Manifestement, bon nombre de critiques et de spectateurs semblent avoir un problème avec le cinéma autrichien. Après Michael Haneke, très longtemps rejeté par probablement le même groupe de personnes et qui est pourtant, d'après moi, le plus grand réalisateur de sa génération, c'est Ulrich Seidl qui subit les foudres d'une certaine critique pour des raisons qui me paraissent hautement farfelues. Le pompon est atteint par "Les cahiers du cinéma" qui écrit : "Cette enfilade de scènes abjectes et fières de l'être, la complaisance et le cynisme effarants avec lesquels Seidl filme ce glauquissime carnaval, tout cela n'inspire qu'un profond dégoût". Dans le genre "on n'a rien compris au film", on ne fait pas mieux. Les mêmes Cahiers qui encensent à chaque fois les films, pour le compte totalement glauques, de Larry Clark ! Mais revenons à "Paradis : Amour" : certes, Ulrich Seidl ne fait pas dans la dentelle dans sa peinture des relations entre des autrichiennes quinquagénaires venues au Kenya pour se payer du sexe et, espèrent-elles, un peu de tendresse et les mâles du coin, pour qui, pour certains, cela est devenu un business et qui n'hésitent pas à truquer la réalité de leurs relations familiales. La peinture est sévère, autant d'un côté que de l'autre, mais on sent que le réalisateur a fouillé son sujet, qu'il s'est sérieusement documenté et qu'il ne cherche pas à "en rajouter" gratuitement dans ce qui est, réellement, sordide. Un film putassier, c'est un film où on sent que certaine s scènes n'ont pas de raison d'être objective, qu'elles ne sont là que pour choquer ou pour émoustiller. Ce n'est pas le cas dans ce film qui, par certains côtés, s'apparenterait plutôt à un documentaire. A noter que "Allo Cine" a complètement oublié que le film était en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes ! A noter aussi que Laurent Cantet avait réalisé "Vers le Sud" sur le même sujet, il y a 7 ans, un film nettement moins réussi. Et là, oh surprise, les cahiers du cinéma avaient adoré !