rire le spectateur. On se retrouve ainsi dans une situation grotesque, où les scénaristes ne savent pas quoi donner de précis à ressentir à leurs spectateurs. Et si la grande qualité du film est dans ses animations, toutes plus grandiloquentes les-unes que les autres (et de ses mille couleurs électriques et joviales, et ce partout), il y’a comme un réel vide inusité qui plombe des décors qui pourtant mériteraient d’être plus vus, de plus près, et d’être mieux visités. Ainsi le décor de fond de la plupart des paysages (pourtant sur-travaillés) ne ressemblent qu’à du papier-peint de chambre d’enfant. Les scénaristes ont donné énormément de personnalité à ses personnages, tandis que les animateurs n’en ont donné aucune à tout ce qui les environnent durant une bonne partie du long-métrage. Et tout comme au long-métrage lui-même, au final, qui n'a d'admirable que sa supériorité technique et son armée d'animateurs qualifiés. Du bon travail. À un scénario près.