Surfant sur la vague des films « inspiré de faits réels », Craig Zobel délivre une œuvre dérangeante, vouée au questionnement. Car elle pêche de manière cruciale par la crédibilité fragile de certains passages, la manipulation, dans ce contexte précis, à ses limites, quelle que soit l’autorité représentée, (ici les scènes du personnage de Van), autorité qui n’a aucune forme justifiée dans sa mise en scène, ni lieu d’être.
Passé outre cette barrière formelle et importante, Zobel par une réalisation quasi documentaire, parfaitement rythmée, découpée, faisant la part belle aux cadres, réussit à instaurer une ambiance nauséeuse de ce fait banal à la dérive impressionnante, si remis dans son contexte.
Dans quelle mesure un film prend du relief, lorsque ce dernier est enclin à une projection réelle, ici un fait divers, donc presque voyeur dans sa détermination à séduire le spectateur ? là est sans doute le sujet de Compliance.
Si l’écriture ne semble pas aboutie dans sa forme contextuelle, le sens affûté des dialogues conjugués à la précision de la mise en scène de Zobel donnent à Compliance cet air de film d’« après coup ».
Une fois le problème narratif effacé, ressort en filigrane le propos même du long métrage, comment l’ordre, l’autorité sur un plan moral et hiérarchique peut établir un droit de manipulation sur autrui ? Loin d’être inintéressant le film manque de très peu son effet le plus entier lors de certaines scènes invraisemblables qui font sortir le spectateur de ce climat malsain et oppressant. Sans pour autant oublier, comme souvent, de montrer le visage humain et commun dont la perversité peut s’habiller.
A ce titre, l’intégralité de la distribution offre un jeu tout en saveur et d’une crédibilité appuyée. Si Craig Zobel devra confirmer sur un scénario plus solide, Compliance est l’exemple même du film à méditer avant de trop vite le refuser.
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